Logan Delaurier-Chaubet : «je ne me voyais pas faire une autre saison à jouer le maintien»
Formé à Bordeaux, le jeune ailier Logan Delaurier-Chaubet est désormais du côté de Celje en Slovénie avec qui il vit une folle épopée en Ligue Europa Conférence puisqu’il affrontera la Fiorentina en quarts de finale. Pour Foot Mercato, il est revenu sur sa nouvelle vie, son parcours et a évoqué son expérience dans son club formateur notamment.

Foot Mercato : vous venez de signer en Slovénie, racontez nous comment ça se passe ?
Logan Delaurier-Chaubet : c’est un pays différent, j’ai vite pris mes marques là-bas. Dans la vie de tous les jours, niveau nourriture ou même les gens, c’est un peu comme la France. Ils sont accueillants. C’est juste la langue qui change, ici, ils parlent très peu anglais. Dans le vestiaire, ça va, mais tu vas à boulangerie ou quoi, c’est plus compliqué (rires). Et mon anglais n’est pas si exceptionnel, c’est la première fois que je vais à l’étranger, il y avait eu les 6 mois à Almere City qui m’ont permis d’améliorer mon anglais. J’ai les bases etc, mais c’est plus compliqué quand tu rentres dans les détails.
FM : en quoi le football là-bas est différent ?
LDC : c’est un type de football différent sachant qu’en plus, nous, on est une équipe de haut de tableau. On joue souvent des équipes, pas qui ont peur, mais qui jouent plutôt bloc bas. Il y a 3-4 équipes qui jouent les premières places et le reste, ce sont surtout des équipes qui attendent. C’est un peu comme contre le PSG en Ligue 1, les équipes sont derrières et attendent l’erreur. Sinon, c’est un autre football dans le sens où c’est physique, mais techniquement ce n’est pas la France. Même s’il y a quand même de très bons joueurs ici.
FM : qu’est-ce qui vous avez motivé à rejoindre ce club ?
LDC : avant d’aller à Almere City, quand Bordeaux a eu des problèmes financiers, j’étais libre. À ce moment-là, le coach Albert Riera avait quitté Bordeaux pour Celje. Il m’a contacté, mais tardivement, car je m’étais déjà engagé avec Almere. J’étais sur la route pour rejoindre mon nouveau club. Je lui ai expliqué que j’étais content qu’il pense à moi, mais que j’avais donné ma parole à mon nouveau club. J’avais ma visite médicale, je ne pouvais pas faire demi-tour. Au final, j’ai fait 6 mois à Almere, je ne vais pas dire que je n’étais pas bien, car j’ai beaucoup appris, j’ai joué contre des belles équipes. Mais j’avais besoin de prendre du plaisir, gagner des matches sachant que l’année d’avant j’étais à QRM et qu’on est descendu. Je ne me voyais pas faire une autre saison à jouer le maintien. C’était mon plaisir personnel, gagner des matches. Et quand Riera est revenu cet hiver, on a réussi à se mettre d’accord avec le club et je suis venu ici. Et il y a la Coupe d’Europe aussi. Ça se trouve, ça n’arrivera qu’une fois dans ma vie donc autant en profiter.
FM : on ne prend pas de plaisir si on ne gagne pas selon vous ?
LDC : c’est ça. On joue des matches contre l’Ajax Amsterdam, le PSV Eindhoven, des clubs comme ça. C’est incroyable oui. Mais au bout d’un moment, quand tu rentres chez toi, que tu as encore perdu, tu ne prends pas de plaisir. Je veux me lever le matin, être content, aller m’entraîner en étant heureux, jouer des matches et les gagner. C’est avant tout un plaisir le foot. Celje joue le haut de tableau et on est encore en course dans toutes les compétitions. Il y a de l’enjeu. À Almere, on ne jouait que le championnat et c’était compliqué.
«Riera ? Il a son caractère, que ça plaise ou non»
FM : vous retrouvez Albert Riera que vous avez croisé rapidement à Bordeaux
LDC : quand je suis à Bordeaux, mon coach c’est David Guion pendant ma préparation. Et puis je file en prêt à QRM. Albert Riera débarque à Bordeaux quelques mois plus tard. En revenant au club, je fais toute la préparation avec lui (ndlr : l’été de la descente administrative en N2). Je pense que c’est là qu’on a créé un lien. J’ai bien aimé sa manière de coacher, c’est ce qui m’a poussé à venir à Celje.
FM : c’est un coach qui a beaucoup été décrié en France, notamment pour son arrogance…
LDC : c’est vrai que j’entendais beaucoup les coachs dire ça. Riera parlait après les matches, mais c’est juste qu’il défendait son équipe. C’est bien d’avoir un entraîneur comme ça qui défend toujours les joueurs. Il a son caractère, que ça plaise ou non… Moi, je m’entends bien avec lui et il parle français, ça m’aide au quotidien. Il a joué à mon poste, ailier, il a des conseils à me donner sur mon style, il est gaucher comme moi donc j’ai beaucoup à apprendre de lui.
FM est-ce que vous parlez encore de Bordeaux avec lui ?
LDC : c’est de l’histoire ancienne, après, le coach en parle un peu. Quand il nous montre une tactique ou quoi, il nous dit qu’il faisait ça à Bordeaux. Des petites phrases par rapport au club, mais sinon on n’en parle pas plus que ça. Je l’ai connu qu’un mois à Bordeaux finalement.
FM : revenons un peu à votre époque bordelaise, comment vous aviez vécu votre première saison sous David Guion ?
