Le 2 mars prochain, la Major League Soccer effectue son grand retour, trois mois après le sacre de l'Atlanta United. Et après un échec en final de conférence face au futur champion 2018, les New York Red Bulls comptent bien aller chercher le titre cette année. Arrivé chez les NYRB en 2016, Florian Valot veut aider les siens à décrocher le Graal pour la première fois de leur histoire, d'autant plus après une absence de sept mois. Entretien avec un Frenchy parti vivre son rêve américain.
Youri Djorkaeff (2005-2006), Sébastien Le Toux (2012), Damien Perrinelle (2014-2017), Peguy Luyindula (2013-2014) ou encore Thierry Henry (2010-2014). Quelques joueurs français n'ont pas hésité ces dernières années à tenter l'aventure du côté des New York Red Bulls. C'est également le cas de Florian Valot. Aujourd'hui âgé de 26 ans, le milieu de terrain passé par le Paris Saint-Germain et l'AS Monaco n'a pas réfléchi à deux fois avant de traverser l'Atlantique, pour lancer sa carrière aux Etats-Unis. Après un passage par la Rider University, le natif de Pau a atterri au sein du club de la Grosse Pomme. Auteur d'un bon début de saison l'an dernier pour ses premiers pas avec l'équipe première, Florian Valot a vu son rêve se stopper net, victime d'une rupture des ligaments croisés du genou gauche. Sept mois plus tard, le milieu de terrain a retrouvé les terrains en préparation et s'apprête à retrouver la compétition officielle, le tout avec un esprit revanchard. Pour Foot Mercato, le Français a accepté de revenir sur son expérience et sa découverte de la MLS. Entretien.
Foot Mercato : Bonjour Florian. Après sept mois d'absence suite à une rupture des ligaments croisés du genou gauche, vous venez d'effectuer votre retour lors de la Mobile Mini Sun Cup contre les Portland Timbers (2-2) avec 45 minutes disputées, et face au FC Tucson (5-2) avec un but à la clé. Dans quel état d'esprit êtes-vous et comment se sont passées vos retrouvailles avec les terrains ?
Florian Valot : Ça fait vraiment du bien de rejouer enfin. Ça fait sept mois désormais que je me suis blessé, ça faisait sept mois que j'étais éloigné des terrains. Les sensations sont là, le genou a bien tenu, il n'y a pas trop de douleurs. Alors après, bien sûr, il reste du travail à faire mais ça fait toujours plaisir d'être enfin de retour sur les terrains. Et petit à petit, il va me rester quelques matches avant de pouvoir réintégrer le groupe et tenir 90 minutes, mais ça fait toujours plaisir.
FM : Avec ces matches amicaux, il y a aussi le début de la CONCACAF Champions League et un premier tour disputé face à l'Atlético Pantoja (République Dominicaine). Vous allez peut-être retrouver la compétition officielle après le match aller (0-2 pour les NYRB, retour prévu jeudi à 2h heure française). Qu'est-ce que ça vous fait de retrouver ce goût du challenge et de la compétition ?
F.V : Il nous reste un match ici (face au FC Dallas ce soir - 20h - pour la Mobile Mini Sun Cup). J'ai préféré rester ici (pour le match aller, ndlr) et c'est ce qui a été décidé. Je pourrai peut-être jouer des matches quasiment en entier et engranger les minutes, et pouvoir revenir et être disponible pour le match retour.
FM : L'objectif désormais est donc de jouer éventuellement le match retour de ces huitièmes de finale, et sinon de se fixer le début de la Major League Soccer (samedi 2 mars contre le Columbus Crew SC) comme objectif pour votre grand retour ?
F.V : On verra. S'ils n'ont pas besoin de moi au match retour, pourquoi pas le passer et être disponible pour le premier match de championnat. C'est vraiment le but principal, de pouvoir faire une vraie saison, une saison de A à Z et ne pas faire comme l'année dernière, vu qu'elle a été un peu écourtée.
FM : Vous avez donc quasiment passé sept mois sans toucher le moindre ballon et sans entraînement collectif. Comment avez-vous vécu cette longue période d'absence ? N'était-ce pas trop dur comme première expérience ?
