Ligue 1

Formation en France : Hubert Fournier répond à Pablo Longoria

Pablo Longoria, dans un long entretien accordé en Espagne, avait donné son avis sur la formation française. Hubert Fournier, le directeur technique national (DTN), s'est confié à Foot Mercato, a répondu à l'Espagnol et tenu à expliquer comment la fédération travaillait sur le sujet.

Par Constant Wicherek
4 min.
Hubert Fournier @Maxppp

La formation à la française et le style de jeu propre aux écuries hexagonales et aux équipes de France sont générateurs de longs débats. Récemment, c'est le nouveau président de l'Olympique de Marseille, Pablo Longoria, qui s'est exprimé à ce sujet. L'ancien du Valencia CF n'a pas franchement été tendre avec le modèle français, expliquant notamment que les joueurs étaient seulement formés pour être individualistes et qu'il manquait un modèle de jeu. L'interview est arrivée assez rapidement aux oreilles de la Fédération française de football (FFF) et Hubert Fournier, le directeur technique national (DTN), a tenu à réagir.

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« J'ai trouvé cela assez excessif d'expliquer la formation française juste par le fait que des jeunes jouent dans la rue. C'est un raccourci assez déplaisant parce que la réussite de la formation française ne passe pas que par des enfants qui jouent dans la rue. D'ailleurs, depuis de nombreuses années, voire des décennies, le football ne se pratique plus vraiment dans la rue. Que ce soit à Marseille ou sur l'ensemble du territoire français, il se pratique dans les clubs, dans des installations sportives. C'est une pratique encadrée. Le parcours des jeunes vers le haut niveau est piloté par la direction technique nationale, il est organisé et ce n'est pas simplement un jeu sauvage qui permet à nos jeunes de nous représenter sur la scène internationale », explique-t-il à Foot Mercato.

Les entraîneurs français ont des résultats

Mais ce qui étonne le plus l'ancien coach de l'Olympique Lyonnais, c'est la différence entre la réalité, qu'il explique, et le discours de Pablo Longoria : « c'est tout à fait en contradiction avec ce qu'on met en place. Les joueurs qu'on forme et qui vont dans les plus grands championnats européens ont une capacité d'adaptation à souligner. Ils ont eu, durant leur parcours de formation, à pouvoir traduire les demandes de chaque entraîneur, dans chaque pays dans lequel ils évoluent. On voit maintenant qu'il faut avoir une flexibilité tactique et la réussite passe par cette qualité d'adaptation. Cela prouve que nos techniciens en formation ont effectué un travail remarquable, qui permet à ces jeunes de s'adapter. Cela participe à la réussite de la formation française. Cela va en contradiction avec la qualité des entraîneurs qu'a mentionnée le président de Marseille ».

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Autre sujet de crispation, le passage de Longoria sur le fait que les entraîneurs français ne s'exportent pas beaucoup. Dans les faits, c'est assez réel, mais Hubert Fournier a des arguments à proposer. « Le plus haut niveau, et jusqu'à preuve du contraire, c'est la Coupe du Monde. Didier Deschamps le champion du monde, est quelqu'un qui a été formé en France. Zinedine Zidane, qui a gagné trois Ligues des Champions récemment, a fait sa formation en France. L'actuel leader de Ligue 1, Christophe Galtier, est un entraîneur français, formé en France. Rudi Garcia, avec qui Marseille a atteint la finale de la Ligue Europa, est un Français. L'histoire de concept, je n'ai pas encore compris à quoi cela correspondait, mais peut-être que je n'ai pas suffisamment d'éléments ou d'expérience dans le football pour l'avoir traduit encore », poursuit-il.

Hubert Fournier invite Pablo Longoria

Malgré tout, sans aucune volonté de polémique et d'entrer dans une guerre par presse interposée, Hubert Fournier tend la main au patron de l'OM. « Je trouve qu'il a décrié le modèle de formation français, qui est reconnu. On peut sans doute faire mieux, il y a peut-être des attentes du côté de l'OM et j'espère qu'ils vont progresser. J'ai toute confiance en Nasser Larguet pour cela. On est prêts à recevoir Monsieur Longoria, à la fédération, pour lui expliquer comment s'organise le modèle de la formation française. Ça lui permettra peut-être d'avoir un regard un peu différent. Je ne suis pas dans la polémique. Je veux simplement lui expliquer comment est organisé notre système. Ce n'est pas au travers du football sauvage, comme semble le croire Pablo Longoria, qui se pratique dans les rues, qu'on arrive à former des jeunes vers le haut niveau. C'est un travail rigoureux, analysé, organisé, à travers l'ensemble du territoire français. Cela a été le travail de plusieurs décennies de la fédération et des clubs pour arriver à faire de la France un pays référence en matière de formation des jeunes vers le haut niveau », conclut-il.

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En réalité, ce n'est ni la colère ni la crispation qui a semblé gagner la fédération suite aux déclarations de l'Espagnol, mais plutôt une incompréhension. Dans les faits, la France est le premier exportateur de joueurs vers les plus grands championnats (Bundesliga, Serie A, Liga, Premier League) et les entraîneurs ne s'exportent pas, certes, mais obtiennent d'excellents résultats en Ligue 1 et parfois sur la scène continentale. Gageons maintenant que Pablo Longoria acceptera l'invitation et que les échanges permettront à tout le monde, que ce soit l'OM ou la fédération, d'avancer dans le bon sens.

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