Morgan Guilavogui, Paris FC : « jouer contre l’OL, forcément c'est une motivation en plus »
Avec 5 buts marqués et 2 passes décisives délivrées, l'ailier du Paris FC est l'une des belles révélations de cette première partie de saison de Ligue 2. Le néo-international guinéen se livre à Foot Mercato sur son parcours, son arrivée à la capitale et ses premiers pas avec le Syli national.
FM : Tu es né et as grandi à Toulon, comment s'est passé ton enfance en général ?
Morgan Guilavogui : ça se passe plutôt bien, j'ai grandi dans un quartier à Toulon qui s'appelle La Rode où j'ai commencé à jouer au foot au foot très jeune. Dans un premier temps, j'étais à l’USAM (Toulon Marines, ndlr) où j’ai commencé à l'âge de 3/4 ans, une école de foot, juste avant de rejoindre le Sporting. A l'école, j'étais en sport études au collège Pierre Puget, c'est une section sport qui est assez connue à Toulon. Depuis très longtemps, j’ai baigné dans le monde du foot : ça a commencé par mon père, puis mon grand frère qui était dans la même section sport et j’ai suivi la même école et eu les mêmes enseignants que lui.
FM : qu’est-ce qui t’a fait aimer le football étant petit ? Le joueur à qui tu souhaitais ressembler ?
MG : j’ai grandi avec Ronaldo (Cristiano, ndlr), qui est de ma génération. Il y a un tournoi des sélections espoirs à Toulon (Tournoi Maurice-Revello) donc j’ai eu de la chance de le voir jouer avec le Portugal. Ça remonte à une quinzaine d’années. Il m’a vraiment fait aimer le foot…
FM : étant donné que vous avez grandi dans le sud de la France, vous n'avez pas pensé à jouer pour l’Olympique de Marseille par exemple ?
«Cristiano Ronaldo m’a vraiment fait aimer le foot…»
MG : oui, c'est vrai que j'avais fait une détection à l'OM qui s'était plutôt bien passé. J’avais réussi à convaincre les dirigeants, mais malheureusement il y a eu un changement de staff, ce qui a empêché ma signature là-bas. C’était en 15 ans 2e année avant de passer en 17 ans 1e année, sur la détection sur l'année 2012-2013 pour la saison 2013-2014.
FM : tu décides de rejoindre le centre de formation de l’ASSE l’année suivante. Était-ce un choix personnel ou une recommandation de votre grand frère Joshua (formé chez les Verts lui aussi où il a même signé pro) ?
MG : quand j’apprends que je ne pourrai pas signer à l'OM, c’était une grosse déception. Mon grand frère arrive à me faire signer un an de convention à Saint-Étienne, histoire de me préparer pour intégrer un centre de formation. Mes débuts étaient très compliqués car c’était la première fois que je partais de loin de ma famille. Je me retrouve seul à l’ASSE sans mon grand frère, étant donné qu'il venait de signer à l'Atlético. Il fallait d'une part que je m'adapte à la famille et que je me mette au niveau parce que l'année précédente, Saint-Étienne a fini champion national U17. J’arrive en première année, il n’y a pas d’équipe 2 donc c'est assez compliqué au départ. Mais petit à petit, j'ai réussi à prendre le rythme et à bien progresser, j'ai rattrapé le retard que j'avais.
FM : il y a des joueurs de cette génération qui ont explosé aujourd’hui et avec qui vous êtes toujours en contact ?
MG : oui, il y avait Allan Saint-Maximin. Je n’ai pas eu la chance de le côtoyer en catégorie de jeunes mais c'était vraiment le joueur qui sortait du lot. Il était vraiment au-dessus…
Du ras le bol du foot au renouveau avec Toulon
FM : à un moment durant ta formation, tu as décidé de prendre une pause, quelle en est la raison ?
MG : en sortant de Saint-Étienne, je suis parti en détection à Fréjus St Raphaël et à la préparation, j’ai eu une pubalgie. Mais c'était une pause globale, un ras-le-bol que ce soit sur le foot et pour ma santé. J’en avais vraiment marre donc j'ai décidé de tout arrêter pour continuer mes études.