F.V : Ce n'est jamais facile. Au début, ça allait, durant les premiers mois. On voit une évolution assez nette au niveau du genou, donc on travaille, on voit le genou qui dégonfle. On commence à pouvoir le bouger un peu avec les exercices. Et puis, le deuxième, troisième ou encore quatrième mois, c'est un peu plus dur mentalement parce que premièrement, tu t'entraînes à part. Quand tes coéquipiers sont dehors, tu es tout seul à l'intérieur en train de faire tes exercices. Et puis les progrès sont minimes, ça ne se voit pas à l’œil nu. Du coup, c'est assez frustrant. Entre le deuxième et le quatrième mois, ça a donc été assez compliqué, et puis une fois que l'on recommence à courir, les sensations commencent à revenir petit à petit et quand on retrouve le terrain, on est heureux même si c'est juste pour toucher le ballon tout seul dans ton coin. Ça fait toujours plaisir. Mais c'est vrai que ça n'a pas été toujours facile, je n'étais pas forcément très heureux quand j'étais en France pendant les vacances avec la famille. Vers la fin des vacances, j'avais vraiment très hâte de rentrer et de jouer. Donc ça me manquait énormément.
FM : Les premiers mois semblent difficiles avec ce genre de blessure, qui demandent du temps pour revenir. Mais finalement, ça ne l'a pas été plus que ça pour vous ?
F.V : Les premiers mois ont été assez difficiles quand même. Le premier, avec l'opération, et les quelques semaines suivantes, c'est là que ça allait parce que j'avais vu énormément de progrès, avec mon genou qui dégonflait, et tu récupères des sensations, tu es assez heureux. Et entre le deuxième et le quatrième mois, tu ne sens pas trop de progrès. Tu sens que ton genou va mieux mais ce ne sont pas des progrès flagrants donc c'est assez frustrant quand même. Mais je n'étais pas préparé, ça ne m'était jamais arrivé avant donc c'est une première expérience, on va dire, réussie parce que je reviens bien, mon genou ne me fait pas de douleurs, je ne suis pas en avance sur le programme mais on a tellement bien bossé que mon genou se porte très bien.
«À Monaco, je n'étais pas encore prêt»
FM : Avant cette longue absence et ce passage aux Etats-Unis, le chemin a en tout cas été long et semé d'embûches. Le Paris Saint-Germain, les Albion Boys Club en Ecosse ou encore l'AS Monaco. Comment s'est passée votre formation en Europe ?
F.V : Ma formation n'a pas été simple. L'année où je pouvais intégrer des centres de formation, de pré-formation ou même Clairefontaine, où j'avais été invité pour faire des détections, mes parents ont été mutés en Ecosse et on devait tous partir, d'où ces trois années passées aux Albion Boys Club, basés à Aberdeen. Quand je suis revenu en France, on a essayé d'intégrer un centre de formation, ça n'a pas encore été possible. Donc je suis rentré et j'ai dû passer par toutes les détections régionales, départementales. Donc j'ai fait la sélection 78 et ensuite, on a fait un tournoi où on a bien performé. Il y avait des clubs qui étaient alors intéressés pour me récupérer en centre de formation, dont le PSG. Mon père a donc pris la décision de m'envoyer là-bas car c'était le plus proche de la maison et ça me permettait de finir mes études. Et après, il y a eu l'AS Monaco pendant trois ans. Je pense que chaque centre de formation m'a apporté quelque chose, que ce soit sur le plan technique ou mental, mais le fait de partir de France et de venir ici étudier et jouer, ça m'a permis de m'épanouir un peu plus, de gagner en confiance et c'est à ce moment-là que mon niveau et mon football ont progressé.
FM : L'AS Monaco est réputée pour dénicher de nombreux talents, comme Kylian Mbappé. Pourquoi l'aventure ne s'est pas prolongée avec le club du Rocher ? Avez-vous eu l'opportunité d'accéder au groupe professionnel ?
