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Une Coupe du monde tous les 2 ans, bonne ou mauvaise idée ?

La FIFA a réfléchi à l'organisation d'une Coupe du monde tous les deux ans lors de sa 71ème assemblée en mai dernier. Une hypothèse confortée par la Confédération Africaine de Football, qui la considère comme bénéfique pour le développement de son football de sélection.

Par Anas Bakhkhar
5 min.
Le célèbre trophée de la Coupe du Monde @Maxppp

Si la compétition planétaire a toujours été organisée tous les quatre ans (sauf en 1942 et 1946 en raison de la Seconde Guerre Mondiale), la périodicité des compétitions continentales diffère selon les confédérations : la CONCACAF (Amérique du Nord et centrale) et la CAF (Afrique) organisent respectivement la Gold Cup et la Coupe d'Afrique des Nations tous les deux ans, tandis que l'UEFA (Europe) et l'AFC (Asie) attendent quatre ans pour chaque édition de l'Euro ou de la Coupe d'Asie. L'exception est faite pour la CONMEBOL (Amérique du Sud) et sa Copa América, dont l'intervalle diffère selon les éditions (tous les deux, trois ou quatre étés).

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En mai dernier, lors de la 71ème assemblée de la FIFA, le président de l'instance mondiale, Gianni Infantino, n'a pas écarté l'éventualité d'organiser le Mondial tous les deux ans : «Arsène Wenger a lancé cette idée il y a quelques temps. On verra, on va en discuter et analyser ça. Mais l'aspect sportif est la priorité, pas l'aspect commercial. Il n'y a pas besoin d'être Einstein pour savoir que si vous passez à une Coupe du monde tous les deux ans, vous allez doubler les revenus. Il faut qu'on voit d'abord si cela fait sens d'un point de vue sportif».

Alors oui, l'idée est appuyée par Arsène Wenger, mais celui qui est aujourd'hui directeur du développement du football mondial à la FIFA n'a pas proposé ce projet pour les mêmes raisons. En effet, si le patron du foot mondial mettait en valeur l'aspect financier de la proposition, le Strasbourgeois avait plutôt mis l'accent sur des préoccupations éco-responsable et sanitaire ans un entretien accordé au Parisien en mars dernier : «Est-ce raisonnable, alors que nous ne devons d'être responsables, notamment éco-responsables, de multiplier les voyages pour les trêves internationales (en septembre, octobre, novembre et mars) ? Est-ce en adéquation avec l'évolution de la société ? Il faut réorganiser tout cela, regrouper les dates internationales. Une des solutions est sans doute d'organiser la Coupe du monde et l'Euro (et les autres tournois continentaux) tous les deux ans et d'arrêter tout le reste»*.

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Vers une perte de prestige du Mondial ?

À l'annonce du dessein de raccourcir le temps d'attente d'une Coupe du Monde à deux ans, les passionnés et professionnels n'ont pas été emballés, craignant que la valeur et le prestige de la compétition si elle est programmée plus souvent. Encore une fois, l'ancien entraîneur d'Arsenal a réponse à tout : «Contrairement à ce que disent certains, ça ne nuira pas au prestige de ces compétitions. La Ligue des champions se tient tous les ans et c'est très prestigieux. Les gens veulent voir des matchs qui comptent, des compétitions qui comptent», a-t-il affirmé dans les colonnes du quotidien francilien. Des propos qui ont fait bondir le président de l'UEFA Aleksander Ceferin, qui s'est livré à la presse portugaise quelques jours après l'assemblée. «C'est une idée irrationnelle, pourquoi en aurions-nous besoin ? [...] La prochaine Coupe du monde, après 2022, aura lieu en 2026. En 2028, c'est l'Euro. S'il y a une Coupe du monde en 2028, alors les équipes européennes ne la joueront pas». Le dirigeant slovène pointe également du doigt la problématique de la condition physique des protagonistes : «Imaginez ce que c'est, pour les joueurs, d'avoir un tournoi d'un mois chaque fin de saison. Ils sont plus souvent blessés de nos jours parce qu'ils jouent souvent, avec un calendrier complètement rempli».

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Mais celui qui sortirait grand gagnant de la nouvelle programmation, c'est la Confédération Africaine de Football, qui l'a validé en juillet dernier : «Le Comité Exécutif a apporté son soutien au projet d'une Coupe du Monde masculine et féminine tous les deux ans, qui a été formulé lors du dernier Congrès de la FIFA. La commission a demandé que la FIFA soit informée de cet accueil favorable», peut-on lire dans le communiqué de l'instance. Le président Patrice Motsepe s'en est réjoui, affirmant que «l’Afrique pourrait être la plus grande bénéficiaire d’un Mondial tous les deux ans». Interrogé sur la question par Le360 Sport, le président de la fédération marocaine Faouzi Lekjaa a conforté la décision de la CAF, dans laquelle il est aussi le deuxième vice-président : «Une Coupe du Monde disputée tous les deux ans, au lieu de quatre, donnerait davantage d’opportunités aux équipes africaines de progresser en affrontant les meilleures sélections du monde. Ce changement permettrait aussi aux joueurs africains les plus talentueux de progresser et de briller sur la scène internationale. Seules huit équipes ont gagné la Coupe du Monde, et la plupart des participants sont toujours les mêmes. Nous devons faire de la Coupe du Monde une compétition plus inclusive, d’une part en augmentant le nombre de participants, ce qui est déjà acté, mais aussi en augmentant sa fréquence», a-t-il déclaré au média chérifien.

Objectif : aller plus loin en phase finale

Avec ce changement de périodicité, les sélections africaines auront plus de chances de performer dans cette compétition et glaner de meilleures résultats : en effet, les nations du Continent Noir n'ont jamais fait mieux qu'un quart de finale en 2010 et l'élimination malheureuse du Ghana face à l'Uruguay lors du Mondial en Afrique du Sud. Cette nouvelle s'ajoute à l'augmentation des places réservées aux équipes africains à partir de l'édition 2026 (9 contre 5 actuellement) chez le trio américain Canada/États-Unis/Mexique, qui verra s'affronter 48 équipes pour la première fois de l'histoire de la compétition.

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