Betis : que donne Nabil Fekir ?
La recrue star du mercato du Betis vit une première saison mi-figue mi-raisin. Capable de gestes décisifs qui offrent des points à son équipe comme de prestations assez fantomatiques, le joueur formé à l’OL n’a pas encore convaincu tout le monde de l’autre côté des Pyrénées.
Il est arrivé à Séville en tant que véritable galactique cet été. Une nouvelle recrue bling bling de la direction du Betis qui, depuis quelques années déjà, n’hésite pas à mettre la main à la poche pour rafler des joueurs qui pourraient a priori prétendre à évoluer dans des clubs un peu plus huppés. Et les attentes étaient donc très élevées, les supporters béticos étant impatients de voir un champion du monde à l’oeuvre avec la tunique verte et blanche. Après quelques mois de compétition, le bilan du joueur formé à l’OL est plutôt mitigé. Il faut tout d’abord prendre en compte que le contexte n’aide pas. Le Betis a changé de coach cet été, Rubi ayant pris le relais après Quique Setién. Et ça a très mal commencé pour le tacticien catalan, à tel point qu’il était menacé après quelques semaines de compétition seulement.
S’il a réussi à redresser la barre après une série de bons résultats sur la fin de l’année civile, l’équipe peine toujours à être régulière et pointe à la 12e place du classement. Tactiquement, ça reste assez brouillon, puisqu’on voit la plupart du 4-3-3 d’entrée mais aussi des systèmes à trois défenseurs comme le 3-5-2. Quel que soit le dispositif aligné, Nabil Fekir est indiscutable aux yeux de son entraîneur et évolue toujours côté droit. Est-il au niveau attendu ? Oui et non. Lorsqu’il est inspiré, il est capable de faire la différence à lui seul. On l’a vu le week-end dernier lors du match face à Eibar, avec un but de grande classe depuis l’extérieur de la surface. Ces cinq buts en championnat ont rapporté sept points au total, et c’est le joueur qui a provoqué le plus de penaltys de la ligue espagnole (3 au total).
Il ne fait pas oublier Lo Celso
En revanche, il a trop souvent du mal à être régulier et à se montrer influent sur l’ensemble d’une rencontre, et n’est pas encore ce meneur de jeu qu’attendaient ses coachs et le public. « Évidemment, Nabil n’est pas au niveau des attentes placées en lui. L’entraîneur lui donne trop de liberté de mouvement et le joueur descend trop sur le terrain pour entrer en contact avec le ballon. C’est près de la surface qu’il est plus décisif. […] Les fans lui en demandent plus. C’est vrai que quand il a le ballon c’est un délice de le voir jouer et il crée beaucoup de danger, mais il est trop irrégulier dans ses performances », nous confirme ainsi Jesús Sevillano, journaliste qui couvre l’actualité du Betis pour le journal ABC de Sevilla.
La comparaison avec Giovani Lo Celso, dont l’adaptation a été immédiate et la productivité statistique et dans le jeu impressionnante, fait mal au Français. Peut-on dire qu’il a réussi à remplacer l’Argentin parti à Tottenham ? Pas vraiment donc. Les profils sont évidemment un peu différents, mais les buts et l’influence dans le jeu qu’avait le joueur formé à Rosario Central manquent clairement. « Beaucoup de gens se demandent ce que serait ce Betis si le club avait pu conserver les deux joueurs dans son effectif », rajoute Sevillano.
Un rôle différent de celui qu’il avait à l’OL
Il faut dire qu’au Betis, en plus d’évoluer dans une équipe qui se cherche encore, lui même doit encore trouver sa place. Pas qu’au niveau du positionnement, lui qui est plus à l’aise dans l’axe derrière l’attaquant que sur un côté, mais surtout au niveau des responsabilités sur les phases offensives. Du côté de Lyon, il était le maître à jouer de l’équipe, alors qu’à Séville il doit partager ce rôle avec Sergio Canales, qu’on ne présente plus, et même un Carles Aleñá arrivé cet hiver et qui présente des caractéristiques similaires dans sa façon de jouer. Il a donc moins de ballons exploitables à se mettre sous la dent, d’où sa tendance à décrocher trop loin de la zone de danger adverse.
D’ailleurs, le Betis a obtenu d’excellents résultats sans lui. Cinq victoires et une petite défaite seulement lorsqu’il n’a pas été disponible ou qu’il a été laissé sur le banc de touche, et quatre victoires en dix-neuf rencontres lorsqu’il a joué. Une statistique anecdotique, d’autant plus que dans ces deux victoires sans Fekir il y en a deux en Coupe du Roi face à des adversaires inférieurs, mais qui fait tout de même parler, notamment dans AS, où on explique que son faible apport offensif crée des déséquilibres dont profitent les rivaux. « Il a une marge de progression. Quand il sera plus constant à chaque match on verra encore plus la qualité qu’il a », ajoute Jesús Sevillano qui se veut optimiste pour l’avenir du joueur. Face au FC Barcelone, face à qui il avait marqué en tout début de saison, le Lyonnais aura une opportunité en or de prouver que l’enflammade des supporters sévillans à son sujet était justifiée !
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