Brighton : la très belle histoire de Kaoru Mitoma, la nouvelle star japonaise
Révélation de la saison en Premier League sous la tunique de Brighton, Kaoru Mitoma (25 ans) a connu une éclosion assez tardive, déclinant notamment une proposition de contrat professionnel en 2016, pour privilégier ses études. Zoom sur le parcours singulier de ce Japonais, qui pourrait vite s’envoler vers des cieux plus lucratifs.
Son nom pourrait effectivement laisser deviner le contraire, mais Kaoru Mitoma est bien un talent qui tient ses promesses. Sensation de cette première partie de saison en Premier League, le Japonais s’épanouit dans le Sussex avec Brighton où il s’impose comme le virtuose de l’équipe de Roberto De Zerbi. S’il a fait de l’Angleterre son passeport d’entrée pour l’Europe en 2021, ce natif de Kawasaki, qui tourne à plein régime sur les boulevards du Royaume, avait dû patienter avant de pouvoir s’illustrer chez les Seagulls.
Prêté la saison dernière chez l’étonnante formation belge de l’Union Saint-Gilloise – Tony Bloom, propriétaire de Brighton, étant également actionnaire majoritaire du club bruxellois – Mitoma a figuré à l’évidence comme l’un des artisans de la saison onirique du club, promu et leader sur la saison régulière, en marquant 7 buts et en délivrant 3 passes décisives en Jupiler Pro League. Un talent évident et couplé à une mentalité irréprochable, comme l’expliquait son ancien entraîneur Felice Mazzù en début de saison dernière : «C’est extraordinaire pour un entraîneur d’avoir affaire à cette mentalité japonaise. J’ai connu (Junya) Ito à Genk et Mitoma ici. Ce sont des garçons qui travaillent, qui ne rouspètent pas, qui sont dans la réception des données. Ils sont toujours dans le positif sans râler. Mitoma connait ses qualités et il aurait pu avoir une attitude négative car il ne jouait pas au début. Au lieu de ça, il est resté positif et a continué de travailler.»
Un état d’esprit qui l’a donc escorté jusqu’à sa réussite actuelle dans le championnat le plus disputé au monde, où il a mis au supplice plus d’un latéral droit. À commencer par l’Anglais Trent Alexander-Arnold lors du match aller face à Liverpool en octobre (3-3), puis à nouveau au Falmer Stadium lors du succès renversant de Brighton (3-0), qui n’affichait plus le son ni l’image face aux débordements du Japonais. Ailier de poche qui voue les yeux de Chimène au dribble et doté d’une conduite de balle truffée de changements de rythmes, Kaoru Mitoma est, selon Opta, le joueur qui réussit le plus de dribbles dans la surface de réparation adverse cette saison dans les 5 grands championnats, juste derrière un certain… Lionel Messi.
Il a refusé un contrat professionnel pour réaliser une thèse à l’université
S’il s’est révélé relativement tard – il a aujourd’hui 25 ans – Mitoma a préféré faire les choses sans hâte lorsqu’en 2016, alors âgé de 18 ans, il a préféré suivre un cursus à l’université plutôt que de signer son premier contrat professionnel avec le Kawasaki Frontale, l’un des clubs les plus prestigieux du Japon. «J’ai pensé qu’il valait mieux aller à l’université pour réussir en tant que footballeur professionnel», avait-il confié lors d’un entretien accordé à Eurosport en novembre dernier. Un départ donc, pour l’université de Tsukuba, où il étudie notamment le sport, la nutrition, et y réalise sa thèse d’études… sur le dribble en s’équipant de caméras frontales.
«C’était le sujet le plus facile pour moi parce que j’aime le football, et dribbler est une chose que j’adore faire. J’ai appris que les bons joueurs ne regardaient pas le ballon en driblant. Ils regardent devant eux, et éliminent leur adversaire sans regarder leurs pieds. C’était la grosse différence.» , a-t-il récemment confié dans un entretien accordé à The Athletic. Précis mais pas pressé puisqu’à la fin de son cursus en 2019, ce joueur à la tête bien vissée sur les épaules signait professionnel comme il l’avait envisagé, avec son club du Kawasaki Frontale. Deux saisons abouties en J-League (D1 japonaise), championnat d’un certain Andrés Iniesta, où il termine même meilleur passeur décisif en 2020 avec 13 offrandes, avant d’être détecté par les radars de Brighton en 2021. «Depuis enfant, je voulais me rendre en Europe, j’avais envie de d’évoluer dans la meilleure ligue du monde. Et après un an et demi en J-League, j’ai été approché par Brighton et j’ai foncé», avait avoué le nippon facilement identifiable par sa coupe au bol, après son transfert.
Il a su rebondir après son penalty manqué en Coupe du Monde
Mitoma, qui ne cache pas sa fierté d’avoir participé aux Jeux Olympiques chez lui en 2021, à Tokyo, dans le pays du soleil levant (défaite en demi-finale contre l’Espagne), ou encore d’avoir inscrit un doublé crucial face à l’Australie (2-0), dans un match couperet pour la deuxième place en qualifications pour la Coupe du Monde en mars 2022, gardera certainement aussi le 1er novembre 2022 dans un coin de sa tête. Sélectionné par Hajime Moriyasu pour disputer la Coupe du Monde au Qatar avec les Samurai Blue, Mitoma a su débloquer des situations en tant que second couteau, à l’image de son entrée électrique lors de la victoire de prestige face à l’Allemagne (2-1), ou lors de celle contre l’Espagne (2-1) où il est passeur décisif sur le but de Tanaka. En revanche, il finit dans les cordes lors du huitième de finale face à la Croatie, où il voit Dominik Livaković repousser trois tirs aux buts japonais, dont le sien, et éliminer sa sélection.
Mais malgré ça, le natif de Kawasaki a vite su faire table rase de ce déboire et renfiler le bleu de travail, en apparaissant requinqué avec Brighton. Depuis son retour en décembre, l’ailier a inscrit 3 buts en 5 journées de Premier League, notamment contre Arsenal, Everton ou encore Leicester, son dernier bijou en date. Des performances qui crèvent l’écran et qui ont permis au Japonais de figurer deux semaines de suite dans l’équipe type de Premier League. Parti comme il est, l’ambitieux Mitoma ne devrait pas tarder à voir les plus grosses pointures se bousculer à son portillon. En lui souhaitant de tutoyer les sommets britanniques plus longtemps que ses aînés Shinji Kagawa, Takumi Minamino ou encore l’éternelle promesse Ryo Miyaichi.
En savoir plus sur