Le luxueux train de vie de la LFP fait enrager les présidents de Ligue 1

Par Maxime Barbaud
4 min.
Vincent Labrune, président réélu de la LFP. @Maxppp

Le train de vie de la LFP est désormais un problème. Face à l’incertitude économique qui règne sur la Ligue 1, la Ligue doit se serrer la ceinture. Les présidents de clubs pointent certains postes de dépenses comme le nouveau siège de l’instance mais aussi sa masse salariale, incarnée par le salaire de son président, Vincent Labrune.

La LFP est dans de sales draps. Entre la vente de ses droits TV qui demeurent encore flou, le fiasco de l’appel d’offres, l’accord avec CVC et désormais son nouveau salaire, Vincent Labrune concentre tous les maux de l’instance. Épargné jusque-là et ce malgré son audition par le Sénat dans le cadre de la commission d’enquête sur la financiarisation du football français, le patron de la Ligue commence à être la cible des critiques. Elles ne sont pas directes certes mais remontent doucement à la surface. Plus inquiétant pour l’avenir du dirigeant, elles remontent de certains de ses soutiens principaux.

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C’est L’Equipe qui s’en fait écho dans son édition du jour. Samedi dernier, une réunion se tenait pour étudier les différentes pistes sur les droits TV, notamment l’offre de DAZN. Lors de ce collège entre présidents de Ligue 1, certaines voix comme celle de Laurent Nicollin, ont attaqué le nouveau train de vie de la LFP. Acceptable il y a encore quelques mois quand 650 M€ tombaient chaque année sur la table, il faut cette fois se serrer la ceinture face aux incertitudes économiques. C’est en substance ce qu’avait déclaré Jean-Pierre Caillot à L’Equipe en début de semaine.

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L’achat d’un nouvel immeuble qui tombe mal

«Aujourd’hui, il faut se poser les vraies questions et on va aussi en discuter lors la réunion de jeudi. On n’a plus les moyens. Et il y a plein de choses qui doivent être remises en question. Il faut que j’en parle avec mes collègues», affirmait le président rémois en faisant référence à des postes de dépenses comme le VAR ou les participations apportées aux différents syndicats. Les critiques vont cette fois à la LFP et ses différentes orientations. Il y a d’abord l’achat il y a quelques mois de son nouveau siège situé boulevard de Courcelles dans le 17e arrondissement de Paris, un quartier coquet.

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Il se situe en effet en face du Parc Monceau. Le bâtiment de 3 500 m² aura coûté 131 millions d’euros entre l’acquisition (120 M€) et les travaux de rénovation (11 M€), soit 36 800 euros du m². Le prix de cet immeuble a quasiment doublé en trois et demi seulement puisqu’il avait été acquis par les anciens propriétaires 73,1 M€. La ligue avait un temps regardé dans l’est parisien, moins onéreux, pour ses nouveaux locaux, mais cette solution ne faisait pas consensus au sein de la direction, du moins à l’époque. Aujourd’hui, ces membres dirigeants trouvent cela très dispendieux.

La masse salariale a explosé

La LFP doit rembourser son crédit, à savoir une enveloppe de 7,3 M€ chaque année, mais elle peut l’amortir en partie. Elle est toujours propriétaire de son ancien siège rue Léo Delibes dans le XVIe arrondissement. Elle perçoit environ 1 million d’euros par an de loyer. Elle compte aussi louer certains de ses nouveaux locaux, des espaces destinés aux entreprises, et organisera désormais ses séminaires dans ses murs. C’est tout de même une économie d’une quinzaine de réunions tous les ans. Et si la ligue avait besoin de s’agrandir, c’est qu’elle a beaucoup recruté ces dernières années…

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C’est un autre point de tension soulevé durant la réunion de samedi dernier. La création de la société commerciale avait pour but de développer différents secteurs du foot français, notamment les secteurs marketing et commercial, en s’inspirant du modèle présenté par la Liga. Des bureaux ont par exemple été ouverts dans différents endroits dans le monde. La masse salariale a donc explosé. 90 salariés travaillaient à la ligue il y a encore deux ans. Ils sont dorénavant 160, dont 80 à 85 rien que pour la filiale LFP Media. Il y a par exemple 20 employés sur le jeu Mon Petit Gazon, racheté par la LFP.

Le salaire de Labrune pose problème

Lors de ces embauches, souvent des cadres expérimentés grassement rémunérés, la ligue a ouvert les vannes et le regrette déjà. L’Equipe indique qu’un gel des recrutements est prévu pour les mois à venir. Certains CDD risquent de ne pas être renouvelés non plus. Le salaire de Vincent Labrune fait aussi objet de critiques, aussi symbolique que coûteux pour les finances. Ses émoluments ont été multipliés par 3 (de 420 000 euros à 1,2 M€ par an), validés par les dirigeants du football français et justifiés pour l’accord obtenu avec CVC (apport d’1,5 milliard d’euros en échange de 13% des recettes commerciales de la LFP à vie).

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À cette époque, Labrune promettait la lune avec le milliard d’euros pour la distribution des droits TV sur la période 2024-2029. À 5 semaines de la reprise de la Ligue 1, on ne voit toujours rien à l’horizon. Sa rémunération prévoyait également un bonus de 3 M€ touché en deux fois. Ces chiffres avaient été basés sur ce qui se faisait ailleurs en Europe. Labrune se situerait plutôt dans une fourchette basse. Devant la commission sénatoriale, il a assuré qu’il refuserait ses indemnités de départ, soit 5 M€. «Au prochain conseil, et je m’y engage pour montrer ma bonne volonté.» Le patron de la Ligue sentait-il déjà le mauvais vent ? Ces sujets seront à nouveau abordés ce vendredi.

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