FM : tu as repris le foot avec le Sporting Club de Toulon avec qui tu as réalisé deux promotions…
MG : d’abord, j'ai commencé avec les U19 en Régionale 2, avec qui nous sommes montés en U19 Régionale 1. L’année suivante, on a été promus dans le championnat national. Deux montées d’affilée en U19, c’était quand même pas mal, surtout quand on connaît le niveau des autres équipes du sud. J'ai d’abord basculé dans un premier temps avec la CFA2 (aujourd’hui National 3) avec le SCT parce qu’au moment de la montée, le club venait de fusionner.*
FM : c’est donc ce beau parcours avec les U19 qui t’a permis de rejoindre l’équipe première…
MG : c’est ça, j’alternais avec les U19 et l’équipe réserve, avec qui j'ai réussi à marquer quelques buts. Ça m'a permis d’aller m'entraîner avec la CFA (National 2) et la saison suivante, je signe mon premier contrat fédéral.
«Lorient et Saint-Étienne voulaient me signer, mais c'était plus de la post-formation (...). Le Paris FC m’a directement donné ma chance en équipe première»
FM : au SC Toulon, tes prestations attirent l'œil du Paris FC, mais tu te fais également remarquer par des clubs de Ligue 1…
MG : oui, c’est bien ça. Au départ, j'avais Lorient et Saint-Étienne qui voulaient me signer, mais c'était plus de la post-formation, alterner entre la réserve et les pros. Le Paris FC m’a directement donné ma chance en équipe première. J'ai été mis en relation avec Idriss Ech-Chergui, un ancien du PFC qui jouait avec moi à Toulon, qui m’a proposé au directeur sportif. Ce dernier a validé mon profil et m'a proposé au coach René Girard, qui a donné son accord pour me recruter.
FM : comment te décris-tu sur le terrain ?
MG : je me décris comme un joueur généreux, altruiste, toujours dans les efforts car j'aime bien jouer avec avec les autres.
FM : tu as d’abord connu René Girard, un entraîneur qui sait donner du crédit aux jeunes. As-tu senti cette confiance-là à ton arrivée au PFC ?
MG : la première fois que je l'ai eu au téléphone, c'était en mars-avril 2020, pendant le premier confinement. On avait beaucoup échangé et j'avais beaucoup aimé son discours parce que c'est un discours plaisant et on voit qu'il accorde énormément de confiance aux jeunes. C’est vraiment son franc-parler qui m'a convaincu de venir au Paris FC. Comme on le sait, avec Montpellier, il avait déjà lancé des jeunes joueurs comme Rémy Cabella, Younès Belhanda. C'est un coach qui n'a pas peur de lancer les jeunes et c’est important quand on débute une carrière professionnelle.
FM : ta première saison en Ligue 2 se passe plutôt bien, mais une opération vient te couper dans ton élan en deuxième partie de saison… comment retrouver la motivation après cette indisponibilité ?
MG : tout se joue au mental. Quand on a connu des moments difficiles et qu’il nous arrive une blessure, c’est de relativiser et de dire que, dans la vie, il y a beaucoup plus grand et qu’un jour, c'est moins bien mais le lendemain sera mieux. On baisse pas les bras et on continue à travailler, sans s’accabler sur son sort on sait très bien que dans la vie, il y a toujours pire.
De la transition entre Girard et Laurey...
FM : après cette absence, nouvelle saison mais aussi nouvel entraîneur. Tu joues sous les ordres de Thierry Laurey, qui comme Girard a une belle expérience en Ligue 1. As-tu ressenti une différence de discours par rapport à son prédécesseur ?
MG : oui, forcément, c'est un autre discours mais toujours avec la confiance des jeunes, puisqu'il aussi n'hésite pas à faire des changements, à donner du temps de jeu à des jeunes. Il ne calcule pas, c'est vraiment à la performance de chacun et il n'a pas d'âge. Si tu veux jouer, tu auras le temps de jeu que tu mérites… Ça ressemble un peu à la phrase de Kylian Mbappé (rires.) C'est vraiment pas un problème pour lui
FM : cette deuxième saison commence très bien pour le Paris FC, quatrième de Ligue 2 ex aequo avec l’AJ Auxerre (3e). Est-ce enfin l’année de la montée en Ligue 1 ?
