FC Barcelone - Bayern Munich : les notes du match
Qualifié pour la demi-finale de la Ligue des Champions, le Bayern Munich a infligé une défaite historique au Barça 8-2. Au terme d'une rencontre qui restera dans les mémoires, les Bavarois s'annoncent comme l'immense favori de la compétition, plongeant au passage son adversaire du soir dans une crise dont il ne sait pas encore comment il va s'en remettre.
Le Barça avait montré un meilleur visage face à Naples mais le duel face au Bayern s'annonçait autrement plus compliqué. Les Allemands faisaient même figure de favoris dans cette rencontre où seul Messi apparaissait comme le sauveur possible de son équipe. C'est Suarez qui accompagnait l'Argentin devant mais pas Griezmann, sur le banc au coup d'envoi, pour privilégier un 4-4-2 avec un milieu renforcé par les présences de Busquets, suspendu lors du 8e retour, Vidal, De Jong et Sergi Roberto. En face, le champion de Bundesliga se présentait comme contre Chelsea, en 4-2-3-1, avec Alcantara et Goretzka au milieu, Davies dans la zone de Messi en défense, ou encore Gnabry, Perisic et Müller en soutien de Lewandowski, autre homme attendu dans ce quart de final.
Un rythme effréné lançait une rencontre très prometteuse de tous points de vue. Les actions passaient d'un camp à un autre sans le temps de souffler grâce à des organisations offensives créatives et des défenses pas toujours disciplinées. Les débats semblaient être équilibrés durant le premier quart d'heure entre cette intervention de Boateng (3e), un duel remporté par Neuer devant Suarez (9e), puis face à Messi après un slalom dans la défense (20e), alors que la Pulga voyait le poteau contrarier son centre-tir précédent (11e). Lenglet avait au préalable sorti une situation chaude devant Goretzka (12e). On en oublierait presque les buts car déjà Müller avait ouvert le score en s'appuyant magnifiquement sur Lewandowski suite un ballon venu de la gauche (0-1, 4e). Le Barça trouvait les ressources pour égaliser sans attendre après un déboulé d'Alba conclu par la maladresse d'Alaba dans son propre but (1-1, 7e).
Le Bayern inflige la plus grande défaite de son histoire au Barça en Ligue des Champions
Le Bayern entrait alors dans son mode rouleau-compresseur, asphyxiant le milieu de terrain adverse et trouvant des espaces sur les côtés. En dix minutes, il frappait trois fois, ravivant des souvenirs d'Allemagne-Brésil de 2014. Il y avait d'abord ce pressing de Gnabry devant Semedo et Sergi Roberto pour décaler un Perisic dont le tir tendu terminait au fond (1-2, 22e). Le passeur se muait en buteur grâce à cette offrande parfaite sur un pas de Goretzka (1-3, 28e). Puis Müller s'offrait un doublé sur ce débordement de Kimmich en devançant Lenglet (1-4, 31e). Et dire que Lewandowski n'avait pas fait parler de lui, la faute à un Ter Stegen (29e et 27e sur Müller avant cela), pas irréprochable du tout non plus sur cette première période. Le portier allemand manquait ses cibles au pied (35e), tout en contrariant Lewandowski (38e). Dépassé partout, le Barça n'était paradoxalement pas loin de revenir à un break de retard à la pause mais la volée de Suarez trouvait les bras de Neuer (45e).
Sans ce but qui aurait pu relancer la rencontre, l'agonie barcelonaise allait être lente. Pourtant le Bayern aurait pu être encore plus saignant sans les occasions manquées par Perisic (49e) et Goretzka (51e), et ce but refusé à Lewandowski (53e). Suarez faisait illusion, le temps d'un joli but qui mettait Boateng dans le vent (2-4, 57e). Un espoir qui n'en était pas un puisque Kimmich redonnait trois buts d'avance aux siens suite à ce débordement de Davies qui déposait littéralement Semedo (2-5, 63e). Alba sauvait ce qui pouvait encore l'être (68e), tout comme Ter Stegen devant Gnabry (70e). À son tour, Messi devenait symbole de cette déroute. Après avoir manqué une belle situation (77e), puis vu Lewandowski inscrire son seul but de la soirée (2-6, 82e), la Pulga perdait le ballon au milieu, pour aboutir à une réalisation de l'entrant Coutinho (2-7, 86e). Prêté par le Barça, le Brésilien inscrivait même un doublé (2-8, 89e), mettant un point final à la plus grande défaite de l'histoire du Barça en Ligue des Champions. Et dire qu'après cette compétition, où le Bayern assoit un peu plus son statut de favori, il rentrera (sans doute un temps) dans un club en pleine crise.
