Ahmed Sidibé, de pépite à l’AS Saint-Étienne à jeune star en Slovénie : «j’ai beaucoup progressé depuis mon arrivée à Koper, c’est une très belle ville»
Formé à l’AS Saint-Étienne, Ahmed Sidibé a choisi l’exil en Slovénie pour lancer sa carrière professionnelle. À seulement 23 ans, le défenseur français s’impose au FC Koper et revient pour Foot Mercato sur ce choix audacieux, son adaptation et ses ambitions.

Ahmed Sidibé, jeune défenseur français de 23 ans, incarne la trajectoire d’un joueur déterminé à saisir sa chance au plus haut niveau, même en dehors des sentiers battus. Né le 10 février 2002 à Villeneuve-Saint-Georges, il débute sa formation au CFF Paris avant de rejoindre en 2018 le centre de formation de l’AS Saint-Étienne, où il s’intègre à la génération 2002. Initialement milieu de terrain, Sidibé est progressivement repositionné en défense centrale au sein de la réserve stéphanoise. Il signe son premier contrat professionnel en 2021 sous Claude Puel, mais ne parvient pas à obtenir de temps de jeu en Ligue 1 et Ligue 2, malgré une convocation dans le groupe pro en septembre 2021 face à Montpellier. En quête de minutes et de responsabilités, le natif de Villeneuve-Saint-Georges décide de relever un nouveau défi en janvier 2024 en rejoignant le FC Koper, club de première division slovène, alors troisième du championnat.
Depuis son arrivée en Slovénie, Ahmed Sidibé s’est imposé comme un titulaire régulier. Lors de la saison 2024/25, il a disputé 30 matchs de championnat, totalisant 2 593 minutes de jeu. Son profil de gaucher (1,89 m) et sa polyvalence entre défense centrale et milieu défensif en font un atout précieux pour le FC Koper. Son contrat court jusqu’en mai 2027. L’exemple d’Ahmed Sidibé illustre la capacité des jeunes joueurs français à s’exporter pour accélérer leur progression. En s’imposant dans un championnat étranger, il démontre qu’une carrière peut se construire en dehors des projecteurs habituels, à force de travail et de persévérance. Son parcours reste à suivre de près, tant il incarne une nouvelle génération de talents prêts à sortir des sentiers battus pour atteindre le haut niveau. Selon nos informations, Ahmed Sidibé est même dans le viseur de plusieurs clubs de Liga Portugal, Ligue 1 et Serie A.
Foot Mercato : voilà désormais plus d’un an et demi que tu t’es expatrié en Slovénie. Comment juges-tu cette expérience qui peut paraître originale aux premiers abords ?
Ahmed Sidibé : c’est vrai que dans un premier temps, ça paraît original. Ce n’était pas un pays que je connaissais forcément au départ. Mais voilà, à ce moment-là de ma carrière, le plus important, c’était de jouer dans une équipe première, et c’est ce que j’ai fait. L’occasion s’est présentée à moi. Même si la Slovénie, ce n’est pas un championnat majeur. L’équipe Koper lutte pour les places européennes, donc ça m’a conforté dans mon choix. après, j’ai aussi regardé les transferts dans le championnat et où je pouvais me retrouver. Et ça m’a tapé dans l’œil et je suis allé directement.
FM : Peux-tu nous décrire les points positifs que cette expérience t’a apportés ?
AS : j’ai amélioré mon anglais. Et aussi, je devais lever des doutes sur ma constance en professionnel en enchaînant les matchs et en étant performant. Je pense que c’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui, je suis catégorisé comme un vrai professionnel.
FM : Dans ton équipe, tu as beaucoup de francophones (Jean-Pierre Longonda, Kamil Manseri, Omar El Manssouri, Isaac Matondo), ça t’aide au quotidien dans le vestiaire ?
AS : il y a beaucoup de français, c’est sûr. Franchement, ça aide au quotidien. C’est plus facile, on va dire, mais ces joueurs-là sont venus me trouver moi, car je suis arrivé avant eux. Moi quand je suis arrivé, il y avait Timothé Nkada, il m’a pris sous son aile, il m’a dit ce qu’il fallait faire et ce qu’il ne fallait pas faire, parce que c’était ma première expérience à l’étranger, donc il m’a un peu tout montré. Avec ces joueurs-là, j’essaie de faire pareil, les mettre bien et pour qu’il s’adapte le plus rapidement possible, et franchement ça se passe super bien, pas qu’avec eux, mais avec toute l’équipe, ça se passe très bien.
FM : Quelles sont les grosses différences et les difficultés nouvelles que tu as observées en passant de la France à la Slovénie d’un point de vue footballistique ?