F.V : À Monaco, je n'étais pas encore prêt je pense, que ce soit physiquement ou mentalement. Il me manquait quelque chose, on me l'avait déjà dit. J'avais eu des retours du coach Ranieri (entraîneur de l'ASM de 2012 à 2014, ndlr) de l'époque comme quoi il me manquait quelque chose. Et à cet âge-là, tu te dis "c'est bon, tu mérites de signer", alors qu'en fait, pas du tout. Je savais pertinemment que c'était compliqué pour moi à ce moment-là de signer professionnel. Et puis la fin de mon contrat a coïncidé avec l'arrivée des investisseurs et de tous les gros joueurs qui ont suivi, donc c'était assez compliqué, surtout qu'on avait une belle génération. C'était donc un mal pour un bien qu'ils ne me gardent pas et que je galère pendant un an avant d'arriver aux Etats-Unis. Parce que ça m'a forgé un mental encore plus fort. Je ne leur en veux pas du tout, je suis très content de ce qu'ils m'ont apporté pendant les trois ans et je ne regrette rien.
FM : Dès lors, vous avez fini par vous envoler vers les Etats-Unis, pour vivre le rêve américain. Comment s'est déroulé ce passage à la Rider University, dans le New Jersey, avec les Rider Broncs ?
F.V : C'était super. J'ai adoré, c'est une vraie petite famille, on s'est très bien occupé de moi, on avait un super groupe. On a pris du plaisir en jouant au football et c'est pour ça que les performances s'en sont ressenties. Encore une fois, quand tu prends du plaisir et que tu joues avec des amis, tu performes tout le temps donc c'était deux années magnifiques. On a eu de belles performances, on a ramené l'équipe au plus haut niveau de notre conférence. Et de là, j'ai fait des essais, tout s'est très bien passé et ça fait maintenant deux ans que je suis avec les Red Bulls. Je lui dois beaucoup à cette université.
FM : Comment avez-vous atterri de l'autre côté de l'Atlantique après des passages dans des centres de formation comme le PSG et l'AS Monaco ?
F.V : Les universités ne viennent pas directement. L'entreprise FFFUSA m'a démarché en me disant "est-ce que ça t'intéresserait de faire des essais pour la MLS ?" et j'ai dit oui. J'y suis allé, j'étais un peu trop juste apparemment, donc ils m'ont rebasculé sur des essais universitaires. Cette compagnie ramène en fait des coachs des plus grosses universités du pays en France et tu fais des matches, des essais pendant deux jours. Ils font leur petit marché et j'avais plusieurs universités sur moi. Il avait donc été décidé que je partais en Caroline du Nord mais il y a eu un problème avec mes papiers scolaires et Rider était la dernière université qui était susceptible de me prendre. Je n'y ai pas réfléchi à deux fois et j'ai tout de suite accepté.
FM : Les New York Red Bulls sont ensuite venus aux nouvelles pour vous recruter en 2016 ? Comment s'est passée votre arrivée au sein de la formation new-yorkaise, et quelle a été votre réaction au moment d'apprendre l'intérêt des NYRB ?
F.V : À la fin de ma dernière année, j'ai reçu plusieurs offres d'essais et les New York Red Bulls en faisaient partie. J'y suis allé et j'étais un peu blessé. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils me rappellent parce que j'avais fait un bon essai mais sans plus. Et quand je suis rentré de France en janvier, le coach de l'équipe première (à l'époque Jesse Marsch, ndlr) m'a appelé directement pour me dire qu'il me voulait absolument pour m'entraîner. Il me restait alors six mois pour valider mon diplôme donc j'ai fait des aller-retour entre le centre d'entraînement et l'université pour pouvoir aller en cours et m'entraîner. C'était assez compliqué et à la fin j'ai signé avec la réserve. Après deux ans avec la réserve, j'ai ensuite signé mon premier contrat pour la MLS (en décembre 2017, ndlr). De là, c'est allé super vite. Pour le deuxième match de la saison, on partait en CONCACAF Champions League et j'étais sur le banc. Un numéro 6 s'est alors blessé, il y avait d'autres 6 sur le banc et le coach m'a dit d'aller m'échauffer car j'allais entrer. C'était une grosse surprise et au final, j'ai fait un très gros match (avec une passe décisive, ndlr), et je ne suis plus sorti de l'équipe.
