Ligue 1

OM-MHSC, Eric Roy : « on se demandait comment on allait sortir du stade »

L'OM entame sa saison à la Mosson, ce dimanche contre Montpellier. L'occasion de revenir, avec Robert Pirès et Eric Roy sur le match complètement fou d'août 1998

Par Constant Wicherek
6 min.
Franck Sauzée (MHSC) au duel avec Fabrizio Ravanelli (OM) @Maxppp

Il est des matches qui marquent le championnat de France et qui en ont fait sa légende. Petit retour en arrière. Les Bleus ont défilé sur les Champs Élysée, tout juste sacrés champions du Monde en 1998. Il fait beau et chaud sur la France, les gens sont contents et fin août, l'OM de Dugarry, Pirès et Ravanelli, pour ne citer qu'eux, accueillent, au Vélodrome, le Montpellier de Bruno Martini.

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Robert Louis-Dreyfus a mis les moyens pour faire une équipe capable de remporter le titre, mais, pour cette troisième journée, tout ne se passe pas comme prévu. « C'est mon souvenir le plus fou, c'est un souvenir particulier. Il y avait beaucoup d'attentes au tour de notre équipe », se remémore Eric Roy, milieu de terrain de l'OM. Avant de poursuivre : « on ne passe même pas à côté, on domine le match, on se créer des situations, mais Montpellier à chaque fois qu'il rentre dans notre camp, ils marquent, ils avaient une équipe solide et un bon mélange. C'est une équipe de Ligue 1 avec Bruno Martini, Franck Sauzée, qui amènent de l'expérience, Xavier Gravelaine. Il y a quelques très bons joueurs. C'est une équipe solide. Même si on fait figure de favoris, ils profitent des espaces et nous punissent à chaque fois qu'ils viennent chez nous ». On vous laisse imaginer l'état du stade quand il voit son équipe menée 4-0 à la pause.

Le retour aux vestiaires sous la bronca

À l'époque, pour rentrer aux vestiaires, on passait tout le terrain pour arriver dans un angle, derrière le poteau de corner, où un petit tunnel était logé. « À la pause... On se regarde tous et on se dit que le stade est plein, qu'on a pris une bronca. On a tous eu 50 ou 60m pour rentrer aux vestiaires, on a bien ressenti les sifflets et on a eu le temps de gamberger et on se demandait comment on allait sortir du stade. On savait que la sortie allait être chaude. Après Rolland demande cinq minutes de retour au calme. On est abasourdis, on a tous les éléments contraires. On se regarde un peu sonnés... Quand Rolland prend la parole pour la première fois, il nous dit qu'on peut le gagner. On était déjà interloqués, on lui demande s'il a fumé quelque chose. Il nous dit qu'il faut marquer le premier but et voir ce qui va se passer », poursuit celui qui vit à Nice aujourd'hui.

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Robert Pirès était là, lui aussi, et se rappelle que d'autres ont pris la parole : « on se dit que la deuxième mi-temps va être hyper tendue notamment l'atmosphère du stade. Laurent Blanc prend la parole, c'était le capitaine. Puis aussi Fabrizio Ravanelli, Pat Blondeau. Ils nous ont dit qu'il fallait montrer un autre visage, même si on ne gagne pas. L'optique c'était de gagner, pourquoi pas, la deuxième mi-temps, mais montrer nos qualités. Je ne pensais pas qu'on reviendrait au score et encore moins de gagner ce match ».

Christophe Dugarry change tout

Puis, le vent tourne, mais pas tout de suite. Dès le retour des vestiaires, Pascal Fugier se retrouve face à Stéphane Porato, mais sa balle piquée frôle le montant. Eric Roy considère cela comme une sorte de dernier avertissement ayant donné de l'espoir aux siens. Robert Pirès, lui, ne sait pas s'il y a eu un déclic : « je ne sais pas s'il y a un déclic. L'entrée de Duga nous fait du bien sur le jeu aérien, on peut proposer autre chose, ça nous soulage. Il marque quand même deux buts. À la 60e il y a toujours 0-4. Avant le but de Flo, on voulait calmer le stade, mais je ne pensais pas qu'on pourrait revenir ».

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Pourtant, c'est ce qui va se passer. En quelques instants. Christophe Dugarry, entré en jeu à la 60e, est à la passe sur le but de Florian Maurice (61e) avant de marquer à deux reprises (64e, 71e). « Les Montpelliérains savent que mener de deux buts ça ne suffira pas. On l'a ressenti à l'inverse, on ne sait pas pourquoi. On marque encore rapidement après. Il n'y a plus de match, on a tout le temps le ballon, ils déjouent, là ils ne ressortent plus le ballon. La pression est telle sur leur but qu'on savait qu'on allait revenir. Puis je marque le quatrième », se remémore Eric Roy, qui nous raconte son but.

Eric Roy en transe

« Je ne me projetais pas beaucoup, mais sur Fabrizio, je savais qu'il allait la remettre là, comme une sur lucidité, je reprends et je marque. Quand je frappe, je sais que je vais marquer, il n'y a pas de doute. Parfois tu rentres dans une espèce de transe, les images sont bizarres, je suis dans un autre monde », sourit celui qui égalise (84e). Puis, notre autre intervenant fait une action décisive...

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« Le penalty ? Ca date de mon époque à Metz, quand je rentre dans la surface, je me dis qu'il faut qu'aille au contact et de chercher la faute. C'est ce que je réussis à faire. Malheureusement, c'est mon ami, Cyril Serredszum qui fait la faute. J'étais triste pour lui, mais content de l'obtenir. Il n'y en avait qu'un qui pouvait tirer dans ces conditions-là, c'est Laurent. Il faut avoir les nerfs solides, il faut être sûr à 100% qu'il va le concrétiser. Quand je sais que c'est lui qui va tirer, je sais que c'est bon, aucun souci là-dessus », détaille Robert Pirès.

La classe de Loulou Nicollin

La rencontre a basculé dans l'irréel et le champion du Monde 1998 ne se rappelle pas de toute la suite de la soirée : « c'est de la folie. Quand Alain Sars siffle la fin du match, j'ai l'impression qu'on gagne la C1, c'était exceptionnel ». Au contraire d'Eric Roy, peut-être plus calme, se souvient d'un évènement particulier.

« C'est match qui restera à jamais gravé, on échange encore dessus. Ce sont des évènements qui nous lient. On a vécu quelque chose de différent ensemble. J'ai toujours été très calme. La seule chose dont je me souviens, c'est Rolland qui croise Mézy et Nicollin pour la seconde période et qu'il leur dit "on va gagner ce match", à la fin du match, Loulou vient dans le vestiaire en nous félicitant. La dimension de ce monsieur... Pour Loulou c'était aussi surréaliste, mais sa grandeur se traduit aussi par cette réaction, ça marque aussi », nous confie-t-il. De l'irréel. Espérons pour les fans de foot un match aussi débridé pour le retour des supporters à la Mosson ce dimanche !

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