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Argentine : Lionel Messi peut enfin s’asseoir à la table de Diego Maradona

Après avoir remporté ce Mondial tant attendu, Lionel Messi est célébré comme un dieu dans son pays. Et, enfin, il peut regarder Diego Maradona dans les yeux.

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Une banderole de Maradona et Messi déployée par un fan argentin au Qatar @Maxppp

Le temps où Lionel Messi était conspué par ses pairs semble tellement lointain... Pourtant, cette méfiance du peuple argentin envers celui qui était de loin son meilleur joueur a mis longtemps à s'effacer. Souvent critiqué par ses compatriotes qui lui reprochaient d'être un pecho frío - personne qui ne sent pas les couleurs de son pays - et victime de son caractère plutôt effacé, le joueur du Paris Saint-Germain souffrait énormément de la comparaison avec Diego Maradona. Plus que sur le plan footballistique, même si certains attendaient de le voir mener l'Albiceleste vers un titre majeur, c'est au niveau du comportement et du leadership que ça flanchait. Beaucoup accusaient ainsi Lionel Messi d'être trop mou, de manquer de charisme et de caractère. Toujours, avec cette comparaison parfois odieuse avec El Pelusa, qui n'a pourtant jamais cessé de défendre le joueur formé à La Masia de son vivant.

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Même si beaucoup ont tendance à l'oublier, l'histoire d'amour passionnelle entre Lionel Messi et son pays aurait même pu s'achever sur d'énormes échecs, puisqu'en 2016, après une nouvelle finale perdue (celle de la Copa América 2016), celui qui portait à l'époque la tunique du FC Barcelone, rongé par la frustration, avait décidé de prendre sa retraite internationale. Avant de se raviser... Paradoxalement, alors qu'on pouvait penser que c'était la fin de la fin et la goutte qui ferait déborder le vase, c'est là que la flamme s'est ravivée. Comme si les Argentins s'étaient rendus compte qu'ils risquaient de passer à deux doigts d'une sacrée histoire... Il faut dire que le natif de Rosario avait été particulièrement bon lors de cette Copa América Centenario, perdue face au Chili aux tirs au but. Messi avait d'ailleurs manqué sa tentative. Revenu avec un certain soutien populaire, on a aussi vu un nouveau joueur, que ce soit en club comme en sélection.

La Pulga a changé

Un Messi plus caractériel, qui n'hésite plus à laisser traîner la jambe quand il le faut, à aller au tête à tête avec un rival quand ça commence à chauffer, à prendre la parole de façon plus régulière en public. Un Messi plus Maradonien, en somme, et ça a beaucoup plu aux Argentins. Sur le terrain, son jeu a aussi changé. Avec l'âge, forcément, il a changé de registre. Fini le Messi qui multiplie les rushs et les débordements partout sur la pelouse, place à un Lionel Messi plus playmaker et maître à jouer, souvent un peu plus bas sur le terrain, toujours capable de faire des différences à lui seul mais aussi capable de réguler le rythme et de lâcher cette passe mortelle qui va briser des lignes. Ce changement de registre a aidé, forcément, puisque les quelques détracteurs qui restaient ne pouvaient plus l'accuser de se cacher, se tournant vers d'autres joueurs lorsque c'était nécessaire de trouver des coupables.

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Avec le temps, il a aussi commencé à prendre ses aises sur le terrain en sélection, et l'arrivée de Lionel Scaloni a aussi eu un rôle énorme là-dedans. L'entraîneur argentin a su placer Messi dans un certain confort, entouré de guerriers prêts à tout pour l'épauler, déchargeant le numéro 10 des tâches ingrates et lui permettant de se concentrer, avant tout, sur le jeu offensif. Ce qui n'a pas empêché le principal concerné de prêter main forte lorsqu'il a fallu défendre, ce qu'on ne voit pratiquement jamais en club par exemple. Complètement séduits par la vedette de leur sélection, les Argentins, tant supporters que journalistes et joueurs, ont complètement adhéré à cette politique du Messi y diez más, Messi et dix autres, assumée par tout le monde.

Messi a-t-il dépassé Maradona ?

Dans les tribunes ou dans les rues de Buenos Aires, de Mendoza ou de Rosario, il n'y en avait que pour Messi, même si d'autres joueurs ont aussi été acclamés. Et forcément, la comparaison avec Maradona est encore revenue sur la table... mais dans le bon sens cette fois. Plus question d'éloigner Messi du D10S, mais de l'en approcher voire même de le placer au même niveau. S'il y avait encore des doutes, il suffit de voir les nombreuses banderoles déployées dans les stades ou les villes argentines où les deux étaient représentés ensemble, les chants des supporters où les deux noms étaient scandés ensemble, ou de regarder quelques minutes d'une émission argentine pour comprendre que le petit Leo s'est hissé au niveau du grand Diego. Et ce n'était clairement pas évident, puisque que Maradona "bénéficiait" d'un contexte différent, avec la guerre des Malouines et la fin de la dictature militaire notamment, qui faisaient de lui plus qu'un joueur de foot et un véritable héros et symbole d'un pays. Le fait que Messi soit parti très tôt en Europe, n'ayant jamais revêtu les couleurs d'un grand club local au niveau professionnel, a aussi longtemps joué contre lui.

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Enfin prophète en son pays, en somme. Personne n'ose vraiment dire qu'il est au-dessus de Maradona, tant l'image et l'impact de ce dernier restent inatteignables au pays du pape François. Les deux sont fusionnels, ont rendu des millions de compatriotes heureux et ont écrit l'histoire d'un pays en crise, divisé socialement et politiquement, qui avait besoin de sortir faire la fête et célébrer quelque chose. Depuis hier, une citation de Maradona dans un documentaire du cinéaste Emir Kusturica a refait surface dans les médias et sur les réseaux sociaux : « tu sais quel joueur j'aurais pu être si je n'avais pas pris de cocaïne ? ». La réponse est évidente et tient en cinq lettres...

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