Faut-il se réjouir du nouveau format de la Ligue des Champions que va lancer l’UEFA ?
Pour empêcher la création d'une Super Ligue européenne, l'UEFA a planché sur la nouvelle formule de la Ligue des Champions, qui sera installée en 2024. Terminé les phases de poules mais un championnat de 36 équipes où il s'agira de terminer dans les 24 premiers pour accéder à la suite de la compétition (les 8 premiers qualifiés directement, les 16 suivants s'affronteront dans un barrage aller-retour pour se qualifier pour les 8es de finale). Faut-il vraiment se ravir de cette nouvelle formule ? La rédaction de Foot Mercato est divisée.
OUI
La réforme de la Ligue des Champions est une excellente nouvelle. Tout d'abord pour le football français. Il y a encore peu, on désespérait. On imaginait qu'à terme, deux équipes seulement seraient qualifiées. Finalement, on a réussi à en obtenir deux plus une troisième avec un barrage, même si dans les faits, c'est rare puisque le troisième se qualifie directement en cas de victoire d'un qualifié pour la C1 qui serait vainqueur de la Ligue Europa. Avec cette nouvelle formule, les clubs hexagonaux obtiennent une place de plus, soit trois, plus une quatrième avec un barrage.
Pour le reste du football, c'est aussi bon. En effet, avec la menace de Super Ligue européenne, on n'était pas loin d'un football européen aseptisé avec quelques invités par-ci, par-là. Cette fois, la Ligue des Champions ne disparaît plus et on évite la dictature extrême des grands clubs du Vieux Continent. Puis, finalement, depuis sa création en 1955, la C1 a déjà connu plusieurs visages.
Les amoureux de football regardent énormément de matches, souvent, les voilà frustrés lorsque la Ligue des Champions se termine le mercredi soir. Avec cette nouvelle formule, pas de problème ! Certaines formations évolueront même le jeudi en plus du mardi et du mercredi. Rien que pour la première phase, nous aurons quatre journées de plus, 18 matches par journée au lieu de 16 et surtout 180 matches contre 96 aujourd'hui.
Enfin, pour ceux qui avaient peur d'une Super Ligue fermée et donc de la disparition des matches allers-retours, bonne nouvelle aussi ! Non seulement cette formule va rester dans la compétition, mais mieux encore, nous aurons affaire quasiment à des seizièmes de finale aussi en match aller et retour (pour les barragistes de la première phase, à savoir entre les équipes classées de la 9e à la 24e place). Une étape de plus dans la compétition, qui nous offrira très probablement de grands moments de suspense et d'émotions !
NON
Disons le tout de suite, point de nostalgie ici d'un football d'avant, enfin d'aujourd'hui, qu'on regrette déjà en pensant à 2024. Nous étions peu convaincus par l'avant-dernière réforme en date, lorsque deux phases de groupes se succédaient, histoire, déjà, d'augmenter le nombre de rencontres et donc de revenus pour les clubs. Lorsqu'on pense plus aux caisses qu'à l'intérêt sportif, cela aboutit rarement à de bonnes idées. Nous attendons donc aujourd'hui que quelqu'un nous explique clairement en quoi un championnat de 36 équipes où même le 24e peut se qualifier pour les huitièmes de finale a plus de sens que la formule actuelle.
Que l'on ne cherche pas à nous inventer un argumentaire sportif, que l'UEFA et les clubs de l'ECA soient honnêtes. Le but est de proposer plus de matches (180 au lieu de 96 pour la première phase de compétitions) afin de gagner plus d'argent et d'en faire bénéficier principalement les clubs européens qui se jugent eux-mêmes indispensables à la tenue d'une Coupe d'Europe décente. Et où est-il prouvé que plus de matches équivaut à plus de qualité ou plus d'émotion ?
Quel intérêt aussi d'installer une formule championnat si toutes les équipes ne s'affrontent pas ? Le système de chapeaux permettra aux plus gros clubs d'éviter les adversaires les plus redoutables et les 10 journées réduiront forcément les surprises que peuvent générer des groupes de 4 clubs. Limiter les risques et augmenter les revenus, c'est tout bénef pour les dirigeants de la Juventus Turin et de Manchester United (pour ne citer qu'eux, puisqu'ils étaient considérés comme les leaders de la fronde envers l'UEFA).
Il faut donc se féliciter de l'abandon d'une Super Ligue européenne fermée grâce à l'apparition de cette nouvelle formule ? En réalité, l'UEFA s'est couchée devant l'avidité des cadors, terrorisée à l'idée de perdre sa poule aux œufs d'or, la Ligue des Champions. Qui s'ôte encore une fois une partie de sa substance. Mais ce n'est pas grave, on essaiera malgré tout de vibrer devant les quatre clubs français tentant de terminer dans les 24 premiers d'un championnat à 36 équipes. Chouette.
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