L'homme du match : Müller (9) : époustouflant. Décisif dès la 4e minute de ce jeu avec ce but somptueux de l'Allemand qui concluait une action de très grande classe sur ce une-deux de toute beauté avec Lewandowski. Il trouvait sans arrêt le Polonais avec qui il a combiné tout au long du match. Inarrêtable ce soir, il inscrivait son second but de la soirée dès la 31e minute sur ce centre de Kimmich parfaitement repris du plat du pied par le géant bavarois. Aussi fabuleux lorsqu'il lui fallait délivrer des caviars mais Perisic manquait de conclure (49e), ce qui n'était pas le cas de Coutinho qui profitait d'un bon service de Müller pour inscrire le sixième but bavarois (86e).
FC Bayern Munich :
Neuer (7) : le gardien de la Mannschaft ne peut rien sur l'égalisation des Catalans, trompé par un Alaba malchanceux sur ce tacle dévissé. Il est toutefois décisif dans ce face à face avec Suarez en repoussant parfaitement le tir de l'Uruguayen (9e). À l'image de la réussite bavaroise ce soir, il voyait le poteau repousser un centre plongeant de Messi (11e). Il ne pouvait néanmoins pas grand-chose sur cette frappe croisée de Suarez qui terminait sa course dans le petit filet (57e).
Davies (7) : positionné très haut dans son couloir gauche, le Canadien a multiplié les montées ce soir, délivrant ainsi de nombreux centres pour la plupart très dangereux. Seul point négatif, voir anecdotique ce soir : un mauvais alignement défensif qui n'était pas loin de profiter à Suarez, mais Neuer veillait au grain. À l'heure de jeu, il déposait Semedo sur son côté gauche avant de longer la ligne de but pour servir Kimmich, qui n'avait plus qu'à pousser le cuir dans le but (63e). Remplacé à la 84e par Hernandez, qui avait le temps de délivrer une passe décisive à Coutinho sur son second but (89e).
Alaba (6) : le latéral gauche autrichien repositionné dans l'axe de la défense ce soir était maladroit d'entrée de match lorsqu'il déviait contre son camp du bout du pied un ballon qui voulait tacler (7e). Si par la suite il rassurait les siens au travers de plusieurs interventions délicates, il est tout de même plus à l'aise lorsqu'il évolue dans le milieu ou sur un côté.
Boateng (6) : une première intervention de grande classe pour celui qui avait vécu un enfer lors de la dernière opposition entre ces deux équipes (2e). Néanmoins il n'est pas bien placé sur l'égalisation des Espagnols et est l'auteur d'une vilaine faute sur Suarez qui lui valait un carton jaune (41e). Il passait complètement au travers sur cette intervention manquée sur Suarez qui mystifiait le défenseur d'un crochet somptueux avant de tromper Neuer d'un tir croisé (57e). Remplacé à la 75e par Süle dont la rentrée ne changeait pas grande-chose tant l'écart au score était important.
Kimmich (7,5) : comme à son habitude, le défenseur allemand faisait parler sa technique balle au pied et surtout sa précision, l'amenant à être passeur décisif sur le quatrième but des siens (31e). Il n'était pas loin de voir double sur cette ouverture pour Goretzka qui n'était pas loin d'humilier les Blaugranas mais son enchaînement contrôle-poitrine suivi d'une volée pied droit passait au-dessus du cadre (51e). Récompensé à l'heure de jeu en inscrivant le cinquième but allemand après un travail incroyable de Davies (63e).
Goretzka (8,5) : le milieu de terrain allemand a clairement pris le jeu à son compte dans ce match, multipliant les tacles défensifs, récupérant des ballons très hauts, et allant même jusqu'à être dangereux dans le jeu aérien. Omniprésent ce soir. Comme si cela ne suffisait pas, il délivrait une passe décisive digne des plus grands pour Gnabry qui ne se faisait pas prier pour tuer le match (28e). Un match référence pour l'ancien joueur de Schalke. Remplacé à la 84e par Tolisso qui n'avait finalement pas le temps de mettre pour rajouter son grain de sel à cette victoire époustouflante.
