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Équipe de France : où doit jouer Kylian Mbappé ?

Kylian Mbappé est le plus grand atout offensif de l’équipe de France, mais aussi celui qui pose le plus de problèmes pour la construction de l’effectif. Où doit-il jouer avec l’équipe de France ?

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
Kylian Mbappé avec l'équipe de France @Maxppp

Kylian Mbappé est le plus grand atout offensif de l’équipe de France. Mais peut-être aussi son plus grand inconvénient. Car son utilisation perturbe énormément de choses, de l’aspect tactique aux choix des joueurs qui doivent l’entourer. En le désignant capitaine et en lui offrant un maximum de libertés, Didier Deschamps a accepté de faire ce que nombre d’entraîneurs ont fait avant lui, au Paris Saint-Germain. Le choix de s’incliner devant le talent de Kylian Mbappé peut se comprendre, mais il en découle de nombreux casse-têtes.

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Comme nous vous l’avons expliqué ce matin, Didier Deschamps réfléchit à la meilleure utilisation de son numéro 10 sur le terrain. Alors qu’il était initialement réticent à l’installer dans l’axe, c’est le choix qu’il a fait pour les matches contre l’Autriche puis la Pologne. Avec deux cas de figure différents. Contre l’Autriche, Marcus Thuram devait bloquer le couloir gauche défensivement, et alterner, en fonction des déplacements de Mbappé, avec la position d’attaquant axial offensivement. Contre la Pologne, c’est Barcola qui était titulaire, et ce dernier ne présente pas un profil de buteur comme Thuram. On a donc régulièrement vu un embouteillage sur le côté gauche du terrain, entre Théo Hernandez, Adrien Rabiot, Bradley Barcola et Kylian Mbappé.

En 9, un dézonage permanent

Naturellement, Mbappé se déplace vers la gauche, et vient occuper une zone, à l’entrée de la surface, où il peut rentrer sur son pied droit pour déclencher une frappe, ou déborder et pénétrer dans la surface pour amener le danger. Le problème, c’est qu’il est rarement dans la zone où un numéro 9 doit se situer. S’il est l’homme qui déborde et centre, qui est celui qui vient proposer l’appel au cœur de la défense adverse ? Ce pourrait être Ousmane Dembélé, mais, comme Barcola, il n’a pas ce profil de finisseur. Contre la Pologne, on a souvent vu Kanté faire cet appel de renard des surfaces. Mais clairement, le dézonage permanent de Mbappé devient un problème lorsqu’aucun joueur présent sur le terrain n’est capable d’amener une présence menaçante dans l’axe.

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Où doit jouer Kylian Mbappé avec l'équipe de France ?
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Lorsque ce n’est pas Mbappé qui déborde, que ce soit Barcola à gauche ou Dembélé à droite, il pourrait occuper cette fameuse zone, mais Mbappé a la fâcheuse habitude de proposer le même type d’appel et de se mettre en position pour un centre en retrait. En l’absence d’un autre attaquant qui vient plonger au premier poteau, il est alors facile pour la défense adverse de venir couper cette passe en retrait. Les limites du positionnement de Mbappé en tant qu’attaquant axial sont donc connues, et ont un impact sur le onze choisi par Didier Deschamps ? Faut-il titulariser un profil percutant comme Barcola, quitte à ne pas avoir de réel attaquant axial sur le terrain, ou un profil de pivot, comme Thuram ou Giroud, quitte à leur demander des efforts défensifs sur le côté gauche.

A gauche, le problème du déséquilibre

Car c’est là le deuxième problème posé par Kylian Mbappé. Peu concerné par le travail défensif, sauf quand il le décide – car oui, il peut le faire – l’attaquant français a réussi l’exploit depuis quelques années de convaincre ses divers entraîneurs de le dispenser de ce travail. Pas totalement bien entendu, mais si l’on compare l’impact défensif des meilleurs ailiers de la planète (Salah, Vinicius Jr pour ne citer qu’eux) et celui de Mbappé, il n’en sort pas gagnant. L’aligner ailier gauche s’accompagne donc de l’inconvénient d’une couverture défensive bien moindre. Le milieu relayeur gauche (Adrien Rabiot la plupart du temps) doit ainsi compenser sur les montées du latéral adverse.

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Quelle est donc la solution ? Peut-être celle de le mettre dans un poste qui a permis son éclosion à Monaco, dans le rôle de deuxième attaquant dans un 4-4-2. Ce qui lui offre une liberté d’action. Mais qui génère forcément un autre casse-tête pour Didier Deschamps. Cela viendrait remettre en cause la titularisation d’Antoine Griezmann. S’il peut occuper un rôle de relayeur dans un 4-3-3, il ne peut pas descendre encore plus dans un rôle de double pivot, tout comme il serait un gâchis de l’utiliser sur un côté. De même, son profil ne collerait pas pour un rôle d’attaquant axial aux côtés de Kylian Mbappé. Joueur phare de Deschamps depuis 2014, il devrait être sacrifié pour laisser Mbappé s’épanouir dans un tel rôle. Reste à savoir si les dernières prestations de Griezmann, décevantes, ne sont pas de nature à convaincre Deschamps de s’en passer, alors qu’il l’a mis sur le banc face à la Pologne.

Le sélectionneur national a depuis bien longtemps choisi de confier le destin de l’équipe de France à sa star offensive. C’est Mbappé qui doit débloquer les rencontres, et c’est ce qu’il a fait durant cet Euro 2024, puisque les deux petits buts inscrits par la France viennent d’un débordement de sa part, contre l’Autriche, amenant le CSC, et un penalty inscrit contre la Pologne. Pénalisée par un manque de finisseurs dans son groupe, l’équipe de France doit donc composer avec ce paradoxe, celui d’un meilleur joueur qui cause autant de problèmes qu’il n’en résout.

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