OM : enfin l'heure de l'avènement pour Duje Caleta-Car
En grandes difficultés, Duje Caleta-Car s'est enfin imposé, en défense centrale, aux côtés de Boubacar Kamara. Petit retour sur ce que les observateurs pensent et ont pensé du natif de Šibenik .
Le jour de la finale de la Coupe du Monde (victoire de la France sur la Croatie quatre buts à deux), nous vous révélions en exclusivité le transfert de Duje Caleta-Car du Red Bull Salzbourg à l'Olympique de Marseille contre une vingtaine de millions d'euros. En grandes difficultés en début de saison, il s'impose désormais comme le titulaire aux côtés d'un autre jeune joueur de l'OM, Boubacar Kamara. Retour sur le début d'aventure d'un vice-champion du Monde en Phocée.
Lancé par Rudi Garcia lors de la 2e journée contre Nîmes, son manque de rythme et sa lenteur sautent aux yeux et, comme sa formation, il coule dans le Gard (1-3). Titulaire face à l'Eintracht Francfort (1-2), puis contre l'OL (2-4), contre qui il écope d'un carton rouge, et enfin face à l'Apollon Limassol (2-2), l'ancien du Red Bull Salzbourg n'aura pas connu la victoire dès ses débuts en temps que titulaire. Peut-on alors estimer qu'il a été mal lancé par Rudi Garcia ? « Je savais qu'il y aurait un temps d'adaptation, car il a joué en pro seulement en Autriche. L'expérience du haut niveau il l'a côtoyé seulement en Europa League. Rudi Garcia ne l'a pas non plus lancé dans les meilleures conditions. Je ne pensais pas qu'il aurait de si gros problèmes. Après, il n'a pris "que" 6 mois à s'adapter », nous explique Pierre Gorce, étudiant en journalisme à l'EDJ Nice et en charge du compte twitter du Red Bull Salzbourg en France.
Garcia a été trop vite mais n'avait pas vraiment le choix
Matthieu, supporter de l'OM, abonde en ce sens : « oui et non. Tu le prends dans un contexte où il sort d’un mondial réussi (même s’il joue peu, ndlr), il est jeune, il ne connaît pas la langue. Toi tu démarres une saison ou tu dois absolument finir sur le podium. On n’avait pas « le temps ». Après je pense quand même que Garcia le crame en le lançant à Nîmes. Puis derrière sur des matches compliqués. Mais c’est peut-être tout ça aussi qu’il fait qu’il est bon aujourd’hui ». En début de saison, il convenait aussi d'expliquer que Rudi Garcia n'avait pas vraiment le choix.
Bien que n'ayant pas joué une seule minute en Coupe du Monde, Adil Rami n'était pas prêt, Rolando n'était pas encore revenu de blessure. Le coach phocéen n'avait pas d'autre choix, sauf aligner encore Luiz Gustavo à Boubacar Kamara, que de le pousser sur le devant de la scène. À tort visiblement. « Tout dépend de qui on parle par « on ». Il n’a pas été à la hauteur au départ tout simplement parce que Rudi Garcia l’a lancé trop tôt, à Nîmes, alors qu’il avait repris l’entraînement depuis moins de deux semaines. Il a logiquement raté ses débuts puis n’a eu sa chance qu’à de trop rares reprises et a été envoyé dans des galères, comme à Francfort », détaille Alexandre Jacquin, chef adjoint au service des sports de La Provence.
Le spectre d'un transfert raté et trop cher
Pour autant, ses difficultés sautaient aux yeux. Il ne ressemblait plus vraiment au joueur du champion d'Autriche. « Actuellement, c'est le même niveau que la saison dernière. Il a retrouvé son jeu. Il est enfin présent dans les duels, il recommence à faire ses grandes transversales. Ça, c'est son point fort, il en réussissait énormément », se rappelle Pierre Gorce. Des qualités qu'on ne voyait pas en début de saison. Les supporters ayant même un peu peur de la catastrophe industrielle.
Matthieu est de ceux qui ont craint que le prix de son transfert soit bien trop haut. « Oui, mais j’avais envie que l’OM rajeunisse l’effectif. Il paraissait lourd sur ses appuis, pas sûrs de lui. Aujourd’hui tu le sens monter en puissance. Il y a deux, trois matches je trouvais qu’il avait une super relance, qu’il était complémentaire avec Kamara, mais je trouvais qu’il défendait loin de son attaquant. Hier (dimanche, contre l'ASSE, ndlr), il a été sobre, mais était beaucoup plus proche de l’attaquant. Il progresse vite. Puis son entente avec Kamara est tellement prometteuse », explique le jeune homme.