Thiago (7) : le milieu espagnol en instance de départ, a orienté le jeu des Bavarois dignement. Entre ses passes cachées, ses contrôles orientés et ses transversales de 30m, il a clairement marché sur l'eau dans ce milieu aux côtés d'un Goretzka transcendant, agaçant à plusieurs reprises un Suarez frustré qui laissait traîner son pied bien trop souvent.
Perisic (7) : l'un des finalistes de la dernière Coupe du Monde était décisif d'entrée de match sur l'ouverture du score bavaroise, via ce centre qui menait à l'échange de grande classe entre Müller et Lewandowski (4e). Le Croate était une nouvelle fois décisif en inscrivant le but qui permettait aux siens de passer devant sur ce tir croisé après un échange avec Gnabry (22e). Remplacé à la 67e par Coman qui n'était pas loin de marquer sur son premier ballon touché, mais Alba d'un sauvetage miraculeux repoussait la tentative du Français (68e).
Müller (9) : voir ci-dessus.
Gnabry (7,5) : l'ailier allemand faisait parler de lui moins rapidement que ses partenaires, mais ce dernier était à l'origine du second but munichois, servant un Perisic de la meilleure des façons (21e). Il ne lui fallait finalement pas beaucoup d'occasions pour inscrire le troisième but des siens, très sereinement après ce caviar distillé par Goretzka (28e). Remplacé à la 75e par Coutinho qui délivrait très rapidement une passe décisive à Lewandowski à travers un centre précis (82e) avant de réciter son football en inscrivant non pas un mais deux buts coup sur coup (85e, 89e). Une rentrée de folie pour le Brésilien.
Lewandowski (7,5) : le goaleador polonais qui a pour habitude de marquer très rapidement ces derniers temps, était cette fois décisif par le biais d'une passe décisive des plus belles pour Thomas Müller (4e). Peu loin d'aggraver la marque par deux fois mais ce dernier manquait de lucidité dans le dernier geste, aussi surprenant que cela puisse paraître (26e, 29e). Malin comme il est, il faisait bloc sur ce centre de Davies, permettant à Kimmich de convertir cette balle de but. (63e). Mais un match de Lewandowski sans but de Lewandowski n'arrive pas très souvent cette saison et ce dernier le démontrait en fin de match en poussant le ballon dans le but vide après un bon service de Coutinho (82e).
FC Barcelone :
Ter Stegen (2,5) : en difficulté dans le jeu au pied, il a offert des occasions à ses adversaires qui n’ont pas toujours su concrétiser (17e, 27e, 29e, 35e). Surtout, il a mis en difficulté sa défense qui n’avait pas besoin de cela. Spectateur sur le premier but (4e), un brin court sur le second (22e), abandonné sur le troisième (28e), battu sur le quatrième (31e), noyé dans la masse sur le cinquième (63e). Comme tout le Barça, il a lâché sur la fin (82e, 86e, 89e). On peut aussi dire qu’il limite la casse face à Gnabry (70e) mais non.
Semedo (1) : le Portugais a tellement souffert ce soir. Il n’a jamais su résoudre les problèmes d’espaces laissés dans sa zone. Le premier but bavarois vient de côté qu’il avait déserté pour être monté (4e). Sur le second, la transmission vers Sergi Roberto harcelé dans son dos, est mal inspirée (22e). Que dire sur le cinquième où il est littéralement avalé par Davies (63e), avant d’être à nouveau dépassé par Couthino (82e, 89e).
Piqué (3) : il a 33 ans et ça se voit, surtout quand ses coéquipiers ne sont pas au rendez-vous non plus. En difficulté dans sa surface sur le moindre contact, le défenseur catalan a manqué de vitesse sur de nombreuses interventions (19e, 47e). Il n’a pas été aidé par cette perte de balle de Sergi Roberto où il est livré au duo Gnabry-Perisic (22e), ni par le jeu au pied de son gardien (35e). Encore perdu en seconde période(63e).
