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Thierry Henry à la tête des Espoirs, un bon choix ?

Officialisé à la tête de l’équipe de France Espoirs, Thierry Henry va débuter sa troisième expérience dans la peau de numéro un. Quelques mois après son départ de la sélection belge, où il était l’un des adjoints de Roberto Martinez, le champion du monde 1998, passé par l’AS Monaco et Montréal, aura ainsi la lourde tâche de relancer les Bleuets, sortis en quarts de finale lors de l’Euro en juillet dernier. Alors bonne ou mauvaise idée ?

Par Josué Cassé
5 min.
Thierry Henry, au bord du terrain. @Maxppp

Une nouvelle page s’ouvre pour l’équipe de France Espoirs. Désigné par la Fédération française de football pour prendre la suite de Sylvain Ripoll à la tête des Bleuets, Thierry Henry (46 ans) était le grandissime favori après avoir été auditionné le 7 août dernier par le président Philippe Diallo, Marc Keller (en charge des sélections de jeunes) et Hubert Fournier (directeur technique national). C’est désormais chose faite. Un très joli coup réalisé par le successeur de Noël Le Graët, qui assoit ainsi un peu plus sa légitimité. Reste désormais à savoir si cette intronisation permettra aux Espoirs, éliminés en quarts de finale du dernier Euro, d’entrevoir un avenir plus radieux.

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Avec les Jeux Olympiques 2024, organisés à Paris, et les qualifications au prochain Euro de la catégorie, qui aura lieu en 2025, l’ancien attaquant d’Arsenal - jusqu’alors consultant auprès de la chaîne française Prime Video pour le suivi de la Ligue 1, et américaine CBS Sports pour la couverture de la Ligue des Champions - s’offre quoi qu’il en soit un projet ambitieux. L’occasion également pour le champion du monde 1998 de définitivement lancer sa carrière d’entraîneur après quelques expériences pour le moins contrastées. Nouvel architecte des Bleuets, l’homme aux 123 sélections devra, en effet, trouver la bonne formule pour redonner projet de jeu plus identifié et séduisant que celui proposé par Sylvain Ripoll depuis son intronisation en 2017. À l’aube de cette nouvelle expérience, il convient alors de se demander si le choix effectué par l’instance s’avère judicieux…

Aura, réputation, connaissances, le choix de la raison ?

Notons dans un premier temps qu’en réussissant à faire venir l’une des principales légendes du football français dont l’aura et la réputation dépassent largement les frontières, l’impact médiatique est d’ores et déjà une réussite en soi. Outre ce charisme, qui ne devrait pas manquer de faire effet auprès de ses nouveaux joueurs, «la connaissance parfaite du vivier français et de la génération 2002» reste l’un des principaux atouts de l’ancien joueur du FC Barcelone. Comme indiqué par L’Équipe, ce week-end, ce point a d’ailleurs séduit les différents interlocuteurs au cours des négociations. Lors de son passage express à l’AS Monaco - d’octobre 2018 à janvier 2019 - Henry a d’ailleurs prouvé sa capacité à lancer des jeunes dans le grand bain. De Benoît Badiashile à Romain Faivre en passant par Han-Noah Massengo ou encore Khéphren Thuram, la jeunesse n’a jamais été perçue comme un défaut pour le deuxième meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France.

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Adjoint de Roberto Martinez pendant plus de trois ans avec la Belgique, Thierry Henry a également démontré qu’il était capable de faire progresser ses troupes. «Depuis que je travaille avec lui, je suis devenu deux fois meilleur. Je suis avec la légende, en chair et en os, et il est en train de m’apprendre comment courir dans les espaces comme lui le faisait», indiquait, à ce titre, l’attaquant belge Romelu Lukaku (108 sélections, 75 buts). Désormais à la tête d’une génération pour le moins talentueuse (Illan Meslier, Khéphren Thuram, Pierre Kalulu, Mohamed Simakan, Castello Lukeba, Bradley Barcola, Elye Wahi… pour ne citer qu’eux), l’ancienne légende des Gunners va désormais devoir transposer ses compétences et ainsi permettre aux Bleuets de passer un nouveau cap après deux quarts de finale à l’Euro et une élimination au premier tour des Jeux olympiques de Tokyo. Je suis loin d’être le meilleur coach du monde et je n’ai jamais prétendu l’être. «Je suis toujours en apprentissage et je prendrai encore des gifles,» temporisait malgré tout l’intéressé dans un entretien accordé à So Foot. Et pour cause…

Un passé douloureux et plusieurs interrogations…

Déterminé à l’idée de mener les Bleuets vers l’or olympique en 2024 à Paris, avec probablement un certain Kylian Mbappé, Thierry Henry dispose, certes, de plusieurs atouts dans sa manche mais son CV reste, lui, moins garni que Jocelyn Gourvennec, Julien Stéphan et Sabri Lamouchi, trois candidats également intéressés par le poste de sélectionneur des Bleuets. Sans véritable référence dans son passé d’entraîneur, le Français de 46 ans a notamment vécu une aventure plus que douloureuse du côté de l’AS Monaco. En 4 petits mois passés sur le Rocher, le joueur formé au sein du club asémiste n’aura jamais convaincu. Résultat ? 11 défaites, 4 nuls et 5 maigres victoires en 20 matches. Plus que le bilan comptable, les compétences managériales de l’ex-Gunner ont, parfois, été remises en question. «Il n’est pas encore prêt à entraîner. Quand les choses n’allaient pas à l’entraînement, il devenait nerveux et criait beaucoup (…) Il venait alors sur le terrain et nous montrait ce qu’il fallait faire. Il s’emparait du ballon et nous demandait d’essayer de le lui prendre. Les joueurs restaient calmes, même si certains ont peut-être été un peu choqués. Peut-être qu’il n’a pas pu faire abstraction de son passé de joueur», constatait notamment Aleksandr Golovin en 2019.

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Trop exigeant auprès des jeunes, Henry s’était ainsi mis à dos une partie du vestiaire avant de quitter le club de la Principauté. Depuis le Tricolore a, certes, avoué avoir appris de cette triste première aventure monégasque dans la peau de numéro 1 mais son passage à l’Impact de Montréal (novembre 2019 - février 2021) n’aura pas, non plus, laissé une trace indéfectible en MLS. Si le nouvel homme fort des Bleuets a eu le mérite de qualifier son équipe pour les playoffs - une première depuis 2016 - et d’emmener les siens en quarts de finale de la Ligue des champions de la Concacaf, son bilan reste, là aussi, peu flatteur (9 victoires, 16 défaites et 4 matchs nuls en 29 matches toutes compétitions confondues). En définitive, si Thierry Henry semble posséder le profil et les compétences nécessaires pour reprendre les rênes de l’équipe de France Espoirs, son début de carrière sur les bancs peut, lui, laisser perplexe. À lui de prouver désormais qu’il ne s’agit pas d’un simple choix populaire et médiatique.

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