AS : franchement au départ, quand je suis arrivé, le plus compliqué pour moi, c’était la barrière de la langue. Je ne parlais pas trop anglais, c’est-à-dire que j’ai dû apprendre rapidement. Après, il y avait Timothé, comme j’ai dit auparavant, qui m’aidait, mais franchement, le plus dur, c’était la langue. Après, quand tu apprends l’anglais, franchement, c’est fluide, ça glisse tout seul. Surtout qu’on a un bon groupe, donc c’était facile. Je dirais que la grosse différence, c’est l’intensité. En France, les joueurs sont plus physiques. Après, ici, en Slovénie, le championnat, on va dire qu’il est un peu divisé en deux. Dans les équipes du haut de tableau, les joueurs sont individuellement plus forts. Les équipes sont beaucoup plus structurées. Et dans l’autre partie du tableau, on va dire que les équipes sont plus dans l’adversité. Après, ce sont des équipes qui jouent, ce n’est pas simple de gagner contre les plus petites équipes. Tout le monde joue.
FM : Tu fais partie des meilleurs défenseurs de Slovénie. Tu attires l’œil de plusieurs clubs en Europe. Quels sont tes objectifs désormais avec le mercato qui arrive ? (ndlr, intérêts de clubs portugais, italiens et français)
AS : Je pense que ça fait plaisir dans un premier temps d’entendre cela. Je trouve que j’ai beaucoup progressé depuis mon arrivée à Koper. Et il faut que je continue comme ça. Par rapport au mercato, c’est une période délicate en ce moment, dans le sens où on joue encore une place pour se qualifier en Coupe d’Europe, ce n’est pas encore acté qu’on y aille. Il y a aussi une finale le 14 mai. J’essaie de ne pas trop m’éparpiller, donc je veux bien finir la saison. Ensuite, je vais voir ce qui va se passer, mais c’est sûr que c’est flatteur, ça montre que je fais de belles choses sur le terrain ici.
FM : L’observatoire CIES te place parmi les défenseurs les plus prometteurs dans ta tranche d’âge. Ce statut et cette attente t’ajoutent-ils de la pression ?
AS : de la pression, je ne dirais pas ça. Cela me donne au contraire une source de motivation, je dirais que ça me donne encore plus envie de travailler. Je suis quelqu’un qui aime beaucoup progresser au quotidien, j’essaie de prendre des conseils de tout le monde. Je sais que je ne suis pas un produit fini, j’ai encore beaucoup de points à améliorer, donc non, ce n’est pas une pression au contraire, je le prends du bon côté et j’essaie de faire beaucoup plus, parce que je suis capable de faire mieux.
FM : Tu joues dans la ville slovène de Koper. Raconte-nous un peu ton quotidien et ton installation dans cette ville de 50 000 habitants.
AS : la ville est très touristique, c’est une très belle ville franchement, c’est un peu la côte d’Azur de la Slovénie. Je suis du bon côté de la Slovénie franchement, mais après moi, je suis quelqu’un qui ne sort pas beaucoup. Après mes entraînements, je ne sors pas de chez moi, je me repose, et en plus en ce moment, je joue tous les trois jours, c’est-à-dire que mes journées se ressemblent, je ne sors pas beaucoup. Je suis vraiment comme ça depuis que je suis plus jeune.
FM : Comment juges-tu le football slovène, toi qui es de l’intérieur ? En termes de popularité et de passion, comment tu perçois la place du football dans la société slovène ?
AS : je trouve que par rapport à l’année dernière, les gens s’intéressent beaucoup plus. C’est un championnat en constante progression. Je trouve que déjà par rapport à l’année dernière, le niveau a évolué, le championnat est beaucoup plus dur, et aussi pour le développement des jeunes, c’est un très bon championnat. Après voilà, ce n’est pas la même passion que dans les championnats majeurs, mais franchement ici à Koper, je kiffe. Les supporters viennent à tous nos matchs, j’apprécie d’être ici.
FM : Suis-tu toujours le football français et notamment l’ASSE ?
AS : quand je n’ai pas de match prévu, je regarde beaucoup de matchs, tous les matchs possibles. Ligue 1, Ligue 2 et même la National. Donc oui, ça m’arrive de regarder Saint-Etienne quand j’ai le temps.
FM : Tu es né Villeneuve-Saint-Georges en région parisienne. On parle souvent de ce bassin parisien pour vanter sa formation. C’est même la région du monde qui a produit le plus de footballeurs professionnels devant Rio de Janeiro et São Paulo. Toi qui as connu ces terrains parisiens, ressens-tu que l’Île-de-France est la meilleure école de football au monde ?
AS : je dirai que c’est le talent. Je pense que c’est ça. Les joueurs sont naturels quand ils jouent, ils osent. Je pense que c’est pour ça qu’on a le meilleur bassin du monde, donc c’est flatteur franchement. C’est bien, il faut que ça continue comme ça. Il y a plein de top joueurs et faut que ça continue.
FM : En tant que défenseur central, quels ont été tes exemples et tes inspirations ?
AS : Avant ça, j’étais milieu de terrain, donc j’ai beaucoup de joueurs qui m’inspirent. Si je dois en citer en défense central, je dirais Virgil van Dijk dans sa manière de diriger l’idée et l’équipe. Et aussi Saliba, j’aime beaucoup son calme, sa relance, sa manière d’emmener l’adversaire où il veut. Ce sont ces deux centraux qui m’inspirent le plus.
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