Lenglet (2,5) : dans un premier temps, il a semblé sauver les meubles et puis la réalité l’a vite rattrapée. Car il a lancé Alba sur le premier but (7e) et réalise cette intervention précieuse de la tête devant Goretzka (12e) mais il est battu à la course et par l’appel de Gnabry (28e) puis est devancé par la reprise de Müller (31e). Le Français est encore à l’œuvre sur la réalisation de Kimmich où malgré lui, il ouvre le chemin à l’Allemand en voulant bouger Lewandowski (63e).
Alba (4) : il n’a pas été le plus mauvais de son équipe car même s’il est dépassé par le déplacement de Müller sur le premier but allemand (4e), le latéral gauche s’est rattrapé en poussant Alaba à la faute (7e). Pas toujours très précis dans ses centres (33e, 47e), il trouve tout de même Suarez, qui a sonné un temps la révolte (57e) et sauve son camp sur cette frappe de Coman (68e). Il est en revanche mal placé sur le second but personnel de Müller (31e). Averti (59e).
Sergi Roberto (2,5) : aligné au milieu de terrain comme la semaine passée, le héros de la remontada a été ce soir l’un des anti-héros de ce naufrage. Parce qu’à part cette montée dans le bon tempo (3e), il a vécu un calvaire, à l’image de ce ballon perdu au milieu, aboutissant au but de Perisic (22e). Tellement dépassé au milieu de terrain où il s’est fait manger tout cru, il a fini par être remplacé dès la pause par Griezmann (46e – note 3) dont l’entrée n’aura rien apporté, comme trop souvent cette saison. Le Français n’a eu aucune influence sur le jeu et n’a pas su relancer son équipe. Perdu sur le terrain et dépassé comme les autres.
Busquets (3) : suspendu la semaine passée contre Naples, on ne peut pas dire qu’il a rendu service au Barça ce soir. Malgré son statut de taulier, il a semblé dépassé par le poids des années. Trop lent, il a perdu un nombre incalculable de ballons dans l’entrejeu qui ont offert des occasions aux Munichois (25e, 29e, 53e). C’est dur de voir un champion vieillir. Quique Sétien a stoppé le massacre en le remplaçant par Fati (70e) qui a essayé de dynamiter l’attaque catalane sans grand succès.
De Jong (4) : comme l’ensemble ou presque de son équipe, il a coulé. À l’inverse de la semaine passée où il avait eu tout le loisir de prendre son temps avant chaque décision, cette fois, le Néerlandais n’avait même pas effectué son premier contrôle qu’il était déjà harcelé. Résultat, on ne l’a pas vu du match pour participer à la créativité de son équipe. Devancé par le physique de Lewandowski (4e), il a même raté des choses faciles dans l’entrejeu (20e, 55e).
Vidal (3,5) : le Barça comptait sur lui pour tenter de répondre au défi physique et au pressing adverse, tout en essayant de se projeter pour apporter du soutien. On repassera car hormis sur quelques contacts (dans les deux sens), le Chilien a raté son match. On ne l’a pas vu balle au pied et il a régulièrement joué avec un temps de retard (6e), en attaque comme en défense (63e). Il est d’ailleurs beaucoup trop attentiste sur ce nouveau but du Bayern (82e).
Messi (4,5) : la Pulga a tenté et comme souvent (toujours), il aura été le joueur le plus dangereux de son équipe. C’est lui qui vient trouver Sergi Roberto dans l’intervalle (3e), puis le poteau sur ce centre-tir (11e) et enfin les gants de Neuer après avoir passé la défense en revue (20e). Mal lui en a pris car il y avait encore 1-1 à ce moment du match. Pour la suite, il a disparu même s’il est à l’origine de l’action menant au but de Suarez (57e). Il finit même pas perdre ce ballon qui termine par le premier but de Coutinho (86e).
Suarez (5,5) : dans un premier temps, l’Uruguayen a su jouer ente les défenseurs du Bayern à l’image de ce centre de Sergi Roberto (3e) et celui décisif d'Alba (7e). Mais il perd son premier duel contre Neuer (9e), une action qui s’avère être un tournant du match face au scénario. Il parvient tout de même à marquer et à relancer la rencontre (57e). Averti (55e), l’attaquant a aussi récupéré quelques fautes intelligentes. Ça n’a pas suffi.
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