«Ma blessure au genou ? J'en ai pleuré»
FM : Vos débuts en Major League Soccer, avec l'équipe première, se sont donc plutôt bien passés, avec 3 buts et 4 passes décisives en quelques mois. Vous attendiez-vous à réaliser des débuts canons ?
F.V : C'était une très grosse surprise, j'étais très content. Ce n'est pas facile d'arriver dans une ligue comme ça et être performant directement. Mais trois buts et quatre passes décisives en quatorze matches, c'était plutôt pas mal pour quelqu'un qui vient juste d'arriver et qui découvre le championnat. Donc je suis très satisfait de mes débuts.
FM : Du coup, la chute a dû être encore plus terrible au moment de votre blessure au genou gauche ?
F.V : C'est vrai que ce n'est jamais facile d'apprendre ce genre de blessure, et je me suis rendu compte assez rapidement que ma saison était terminée. Tu as donc plein de plans dans la tête et tu te dis que c'est fini et qu'il faudra attendre encore au moins un an. Du coup, c'est vrai que ce n'était pas facile. J'en ai pleuré, c'était ma première blessure. D'un autre côté, en gardant le côté positif, ça m'a permis de ressortir plus fort mentalement et physiquement et j'ai hâte de retrouver les terrains pour montrer ce dont je suis capable et le fait que je n'ai rien perdu.
FM : Qu'est-ce qui vous fait plaisir aux Etats-Unis ? La Major League Soccer est un championnat en total développement et de plus en plus suivi par les amateurs de football. Vous qui vivez ça de l'intérieur, qu'est-ce qui a évolué ?
F.V : C'est un tout. Il y a certains matches où tu vas aller dans des stades où il y a 8000 personnes, et d'autres matches où il y en aura 70000. Ça varie mais le championnat est en train de se développer, que ce soit mondialement ou même dans le pays. C'est de plus en plus regardé. Le niveau est aussi en train d'exploser parce qu'il y a des joueurs de plus en plus jeunes qui viennent, avec de plus en plus de qualités. La ligue attire donc de plus en plus de gens, de fans, et c'est très compétitif ! Beaucoup de personnes pensent que c'est une ligue assez facile, simple à intégrer, mais justement, c'est très athlétique, ça devient de plus en plus technique .
FM : On sait que la Major League Soccer est bien suivie en France et en Europe, d'autant plus avec les arrivées ces dernières années de joueurs comme Zlatan Ibrahimovic, David Beckham, David Villa, Andrea Pirlo ou Steven Gerrard... Qu'est ce qui attire autant les joueurs aux USA, au-delà du ballon rond ?
F.V : En dehors du côté financier, la vie ici est très agréable. C'est beaucoup plus sympa que d'aller en Chine, où il y a plus d'argent depuis quelques années. Ici, on habite à New York, je ne sais comment on peut rêver de mieux. C'est une ville extraordinaire, c'est tellement agréable de vivre dans une ville comme ça. Il y a tellement de choses à faire, on ne s'ennuie jamais. Le seul souci, c'est que la vie est chère mais ça en vaut la peine.
FM : Pour finir, quels sont vos objectifs personnels mais également ceux de l'équipe ? Visez-vous un seuil de buts ou de passes décisives ou souhaitez-vous seulement retrouver petit à petit vos marques ?
F.V : Personnellement, on va y aller étape par étape. J'aimerais bien rejouer avec l'équipe, réintégrer le groupe et ensuite le onze de départ. Si je pouvais avoir dix buts et dix passes décisives avec une saison complète, ça serait juste extraordinaire. Et sur le plan collectif, on a perdu l'année dernière en finale de conférence (face à Atlanta United, futur champion, 0-3, 1-0, ndlr). Je pense qu'on leur a donné le match (aller, ndlr), c'était assez frustrant donc il reste beaucoup de travail à accomplir pour pouvoir gagner la MLS cette année, et c'est vraiment l'objectif de toute l'équipe.
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