MG : on voit bien qu'aujourd'hui, le championnat est très serré. Le top 5 se tient à très peu de points (3 points entre le leader Ajaccio et le 5e Sochaux). On a notre carte à jouer, on a trouvé notre rythme de croisière et là on est en train de faire un beau parcours mais on sait que la Ligue 2 est un championnat très difficile, très homogène et qu'il ne faut jamais se relâcher.
FM : un très bon début d’exercice pour toi personnellement : 8 buts entre la L2 et la Coupe de France. Et vendredi, vous affrontez l'Olympique Lyonnais en Coupe de France. Comment aborder un choc face à une grosse équipe de Ligue 1 ?
MG : c’est toujours un grand plaisir de jouer la Coupe de France, surtout quand on sait qu'on peut rencontrer des équipes d’un niveau supérieur c'est toujours plaisant. Pour nous, ce sont des matches bonus, ce sont des rencontres où il faut se lâcher et prendre beaucoup de plaisir et ne pas se prendre la tête. Cette semaine, on travaille pour ce week-end et on verra le résultat. On va tout faire pour en tout cas.
FM : toi qui es passé par le centre de formation de Saint-Étienne, est-ce que tu n’as pas un peu plus de motivation par rapport à tes coéquipiers du PFC ?
MG : non, je ne dirai pas que j'ai plus de motivation parce que je suis passé par l’ASSE. J’ai eu la chance de voir les matchs de mon grand frère et le derby contre Lyon et ça a toujours été des grands matchs. Et là, voir que moi aussi je vais jouer contre l’OL, forcément c'est une motivation en plus.
...à la CAN 2021
FM : on va aborder maintenant ta carrière internationale. Tu as eu la chance d'avoir sa première sélection avec la Guinée en novembre dernier. Quand est-ce que la fédération guinéenne a commencé à s’intéresser à toi ?
MG : ça a débuté l'année dernière, en début de saison. Je suis rentré en contact avec eux mais mon opération aux adducteurs m’a empêché de faire quelques rassemblements. Mais oui, ça faisait quand même un an ou deux que j'avais déjà parlé avec quelques représentants de la Féguifoot. Et cette année-là, j'ai eu la chance de disputer ma première sélection contre la Guinée-Bissau et puis ma deuxième face au Maroc (qualifications pour la Coupe du Monde 2022, ndlr).
FM : la Coupe d’Afrique des Nations arrive dans moins d’un mois (9 janvier-6 février 2022). As-tu pu échanger avec le sélectionneur Kaba Diawara pour connaître tes chances de disputer la compétition ?
MG : au dernier rassemblement, j'ai pu parler avec le staff. On a bien échangé, ils étaient contents de mes performances mais il fallait continuer de bonnes prestations pour, pourquoi pas, espérer être dans la liste pour la CAN.
FM : pendant la trêve internationale, vous avez eu un renfort de choix avec l’arrivée d’Ilaix Moriba, qui n’a néanmoins pas pu jouer. Vous avez pu le rencontrer ?
MG : oui, on l'a rencontré en Guinée, où il était en train de faire sa régularisation pour ses papiers. On s’est croisés à l'hôtel et ça s'est bien passé, on a fait les présentations.
FM : la Guinée partage le groupe B avec le Sénégal, le Zimbabwe et Malawi. Comment tu places le Syli national dans cette poule ?
MG : la Guinée a toutes les chances. On sait qu’on a des joueurs à fort potentiel. Dans une compétition, tout peut se passer et on a les armes pour rivaliser face à ces nations, même une sélection favorite comme le Sénégal mais on sait tous que sur un match tout peut arriver et j'espère qu'on va faire un très beau parcours.
FM : qui considères-tu comme favori pour remporter cette CAN ?
MG : je dirais l’Algérie, le Sénégal et le Maroc. Les deux premiers sont finalistes de la dernière CAN. On voit que le football algérien, sénégalais et marocain ressemblent un peu plus au football européen, en proposant du beau jeu et au fil des années, ces équipes montent en puissance.
*En 2016, le club reprend son nom d'origine et redevient le Sporting Club de Toulon à la suite de sa fusion avec le Sporting Club Toulon-Le Las.
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