Espagne : qui est Luis de la Fuente, le nouveau sélectionneur de la Roja ?
La Roja a un nouveau coach : Luis de la Fuente. Peu connu du grand public et avec un CV assez maigre, le tacticien espagnol a cependant un profil intéressant.
La nouvelle est tombée plus tôt dans la journée : Luis Enrique quitte, comme prévu, son poste de sélectionneur de la Roja. Son remplaçant a vite été annoncé, puisque c'est Luis de la Fuente qui sera sur le banc lors des prochains matchs internationaux de la Roja, en mars prochain, face à la Norvège et à l'Ecosse pour la campagne de qualification pour le prochain Euro. De l'autre côté des Pyrénées, cette annonce est assez clivante. D'un côté, beaucoup voulaient un entraîneur de renom pour reprendre en main le projet espagnol, avec Ernesto Valverde qui était plebiscité bien qu'en poste à l'Athletic, ainsi que Marcelino Garcia Toral, coach qui a une très belle cote en Espagne suite à ses aventures réussies à Villarreal et Valence. D'autres en revanche estiment que cette nomination permet à la sélection d'avoir une certaine continuité dans les idées, d'autant plus que De la Fuente a déjà dirigé bon nombre de joueurs de la sélection lors de ses expériences passées à la tête des sélections jeunes de l'Espagne.
Il faut dire que même chez nos voisins ibériques, Luis de la Fuente n'est pas loin d'être un illustre inconnu. Il avait certes dirigé un match de la sélection A espagnole en juin 2021, face à la Lituanie en amical avant l'Euro, alors que Luis Enrique et plusieurs joueurs étaient confinés suite au test positif de Sergio Busquets. Mais en dehors de ce court intérim, pas grand monde ne le connaît ! Du haut de ses 61 ans - même si sa condition physique peut laisser penser qu'il en a 15 de moins - il n'a tout simplement jamais dirigé une équipe de Liga. L'ancien joueur de l'Athletic et de Séville, entre autres, où il a eu de très belles années en tant que latéral gauche, n'a même jamais entraîné au-dessus de la troisième division, où il a exercé dans les années 2000, prenant les commandes de l'équipe B de l'Athletic et d'un Alavés en crise à l'époque. Des aventures pas spécialement brillantes par ailleurs... C'est en 2013 qu'il entre à la Fédération, en étant nommé entraîneur des U19.
Un spécialiste des jeunes
Et depuis, ses résultats sont plutôt bons, puisqu'il a remporté l'Euro dans cette catégorie en 2015, ainsi que les Jeux de la Méditerrannée avec les U18 en 2018. En 2019, il remporte l'Euro avec les Espoirs, dans une équipe où on retrouve bon nombre de joueurs actuellement présents en sélection comme Dani Olmo ou Carlos Soler, et d'autres qui n'étaient pas au Mondial mais qui ont parfois été appelés comme Mikel Merino et Mikel Oyarzabal. Sous ses ordres, l'Espagne a aussi décroché l'argent lors des derniers JO. Il connaît également bien Unai Simón, Marco Asensio ou Rodri, qui sont passés entre ses mains pendant de longues années, ainsi que Pedri ou Pau Torres. Vous l'aurez compris, il y a peu de gens qui maîtrisent et connaissent mieux le vivier espagnol que lui actuellement. C'est probablement en grande partie pour cette raison qu'il a été élu. Si Luis Enrique a posé les premières bases en lançant bon nombre de jeunes en sélection, Luis de la Fuente devra continuer le travail et accompagner toute cette génération pendant des années. Qui de mieux que quelqu'un qui les cotoie et les connaît depuis qu'ils sont jeunes ?
Le jeu pratiqué par ses équipes dans les catégories inférieures de la sélection est aussi un argument en sa faveur. Contrairement à Marcelino qui opte souvent pour un style plutôt direct et assez défensif, De la Fuente s'inscrit clairement dans la lignée de Luis Enrique, avec ce jeu de position qui n'a certes pas vraiment fonctionné pendant ce Mondial, mais qui a donné des résultats chez les jeunes et qu'il va donc devoir peaufiner sérieusement. Son 4-2-3-1 souvent utilisé avec les équipes de la Rojita, avec un numéro 10 très proche du joueur de pointe, pourrait être une solution. Si le système peut parfois varier, le contenu est presque le même et on retrouve bon nombre de similitudes avec l'ancien du Barça, puisque LDLF est aussi friand de cette idée de jouer avec un faux numéro 9, rôle qu'il a par exemple confié à Mikel Oyarzabal, ailier de formation, par le passé. Sans parler de ce jeu court et au pied qui est à la base de tout.
Rubiales place ses pions
En revanche, c'est un management et une personnalité toute autre que vont découvrir les fans de la Roja. Si Luis Enrique était très clivant, assez excentrique, parfois arrogant, capable de prendre toute la pression sur lui et avec une étiquette Barça qui ne plaisait pas à tout le monde, Luis de la Fuente est bien plus consensuel. Avec lui, il ne devrait pas y avoir de vagues, tant il est discret. C'est aussi ce que recherchait la Fédération Espagnole, qui était un peu embêtée par la division que créait Luis Enrique auprès des supporters espagnols. De la Fuente a plus un profil à la Vicente del Bosque, fédérateur, calme et polissé. Pour le plus grand bonheur de la Fédération. Et c'est aussi ça qui fait polémique, dans un pays où toute actualité est sujet à débat.
Beaucoup estiment que Luis Rubiales, président de la Fédé Espagnole qui croule sous les critiques depuis des années déjà, a simplement placé un ami. Avec Luis de la Fuente, c'est l'assurance d'être tranquille et d'éventuellement avoir son mot à dire sur certains aspects sportifs. Ce qui était hors de question avec un Luis Enrique qui voulait, et ça peut se comprendre, tout contrôler. Au vu des premières réactions en Espagne, on peut même déjà affirmer que si l'Espagne venait à enchaîner des mauvais résultats dans un avenir proche, ce n'est pas Luis de la Fuente qui sera pointé du doigt en premier mais bien Rubiales, déjà embourbé dans bon nombre de scandales et d'affaires louches. Plus qu'à attendre la première liste de De la Fuente qui causera sûrement moins de controverse que celles de son prédécesseur !
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