LDC : elle était compliquée cette première saison. J’étais un joueur cadre de la réserve, j’avais même porté le brassard. Et je voyais des coéquipiers, même plus jeunes que moi, monter en professionnel. Je n’étais pas compté dans l’effectif des pros. Un jour, l’équipe pro a un match amical contre Rodez et je n’étais pas dedans puisqu’en réserve. Mais il manquait un joueur, j’y suis allé. On gagne 2-1 et je mets un but et une passe décisive et je pense que Guion a eu une autre vision de moi. Après, pendant la préparation, il me laisse ma chance, et je mets 4-5 buts et après, je reste avec l’équipe, je prolonge mon contrat pro et je fais mes débuts en Ligue 2. Je joue titulaire 7-8 matches en début de saison et puis après, il y a l’arrivée de Barbet et Nsimba puis Pitu et Davitashvili et voilà… Après peut-être que ça vient aussi de moi et pas que du coach… S’il a fait ses choix là, c’est que peut-être moi aussi, j’étais moins bon et je ne répondais pas à ses attentes. Au fur et à mesure, j’ai eu moins de temps de jeu. J’ai finalement joué 22 matches, j’étais plutôt satisfait de ma première saison en pro même s’il y a cet incident à Rodez au dernier match. Ça a un peu gâché la fête, mais bon, c’est le foot, c’est passé.
FM : à quel point cette fin de saison chaotique contre Rodez vous a fait du mal ?
LDC : franchement avant ça, il y a le match d’Annecy. À ce moment-là, on avait 3 points d’avance sur Metz et j’étais confiant. Je me suis dit, peut-être qu’on ne gagnera pas, mais au moins le match nul. Et je pensais que c’était largement à notre portée. On perd là et on redescend à la 3e place. Après, c’était compliqué de gagner à domicile avec quatre buts d’écart. Quand tu as un stade plein, avec 40 000 personnes, que chaque joueur a pris au moins 20-25 places pour sa famille, c’était dur de voir ça. On n’a même pas rejoué le match en plus. On a tout donné sur toute la saison et finir 3e sur ce match à Annecy. C’est du passé, mais ça reste au travers de la gorge.
FM : comment vous vivez de voir le club si bas désormais ?
LDC : ça fait toujours bizarre. On parle des Girondins de Bordeaux, ce n’est pas un petit club. Je suis encore l’équipe sur les réseaux. Dans quelques années, je suis sûr que Bordeaux reviendra au top niveau, je n’en doute pas.
«On s’était dit que la fois d’avant, c’était passé et qu’on était Bordeaux»
FM : le président Gérard Lopez est aussi très décrié et pointé du doigt…
LDC : je n’ai pas grand-chose à dire sur ça. Nous, on était concentré sur nos matches. Ce qui se passait en dehors, ça nous regardait, oui, car c’est notre président, mais on pensait au terrain, à notre championnat. J’ai vu que ça parlait sur lui, oui. C’est vrai que les passages devant la DNCG, une fois, deux fois, ça fait beaucoup. Quand on a été rétrogradé l’été dernier en plein stage à Gérone, on était sous le choc. On s’était dit que la fois d’avant, c’était passé et qu’on était Bordeaux. On est tombé de haut. Le premier passage, on n’avait pas trop calculé. La deuxième, on ne pensait pas du tout.
FM : vous suiviez ce qui se disait un peu avant la DNCG ?
LDC : non et c’est pour ça qu’on est tombé de haut. On était concentré, on jouait à fond et on avait fait de très bons matches de préparation. On s’entraînait bien. On avait préparé notre saison et c’est pour ça que je dis qu’on est tombé de haut. Les joueurs ne se doutaient absolument pas que le club allait tomber si bas et de cette manière-là.
FM : à titre personnel, vous avez réalisé une belle saison à QRM l’année dernière
LDC : ça a été un prêt réussi. J’avais un entraîneur qui montrait beaucoup d’intérêt pour moi avec Olivier Echouafni. Il m’a poussé à venir. J’avais des échos au niveau du club, je savais que c’était une équipe qui marquait beaucoup et j’avais besoin, en tant que joueur offensif, de me montrer, d’avoir des statistiques, de jouer. On ne va pas dire que j’avais une place garantie dans le onze mais j’avais plus de temps de jeu garanti en signant là-bas. Et quand on est jeune, il faut jouer, car sur le banc, tu ne peux rien montrer. Il m’a fait grandir ce prêt.
FM : pourquoi ce choix d’aller en Eredivisie l’été dernier ?
LDC : je me disais que c’était un championnat de première division et que dans ce club, j’allais pouvoir jouer vu qu’ils me voulaient. Ils cherchaient un joueur comme moi. C’était une expérience à vivre, il me fallait un déclic, que je sorte de ma zone de confort. Il fallait que je quitte la France pour voir l’étranger. J’avais besoin de faire ce pas-là. Ma volonté, c’était d’aller ailleurs même si j’avais des touches en Ligue 2.
FM : vous êtes prêté par Almere City, c’est quoi la suite ?
LDC : ici, à Celje, je suis prêté avec option d’achat. Si ça se passe bien, je peux potentiellement prolonger, mais il reste 2 mois donc on verra. On est encore en Coupe d’Europe aussi. Bon, ce n’est pas la plus grosse mais ça reste une compétition européenne. Et c’est historique aussi bien pour le club que pour les joueurs. Je ne pense pas qu’il y ait un joueur dans l’effectif qui a déjà joué l’Europe. On joue la Fiorentina au prochain tour dans un beau stade et contre des joueurs de classe mondiale donc c’est motivant.
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