LFP : le plan de Cyril Linette pour sauver le foot français
Alors que les clubs professionnels s’apprêtent à vivre des années très compliquées suite à la chute drastique des droits TV, la LFP se prépare à l’élection d’un nouveau président. Si Vincent Labrune souhaite conserver son poste, il devra faire face à Cyril Linette, en quête de ses parrainages, qui a exposé son plan d’action.
Vincent Labrune n’a pas fini de travailler. Après l’interminable feuilleton des droits TV, qui s’est achevé sur un deal avec le duo DAZN/beIN Sports bien loin des espérances initiales, c’est la présidence de la Ligue de football professionnel (LFP) que l’ancien dirigeant marseillais va tenter de conserver. Des élections ont été convoquées pour le 10 septembre prochain, et malgré un système tortueux pour pouvoir s’aligner au départ, la concurrence s’affirme de plus en plus. À l’image de Cyril Linette, ancien directeur des sports de Canal +, ancien directeur général de L’Équipe puis de PMU.
Candidat à la présidence de la LFP, il doit encore obtenir les parrainages nécessaires pour participer à l’élection. Mais il partage déjà son analyse de l’alarmante situation du football français, où les clubs vont devoir digérer une baisse considérable de leurs revenus. « Le foot français a longtemps cru qu’il était payé pour lui-même. En réalité, il était payé pour la valeur stratégique qu’il avait pour les opérateurs en termes d’exclusivité : quand Canal+ mettait beaucoup d’argent, c’était pour priver de foot TPS ou Orange. Les choses ont changé aujourd’hui et cette situation risque de durer. Ma conviction est que le foot français doit revoir son modèle économique, comme toutes les industries du divertissement », expose-t-il dans un entretien accordé au Monde.
Réduire la voilure
Il assure ainsi ne pas comprendre comment Vincent Labrune avait pu afficher l’objectif d’atteindre le milliard sur ce cycle de vente des droits TV. « Nous sommes dans un pays où l’intérêt pour le foot est moins prononcé qu’en Allemagne ou en Italie, et nous avons un championnat archi-dominé par une équipe, le PSG. Je ne suis donc pas surpris par les montants auxquels la Ligue est arrivée. J’étais beaucoup plus surpris par le plan d’affaires qu’elle avait présenté, avec un objectif de 1 milliard d’euros », assure-t-il. Mais quelles sont donc ses recommandations pour assainir le football français ? Pas de miracle bien entendu, les dirigeants devront réduire leur train de vie pour survivre.
« Le premier sujet est de baisser les charges de 30 %. Cela veut dire baisser de 30 % les salaires et le nombre de contrats dans les clubs. Je ne suis pas sûr que le championnat serait de moins bonne qualité avec 25 joueurs sous contrat au lieu de 40. Bien sûr, cela pose un problème de compétitivité européenne, mais il faut bien que le championnat de France tienne debout. Ensuite, il faut soutenir la principale ligne de revenus, c’est-à-dire les droits télé : il ne faut pas faire l’erreur de penser que DAZN est là pour deux ans seulement. Il faut les aider à s’installer dans l’espace public. Enfin, il faut développer d’autres types de revenus, ce qui est évidemment le plus difficile : cela passe par le digital, par une relation affermie avec les fans, peut-être par d’autres compétitions et par la chaîne que la Ligue avait en tête, et qui me semble une bonne idée », affirme-t-il, tout en reconnaissant que pour le consommateur, un bon prix pour s’abonner serait compris entre 15 et 20 euros, avec la garantie d’accéder à toutes les rencontres.
Un programme de récession est-il suffisamment séduisant pour se faire élire ? Cyril Linette ne condamne pas tout ce qui a été fait par Vincent Labrune, notamment le deal avec CVC qui a apporté 1,5 milliard d’euros, mais il aurait agi différemment. Avant d’affronter l’actuel président, qui estimait devant la commission sénatoriale avoir fait le maximum pour sauver le football français, Cyril Linette devra parvenir à obtenir les parrainages des syndicats des joueurs, mais aussi des clubs.
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