Comment les entraineurs de Ligue 1 jugent l’affaire Mbappé

Par Maxime Barbaud
4 min.
Kylian Mbappé, avec le Real Madrid. @Maxppp

Visé par une enquête pour viol et agression sexuelle selon la presse suédoise, Kylian Mbappé fait l’objet d’une attention médiatique certaine. Le sujet a évidemment été largement commenté par les entraineurs de Ligue 1.

Une trêve internationale durant laquelle il avait décliné l’équipe de France pour recharger les batteries et se changer les idées. Au lieu de ça, Kylian Mbappé est visé par une enquête pour viol et agression sexuelle, d’après les médias suédois, après un voyage express en compagnie de Nordi Mukiele à Stockholm. La procureure en charge de l’affaire a confirmé l’existence d’une enquête, mais pas des protagonistes, préservant ainsi leurs identités. En attendant la fin des investigations de la police suédoise, et alors que l’attaquant est convoqué par le Real Madrid pour jouer à Vigo ce week-end, cette histoire agite forcément le football français.

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La plupart des entraîneurs de Ligue 1 ont même été interrogés à ce sujet durant leur conférence de presse d’avant match. Cela les concerne plus ou moins directement car ce qui est arrivé pour l’un peut arriver pour l’autre. «Ce sont des hommes publics, il faut qu’ils se protègent», rappelle d’emblée Antoine Kombouaré précisant que les joueurs qu’ils le veulent ou non, incarnent le club pour lequel ils évoluent. «Ça reste des jeunes, qui ont aussi besoin de vivre, ils ne peuvent pas rester enfermés chez eux. Il faut simplement qu’ils fassent attention aux endroits et aux personnes qu’ils fréquentent, car ils représentent le FC Nantes.»

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Kombouaré : «si je vous disais ce que l’on faisait à notre époque»

Le coach des Canaris regrette aussi un temps où les joueurs, comme ce fut son cas durant les décennies 80 et 90, n’étaient pas épiés en permanences. «Nous, si je vous disais ce que l’on faisait à notre époque. Tous les soirs après les matches, on allait prendre des verres, on sortait. Ça nous arrivait en semaine, mais ce n’était pas un souci du tout. Aujourd’hui c’est plus compliqué. Les réseaux sociaux sont terribles pour eux.» Joueur à l’OM et à Nice durant cette même période, Eric Roy confirme la version de son collègue. Lui avait une astuce pour sortir sans que cela se voie sur le terrain. Il privilégiait l’eau à l’alcool.

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«J’allais souvent en boîte de nuit après les matchs, mais j’avais toujours une bouteille d’Evian à la main parce que je n’ai jamais bu de ma vie, je n’ai jamais fumé. Et ça ne m’empêchait pas de passer du bon temps après les matchs quand on avait envie de fêter quelque chose» assurait ce jeudi le technicien brestois en conférence de presse. Conscient que les temps ont changé, il estime à l’instar de Kombouaré que d’autres règles doivent s’imposer du fait de l’image que les joueurs renvoient. Ils sont les salariés d’un club de football, lui-même un acteur social d’un territoire. Ils en sont les représentants.

Sage : «si certains veulent s’imposer un handicap, c’est de leurs responsabilités»

«Nous, on a une charte de vie qui dit que l’on doit avoir une attitude et un respect des règles à l’intérieur du club, mais aussi en dehors, complète Eric Roy. En dehors on représente malgré tout une institution. Donc, on les met en garde sur le fait que, même quand ils sont dans leur vie privée et sur les jours off ou autres, ils lient toujours leur image à l’image du club. Et quelque part, l’institution c’est très important d’y faire attention et de ne pas écorner son image. Ils ont aussi cette responsabilité-là.» Cette protection n’est pas forcément du goût de tous les entraîneurs de Ligue 1 interrogés sur ce sujet.

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Pierre Sage a par exemple un avis bien différent. «Le cadre peut être quelque chose de nécessaire, mais j’aime mieux le bon sens et le professionnalisme. Quand les joueurs sont guidés par ça, ça ne me dérange que de temps en temps, on sort du cadre, au contraire, insiste le Lyonnais aujourd’hui. On ne relève pas les compteurs des voitures en début et en fin de soirée, poursuit-il en souriant. Si un joueur veut sortir, pas vu pas pris, il a intérêt d’être bon. Par contre s’il n’est pas bon, ce n’est même pas moi qui lui en voudrais, c’est l’équipe. C’est ça la marche à suivre et quand c’est difficile de jouer dans cette équipe, si certains veulent s’imposer un handicap, c’est de leurs responsabilités.»

La responsabilisation de chacun, c’est un peu le maître mot de Luis Enrique également. Même si la plupart de ses joueurs ont moins de 30 ans, ils restent des adultes. Ce sont leurs choix de sortir le soir et même de prendre des risques dans certains cas. «Je suis l’entraîneur d’une équipe de foot, je suis père, je m’occupe de mes enfants, mais je suis entraîneur de l’équipe de foot et je gère les joueurs. La vie privée appartient aux personnes intéressées et à leurs familles.» La seule condition pour l’Espagnol comme pour Sage, c’est d’être bon sur le terrain et aux entraînements. Le reste leur importe peu, sauf si la ligne rouge est franchie, évidemment.

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