Quand Tahiti et la Nouvelle-Calédonie rêvent d’une Coupe du Monde
A 15 000 km de la France métropolitaine, Tahiti et la Nouvelle-Calédonie poursuivent leur rêve de qualification à la Coupe du Monde 2026. Toujours en course dans les éliminatoires de la zone Océanie, les deux fédérations autonomes espèrent bien tirer profit de la nouvelle formule du Mondial.

C’est un rêve qui ne paraît pas si lointain. Alors que les qualifications pour la prochaine édition de la Coupe du Monde entrent dans leurs dernières phases, Tahiti et la Nouvelle-Calédonie s’apprêtent, peut-être, à enfin franchir le cap. Opposées dans un duel décisif ce 21 mars 2025, au Wellington Regional Stadium, les deux sélections ne sont plus qu’à deux matches d’écrire l’Histoire. Ces deux territoires, pourtant français, ne dépendent, en effet, pas totalement de la Fédération française de football (FFF) et jouent leurs rencontres internationales sous leur propre bannière. Ce qui leur permet de concourir régulièrement aux compétitions de la FIFA ou encore à la Coupe d’Océanie. Un tournoi par ailleurs déjà remporté par Tahiti en 2012, après une victoire 1 but à 0 face à la Nouvelle-Calédonie en finale.
« Historiquement, ces confrontations ont toujours été serrées, pleines de tension, non pas parce qu’on ne s’apprécie pas, mais parce qu’on représente le football français dans le Pacifique. Il y a beaucoup de respect, d’amitié et d’échanges entre nous, mais sur le terrain, c’est toujours difficile. Ils ont de très bons joueurs, un jeu explosif, rapide et parfois imprévisible », explique ainsi Samuel Garcia, sélectionneur de Tahiti, à Foot Mercato. Un sentiment partagé par le camp calédonien, où l’on mesure également toute l’importance de cette confrontation. « On les appelle les “cousins polynésiens”, ce sont nos “meilleurs ennemis”, confie ainsi, de son côté, le sélectionneur calédonien, Johann Sidaner. Cette demi-finale contre Tahiti est une confrontation géniale pour le pays, avec une place en jeu pour les barrages intercontinentaux ou une qualification directe. Une belle récompense au vu de notre situation et de notre parcours. Face à Tahiti, une vraie rivalité sportive s’est développée au fil des années. C’est un adversaire redoutable, mais cette rivalité reste saine et très ancrée.»
Dans l’ombre de la Nouvelle-Zélande
Toutefois, le match entre les deux sélections ne sera pas la dernière marche à franchir avant le mondial. En effet, après cette partie, Tahiti ou la Nouvelle-Calédonie devront s’opposer au vainqueur du match entre la Nouvelle-Zélande et les Fidji, lors d’une finale le 24 mars à l’Eden Park d’Auckland. L’équipe victorieuse de cette dernière rencontre décrochera ainsi officiellement son ticket pour le mondial 2026. Le finaliste des éliminatoires océaniens disposera néanmoins d’une seconde opportunité de se qualifier pour la Coupe du Monde, en participant au Tournoi de barrage inter-confédérations.
« Cela a toujours été très compliqué pour ces deux équipes. Elles font partie du top 3 des meilleures sélections de l’OFC (Confédération Océanienne de football, NDLR), mais le véritable problème, c’est que la Nouvelle-Zélande est très loin devant, et écrase aujourd’hui la concurrence », note Fabio Castano, spécialiste du football océanien et fondateur de la page Alternafoot. Depuis le départ de l’Australie de la zone Océanie pour l’Asie, le 1er janvier 2006, la Nouvelle-Zélande s’est effectivement imposée comme le nouveau mastodonte continental, raflant bon nombre des titres régionaux. « Ils ont pris de l’avance ces dix dernières années grâce à un cercle vertueux : plus on obtient des résultats, plus on dispose de moyens. Ils ont distancé les autres pays d’Océanie. Pourtant, il y a 10 ou 15 ans, l’écart n’était pas aussi marqué. La Nouvelle-Calédonie rivalisait encore avec la Nouvelle-Zélande, et la différence n’était pas si grande », raconte le sélectionneur calédonien. Qui ne s’avoue pas vaincu pour autant.
Une aventure qui dépasse les enjeux sportifs
Malgré la domination du rugby, le football occupe tout de même une place centrale dans la région. Un constat souligné par Johann Sidaner. « C’est le sport numéro un ici. Il y a vraiment une passion pour le football, et les bons résultats actuels, aussi bien pour la sélection que pour les équipes jeunes, sont significatifs. On sent monter un engouement, et effectivement, le football joue aussi un rôle de vecteur social », confie-t-il. Avant de poursuivre : « Il y a eu des moments qui n’ont pas toujours été simples sportivement, donc on espère, grâce aux résultats, toujours montrer le meilleur visage du peuple ici, du pays. »
Ce sentiment est partagé par Samuel Garcia, qui voit dans cette aventure une opportunité unique pour sa sélection. « Jouer ce genre de matches, c’est vraiment quelque chose de fabuleux pour nous, qui sommes 7000 licenciés et qui faisons environ 100 km de circonférence », partage-t-il. Fixant l’objectif de la finale, il reste réaliste : « Tout ce qui viendra ensuite sera du bonus. Bien sûr, participer à la Coupe du monde serait merveilleux, mais on reste humble. On sait qui on est, et on va travailler pour atteindre la finale. Après, on verra ». Quel que soit le résultat, cette expérience dépasse les enjeux sportifs pour les deux sélections, renforçant l’engouement local et servant de moteur social pour une région qui compte bien se tailler une place dans le monde du ballon rond.
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