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Lorient : l’ascension vertigineuse d’Enzo Genton

Nouveau visage de Lorient cette saison, Enzo Genton a fait parler de lui pour son but magnifique inscrit face à Ajaccio, fin septembre. À 18 ans, le polyvalent défenseur en veut encore, mais ne se dit pas pressé.

Par Jordan Pardon
6 min.
Enzo Genton @Maxppp

À 18 ans, Enzo Genton s’invite à profiter face à la montagne qui se dresse devant lui. Petit nouveau du groupe d’Olivier Pantaloni, arrivé cet été à la tête de Lorient pour remplacer Régis Le Bris, le défenseur central a pu disputer ses premières minutes en Ligue 2, ce qu’il n’attendait pas forcément, du moins pas aussi vite : « en intégrant le groupe pro à la préparation, je me suis dit que ce serait un peu une année de découverte, et que je prendrais tout ce qu’il y a à prendre. Si je dois être titulaire, tant mieux, si je suis sur le banc 2 ou 3 matches, c’est comme ça. Mais maintenant qu’on y a goûté, c’est sûr qu’on en reveut un peu», sourit-il. L’appétit vient en mangeant, et son but fantastique face à Ajaccio, l’un des plus beaux de la saison déjà (Lorient s’était imposé 3-0 le 27 septembre dernier), l’a encore stimulé :

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«Les émotions étaient très, très fortes. Après le but, j’ai eu une pensée pour mon grand-père, décédé, à qui je le dédie. Et puis j’avais dit que si je marquais, j’irais directement voir les supporters. Si je savais qu’elle finirait au fond ? Quand tu mets une reprise de volée, tu as quand même une petite sensation qui te donne un indice, et à ce moment, je me suis dit "ah, il peut se passer un truc là". Je l’ai un peu senti », rembobine-t-il, avec le sourire jusqu’aux oreilles que l’on devine même au bout du fil. Après le match, son échange touchant avec son oncle Florian, présentateur du multiplex Ligue 2 de beiN, s’était alors répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. La vidéo avait été visionnée par des centaines de milliers de personnes sur X, ce qu’il peine encore à réaliser aujourd’hui : «je ne savais pas que Florian était à l’antenne, j’avais oublié qu’il y avait le multiplex. En fait, j’étais focus parce que c’était ma deuxième entrée en professionnel, et surtout ma première au Moustoir. Mais les réactions, c’était un peu surréaliste. Je découvre ce mini buzz après le match, et j’étais vraiment étonné. Après, ce n’est pas une fin en soi, à ce moment-là, il faut switcher, même si ça fait du bien au moral », reconnaît le joueur représenté par l’agence Wasserman.

Le duel face à son papa coché sur le calendrier

Si tout s’est accéléré au cours des dernières semaines pour le numéro 60 des Merlus, un numéro qu’il «n’a pas choisi» mais qu’il compte désormais garder par superstition, il s’interdit de trahir ce qu’il est. Sa fraîcheur, son insouciance, et son humilité l’ont toujours caractérisé, et il compte bien garder ça, au plus grand bonheur de son papa Benjamin. Son papa, qu’il pourrait d’ailleurs retrouver le 9 novembre face à Guingamp, club où il officie en qualité d’adjoint de Sylvain Ripoll depuis cet été : «on verra si je suis dans le groupe, mais le fait de l’avoir rencontré en préparation (Lorient avait perdu 2-0 en amical cet été), c’était déjà étrange. Alors en L2, ce serait incroyable. Il y aurait un aspect personnel et sentimental, au-delà de l’objectif collectif. Et c’est sûr que ça se chambrera un peu après le match », plaisante-t-il.

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Ancien joueur professionnel, passé par Créteil, Lorient ou encore Le Havre, Benjamin Genton reste à ce jour le relais majeur de son fils. Il est ainsi fréquent qu’Enzo le sollicite lorsqu’il manque de réponses à certaines questions : «je pars du principe que lorsqu’on est fils d’un footballeur professionnel - c’est comme dans tout métier où il y a une succession - on part avec un temps d’avance sur les autres. Mon père a été professionnel, et c’est super bénéfique de l’avoir, confie-t-il. Il a vécu toutes mes situations, et ça fait du bien de parler de foot avec lui, sachant qu’on joue au même poste (défenseur central, même si les premières apparitions professionnelles d’Enzo étaient au poste de 6). Il comprend ce que je ressens, et même si l’on défend deux clubs différents, il sera toujours là pour m’aider ».

Il a enfin accroché le wagon de Kroupi

S’il reste relativement jeune (18 ans), Enzo Genton n’est pas un phénomène de précocité, comme l’est son camarade de promotion, Éli Junior Kroupi, identifié très tôt et lancé dans le grand bain à 16 ans. D’ailleurs, voir fréquemment son ami surclassé au cours de leur formation, a souvent été une source d’inspiration pour lui : «il est arrivé en U7 et moi en U9 au club. C’est magnifique de se retrouver en professionnel aujourd’hui, sourit-il. Surtout que lui a toujours été surclassé. Parfois, je le perdais de vue, mais moi, ça me stimulait, je voulais essayer d’être avec lui. Au centre de formation, j’étais content de le retrouver, mais il est ensuite allé en réserve, puis quand je suis arrivé en réserve, il est allé en pro. Ça a toujours été un petit objectif personnel de me dire “allez je le rejoins définitivement et on rejoue ensemble pour de bon cette fois. ”» Après sa merveille contre Ajaccio le mois dernier, c’est d’ailleurs Kroupi qui l’avait accompagné jusqu’au micro de beIN pour sa première apparition médiatique. Un rôle de "grand frère", aussi endossé par les doyens de l’effectif, très chambreurs.

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«Katseris me guide beaucoup, mais les cadres comme Abergel, Kalulu ou Laporte nous accueillent toujours très bien en arrivant, ils nous permettent de nous libérer. Ils sont passés par là et nous donnent beaucoup de conseils. Après Ajaccio, ils m’ont bien chambré, et le bizutage avec les Ultra était magnifique. J’avais déjà fait un match de Lorient avec eux étant plus jeune, donc emprunter cette passerelle supporter - joueur, jusqu’à chanter à leurs côtés, c’était exceptionnel », se remémore Genton. Aujourd’hui, celui qui voue un culte à Marquinhos «pour son leadership incroyable», et qui se retrouve dans le profil du Barcelonais Pau Cubarsi, d’un an son cadet, veut continuer de tracer son sillon. S’il a déjà connu une ascension vertigineuse ces derniers mois, des U19 à la N2, en passant par ses premières sélections en équipe de France U19, jusqu’à son premier but en L2, Genton ne se fixe pas de limites. Il garde la tête solidement vissée sur les épaules, mais en veut encore. «Des fois, je me pose et je me dis “tout est allé très vite”, mais je sais qu’il y aura des passages plus compliqués, et c’est là que ce sera intéressant de voir comment je rebondis».

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