Caleta-Car est dans le registre de Sergio Ramos
Si Rudi Garcia a été impatient, le joueur et d'autres observateurs ne l'étaient pas et comprenaient ses difficultés. Je pense que les supporters et les observateurs ont justement été patients avec lui et ont vite compris qu’il avait mal été géré. Ils se sont dit qu’il fallait attendre de le voir à l’oeuvre plusieurs matches d’affilée. Et ils ont eu raison. Il n’était pas heureux de ne pas jouer au début, mais était conscient qu’il avait réalisé des matches décevants. Et qu’il lui fallait du temps. En revanche, à l’entraînement, ses partenaires étaient tous unanimes sur ses qualités* », nous dévoile Alexandre Jacquin.
Toutefois, aujourd'hui, l'idylle semble enfin prendre forme même si certains, au club, y ont, semble-t-il, toujours cru. « J'ai toujours cru en ce joueur, même lorsqu'il était en difficulté. Moi qui adore un joueur comme Sergio Ramos, je trouve que Caleta-Car est dans ce registre, même s'il ne faut pas comparer, évidemment. Il a juste besoin de confiance. D'ailleurs, j'étais très content à Rennes (1-1), car quand il a loupé une balle, le coach et les joueurs l'ont tout de suite encouragé. C'est un signe très positif pour un gars qui vient d'arriver, qui ne parle pas la langue. Quand on va comprendre à Marseille les qualités qu'il a, attention ! Il a un grand avenir et les grands clubs ne tarderont pas à s'en apercevoir, vous verrez. Attendez deux ou trois mois qu'il parle la langue, qu'il découvre les attaquants de Ligue 1, et vous verrez la grinta du gars. Il faut le couver, comme Kamara », s'enthousiasme Basile Boli sur Le Phocéen.
Une charnière d'avenir
Avec Duje Caleta-Car, 22 ans, l'OM peut donc voir venir sur quelques saisons. D'autant qu'il est accompagné depuis cinq rencontres par Boubacar Kamara, de trois ans son cadet (19 ans). « Tu te projettes avec eux sur plusieurs années. Ce que je reprochais avec Rolando/Rami c’est que tu fais du court terme. Là tu peux installer ça sur 3 saisons », avance Matthieu, rapidement rejoint par Alexandre Jacquin dans cette analyse.
« L’avenir de l’OM, c’est eux, au moins pour la prochaine saison. Il vient à peine d’arriver, ce n’est pas pour le revendre si tôt. Rudi Garcia a raison de faire enchaîner les matches à cette charnière. Kamara et Caleta-Car feront encore des erreurs, mais ils travaillent leurs automatismes pour l’avenir, c’est une bonne chose », nous explique le journaliste. Il serait exagéré de dire que Duje Caleta-Car est arrivé au maximum de ses capacités.
Il lui reste une belle marge de progression
« Il a progressé en vitesse et accélération parce que ce n’était pas ça la saison dernière. Son placement pourrait être amélioré aussi. Il a l'air bien en tout cas. La ville lui plaît, il s'est trouvé des bons potes. J'ai l'impression qu'il a toujours le sourire. Même s'il a eu des difficultés, ça peut marcher pour les prochaines saisons », développe notre spécialiste du Red Bull Salzbourg Pierre Gorce, concluant que la proximité personnelle entre les deux jeunes défenseurs sautait aux yeux sur les réseaux sociaux et que cela a fini par convaincre, au-delà des performances de chacun des deux, de les associer.
Quoi qu'il en soit, il ne semble pas que l'Olympique de Marseille se soit trompé cet été en recrutant Duje Caleta-Car. D'une part parce que Séville, qui flaire toujours les bons coups, et l'Inter Milan étaient aussi sur les rangs, mais surtout, car il n'aura finalement mis que six mois à s'imposer après des débuts compliqués. Nul ne sait combien de temps le natif de Šibenik restera sur la Canebière, mais soit il fera gagner des points soit il fera rentrer de l'argent et pour cela, tout le monde est content de le voir peu à peu, s'affirmer.
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