Allemagne : la révolution réussie de Julian Nagelsmann
Six mois après s’être imposée à Dortmund, l’Allemagne a de nouveau surclassé la France (0-2) dans le cadre d’un match amical préparatoire à l’Euro 2024. De quoi renforcer le crédit de Julian Nagelsmann qui a réalisé des choix forts à l’occasion de cette trêve internationale de mars.
«Je pense qu’on s’est fait surclasser dans tous les compartiments du jeu, on n’a pas réussi à appliquer notre plan de jeu. On a affronté une très belle équipe mais on se doit de faire mieux tous, individuellement, mais aussi collectivement. C’est une piqûre de rappel avant ce qui nous attend en juin». À l’issue de la rencontre, le constat d’Aurélien Tchouameni était sans appel et résumait parfaitement la situation. Pour son premier match de l’année 2024, la France a logiquement été battue par l’Allemagne au Groupama Stadium de Lyon. Cueillis à froid à la suite de ce but encaissé dès la 7e seconde, les Bleus ont tenté de relever la tête en première période avant de s’incliner une seconde fois au retour des vestiaires. Si la performance globale de l’équipe de France a laissé à désirer, la Mannschaft, quant à elle, a fait forte impression.
Pourtant la dynamique affichée par l’Allemagne au cours de l’année 2023 ne présageait rien de bon avant son déplacement en France. Intronisé sur le banc des Adler le 22 septembre dernier en lieu et place d’Hansi Flick, Julian Nagelsmann était confronté à un chantier conséquent en récupérant une équipe en pleine déliquescence depuis le Mondial 2022 au Qatar, au cours duquel elle était passée totalement au travers. Puis, l’euphorie d’un début de mandat ponctué par une victoire encourageante face aux Etats-Unis (1-3) et un nul contre le Mexique (2-2) a très vite laissé sa place au doute lorsque l’ex-entraîneur du Bayern Munich et de Hoffenheim a enchaîné deux défaites face à la Turquie (2-3) et l’Autriche (0-2) en automne dernier. Avec un seul succès glané sur ses 4 premiers matchs à la tête de la Mannschaft, le natif de Landsberg am Lech était attendu au tournant.
Fidèle aux convictions affichées lors de son arrivée, Julian Nagelsmann tranchait dans le vif en décidant de se passer de plusieurs cadres pour les matchs amicaux de mars dont Mats Hummels, Leon Goretzka ou encore Serge Gnabry qui comptent à eux pas moins de 180 sélections au total ! Surtout, l’entraîneur allemand tentait un coup de poker insolite en appelant des éléments inconnus du grand public, à l’image des Maximilian Mittelstädt, Waldemar Anton ou encore Deniz Undav qui cartonnent cette saison avec le VfB Stuttgart en Bundesliga. En ce sens, le technicien de 36 ans accordait certes sa priorité à la forme du moment et n’hésitait pas à rappeler Toni Kroos, sorti de sa retraite internationale après près de trois longues années passées loin de l’équipe nationale. Titulaire face aux Bleus, le milieu de terrain du Real Madrid a justifié la confiance de son sélectionneur.
Le casting gagnant de Julian Nagelsmann
D’entrée de jeu, le joueur de 34 ans mettait en exergue sa qualité de passe sur l’ouverture du score allemande. Par la suite, il a montré qui était le patron dans l’entrejeu avec une facilité technique déconcertante tout en donnant une véritable leçon à Warren Zaïre-Emery, constamment dépassé dans les duels et incapable de ressortir le ballon face au gegenpressing imposé par l’Allemand. Julian Nagelsmann était d’ailleurs aux anges à l’heure d’analyser sa prestation de la soirée. «Incroyable, pour être honnête. Avec le ballon, nous savons tous que c’est un joueur extraordinaire. Mais il faut aussi voir comment il s’est impliqué dans les duels. Ce sont des domaines pour lesquels il a été critiqué par le passé. Il a travaillé incroyablement dur et a été stable défensivement», concédait le technicien allemand.
Si Toni Kroos a brillé au milieu de terrain, sa relation a également très bien fonctionné avec Robert Andrich. Déjà présent lors du rassemblement de novembre, le joueur du Bayer Leverkusen a pleinement réussi à faire oublier Leon Goretzka, resté à quai. Sans véritablement crever l’écran, celui qui fêtait sa première titularisation avec la Mannschaft s’est contenté d’être propre à la relance tout en participant grandement à la construction du jeu (112 ballons touchés). Juste techniquement, son abattage défensif est aussi à souligner à l’image de son retour payant sur Adrien Rabiot sur l’une des grosses situations côté français en première période. Véritable travailleur de l’ombre, Andrich a marqué son territoire face à la France et semble désormais avoir pris une longueur d’avance sur Pascal Gross, son concurrent direct à ce poste. Derrière, la charnière centrale composée d’Antonio Rüdiger et Jonathan Tah a été à la hauteur de l’événement. Les deux hommes ont usé de leur puissance physique pour s’imposer tout en maîtrisant à la perfection les déplacements des offensifs français.
Le sélectionneur allemand a-t-il enfin trouvé la bonne recette ?
En novembre dernier, Julian Nagelsmann s’était orienté vers une défense à trois avec Kai Havertz comme piston ou latéral gauche. Un positionnement loin d’être convaincant qui a forcé l’entraîneur allemand à revoir ses plans face à la France. Brillant dans un rôle de numéro 9 à Arsenal au cours des dernières semaines, l’ancien de Chelsea retrouvait le front de l’attaque allemande. Préféré à Niklas Füllkrug en pointe, le joueur d’Arsenal s’est créé de multiples occasions et a eu le mérite d’être décisif en inscrivant le but du break à l’issue d’un excellent travail de Jamal Musiala. Mention spéciale également au flamboyant Wirtz. Elu homme du match par notre rédaction, le prodige du Bayer Leverkusen a éclaboussé la partie de son talent. Auteur de l’ouverture du score précoce des siens d’une frappe lointaine, le joueur de 20 ans s’est révélé être l’un des principaux atouts offensifs de l’Allemagne à Lyon par sa qualité de passe et son gros volume de jeu.
Dans tous les bons coups, Jamal Musiala a, lui, nettement pesé dans les débats en posant de nombreuses difficultés à l’arrière-garde tricolore par sa percussion et ses courses incessantes dans le dos des défenseurs adverses. Doué techniquement, il a donné le tournis à Brice Samba avant de servir sur un plateau Kai Havertz. En outre, les multiples choix réalisés par Julian Nagelsmann ont porté leurs fruits. Satisfait d’avoir pris le meilleur sur le vice-champion du monde en titre, le natif de Landsberg am Lech s’est montré dithyrambique envers ses joueurs. «Un grand bravo à l’équipe, c’était très bien. Les 25 premières minutes ont été très bonnes et peut-être que nous aurions pu marquer un but de plus. Nous nous sommes ensuite encore améliorés après la pause et avons eu trois ou quatre autres très bonnes occasions. Même après les remplacements, Deniz Undav et Maximilian Mittelstädt ont eu deux belles opportunités. Au final, je suis très satisfait», a exprimé l’Allemand en conférence de presse. C’est avec des certitudes et une confiance renforcée que Julian Nagelsmann tentera de surfer sur la même dynamique contre les Pays-Bas en amical avant de mettre le cap sur l’Euro 2024.
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