CAN

L’Algérie fait face à un chantier XXL pour se reconstruire

Hier soir, l’Algérie est tombée de haut face à la Mauritanie. Éliminés de la Coupe d’Afrique des Nations dès le premier tour comme lors de l’édition précédente, les Fennecs vont devoir digérer cet échec et se reconstruire. Avec qui ?

Par Dahbia Hattabi
6 min.
Djamel Belmadi, le sélectionneur algérien @Maxppp

KO debout. Hier soir, l’Algérie a reçu un coup violent sur la tête puisque les Fennecs ont été éliminés de la Coupe d’Afrique des Nations 2023 dès la phase de groupes. Déjà sortis par la petite porte lors de l’édition précédente, les Verts voulaient se racheter en Côte d’Ivoire. Mais ils ont déçu. Peu inspirés dans le jeu, ils ont multiplié les pertes de balles et les approximations, eux qui ont semblé très limités physiquement malgré une préparation intense au Togo. Leurs lacunes défensives comme leur manque de créativité offensive ont sauté également aux yeux de leurs adversaires, qui en ont profité pour les enfoncer.

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Le fiasco de trop

Après un nul décevant face à l’Angola (1-1) et un autre face au Burkina Faso (2-2), les champions d’Afrique 2019 ont été envoyés au tapis par la Mauritanie, qualifiée pour la première fois de son histoire en 1/8e de finale de la CAN après son succès 1 à 0 hier soir. Derniers de leur groupe avec 2 points, les Verts ont donc terminé leur aventure en Côte d’Ivoire de la plus mauvaise des manières. Chahutés par les supporters, dont certains se sont rendus à leur hôtel, et massacrés par la presse, ils vont vivre des jours compliqués. Cela a commencé dès hier soir avec une conférence de presse assez tendue de Djamel Belmadi.

Le sélectionneur national, dont les rapports avec les médias ont toujours été complexes depuis sa prise de fonctions, a chargé un journaliste algérien. Visiblement sonné, Belmadi a aussi pointé du doigt les erreurs d’arbitrage durant la rencontre tout en indiquant assumer ses choix jusqu’au bout. Concernant son avenir, il n’a rien indiqué officiellement. Mais il a rappelé ses faits d’armes avec les Fennecs. « Quand je suis arrivé on était 14e CAF, 60e FIFA, là, on est 4e CAF et 30e au classement FIFA », a-t-il confié avant d’ajouter qu’il est l’un des deux sélectionneurs à avoir gagné la CAN avec l’Algérie.

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Djamel Belmadi sur le départ

Ses détracteurs, dont certains supporters qui ont réclamé sa démission dès le coup de sifflet final, peuvent aussi lui dire que son équipe a été éliminée d’entrée lors des deux dernières CAN et qu’elle n’a pas réussi à se qualifier pour la Coupe du monde 2022 au Qatar. Ce qui pèsera forcément dans la balance au moment de faire un bilan et de prendre des décisions. Mais Belmadi a déjà fait son choix. Hier soir, RMC Sport a indiqué qu’il a annoncé à ses joueurs qu’il quitterait son poste. Une information confirmée par Compétition, qui a titré "Belmadieu", et La Gazette du Fennec, qui est revenue sur le passage de Belmadi chez les Verts.

«Après l’échec cuisant à la CAN-2021 et le ratage dans les éliminatoires de la Coupe du Monde 2022, Belmadi ne pouvait clairement pas survivre à la désillusion de la CAN-2023. Cette fois, le sacre à la CAN-2019 n’a pas suffi comme immunité. Le triomphe en Egypte était certainement le fait d’armes de Belmadi aux manettes d’El-Khadra. En 66 matchs joués, il compte 43 victoires, 17 nuls et… 6 défaites, une CAN remportée et un record d’invincibilité (35 rencontres). La copie est clairement positive. On parle quand même d’un entraîneur qui est resté plus de 5 ans et demi sans interruption aux rênes techniques après sa désignation le 2 août 2018 durant le mandat de Kheireddine Zetchi à la présidence de la FAF. Il aura travaillé avec 3 autres patrons de la FAF à savoir Charaf-Eddine Amara, Djahid Zefizef et… Walid Sadi qui enfoncera le dernier clou dans le cercueil»

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Le difficile chantier de sa succession

La GDF précise d’ailleurs que la décision de Belmadi sera validée par ses supérieurs. «Cette démarche sera approuvée sans mal par la Fédération algérienne de football (FAF) puisque c’est Walid Sadi, président de l’instance, qui a recommandé à Belmadi de s’adresser une ultime fois à ses protégés. La désillusion vécue à Bouaké était celle de trop pour le coach des Fennecs. Ses cadres vont assurément lui emboîter le pas et raccrocher à l’international dans la foulée.» Il devrait donc y avoir des changements au sein de l’équipe nationale. Remplacer Djamel Belmadi sera la priorité. Mais qui pour prendre le relai ? Lui succéder ne sera pas facile. Humainement, il a créé des liens forts avec ses joueurs qui le qualifient de grand frère.

Il a aussi participé à la venue de nombreux binationaux ces dernières années à l’image d’Amine Gouiri, Houssem Aouar, Rayan Aït Nouri, Billal Brahimi et bien d’autres. Sportivement, il a permis à son équipe de remporter un trophée majeur, même si tout n’a pas été parfait par la suite. Le prochain sélectionneur devra donc reprendre le flambeau et mener les troupes au Mondial 2026. Pour le moment, aucune piste n’a vraiment filtré dans la presse algérienne. Mais certains noms ont été cités ces derniers mois comme celui de Madjid Bougherra, qui a dirigé l’équipe d’Algérie A’(celle des joueurs locaux) durant trois ans avant de prendre les commandes d’Al Merkhiya au Qatar afin d’avoir plus d’expérience. Abdelhak Belaid a aussi des partisans à la FAF selon la presse algérienne.

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Des joueurs à l’avenir incertain

Son travail au sein du MC El Bayadh est apprécié. Certains évoquent aussi un possible retour de Vahid Halilhodzic, mais ce dernier a récemment indiqué ne pas avoir été contacté. La FAF pourrait aussi regarder du côté des entraîneurs libres et sur le marché. Parmi eux, il y a un certain Zinedine Zidane. Un coach qui fait rêver beaucoup de monde en Algérie, même si cela paraît compliqué. Quoi qu’il en soit, le futur sélectionneur des Verts fera face à un chantier de taille. Plusieurs cadres pourraient quitter le navire après le fiasco ivoirien. Il faudra suivre les cas des anciens Riyad Mahrez (32 ans), Sofiane Feghouli (34 ans), Islam Slimani (35 ans), Raïs M’Bolhli (37 ans), Aïssa Mandi (32 ans), Baghdad Bounedjah (32 ans) ou Youcef Belaïli (31 ans).

Si certains d’entre eux s’en vont, il faudra aussi bâtir avec de nouveaux leaders capables de ramener l’équipe algérienne vers les sommets. Des éléments comme Ramy Bensebaini, Youcef Atal, Saïd Benrahma (non-sélectionné pour la CAN), Adam Ounas ou encore Nabil Bentaleb ont déjà un certain vécu en sélection. La nouvelle génération incarnée par Houssem Aouar, Farès Chaïbi, Mohamed Amoura, Rayan Aït-Nouri ou encore Amine Gouiri (blessé durant la CAN) aura son mot à dire et devra montrer un meilleur visage pour prendre le pouvoir. En crise, la sélection algérienne va devoir procéder à un grand lifting afin de faire peau neuve et prendre un nouveau départ.

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