Sans club pendant la première partie de la saison 2020/2021, Sloan Privat a dû s'entretenir seul avant de signer à Bourg-en-Bresse Péronnas 01 début janvier. L'attaquant international guyanais nous raconte comment il s'est maintenu à un très bon niveau physique pendant cette période particulière et comment il a retrouvé le goût de l'effort et du jeu.
Foot Mercato : Bonjour Sloan. Comment se passent vos premières semaines à Bourg-Péronnas d’un point de vue global mais aussi d’un point de vue physique ?
Sloan Privat : Mes premières semaines se sont bien passées. Je m’étais préparé depuis plusieurs semaines donc l’adaptation s’est faite rapidement. Je commence vraiment à retrouver de bonnes sensations, je reprends progressivement confiance en moi. Je commence aussi à retrouver des repères sur le terrain parce que j’ai quand même passé un long moment sans m’entraîner ou jouer avec un groupe. Malheureusement, je n’ai pas eu beaucoup d’occasions de rejouer car je n’étais pas qualifié pour le premier match de l’équipe en janvier, puis le match contre Annecy a été reporté à cause de la neige et j’ai été testé positif à la Covid-19. Tout ça a décalé mon retour car j’ai été en isolement pendant une semaine tout en continuant de travailler individuellement pour ne pas perdre ce que j’avais acquis. Heureusement pour moi, je n’ai pas eu de symptômes qui m’ont empêché de m’entraîner seul. J’ai déjà repris l’entraînement donc je devrais bientôt faire mes débuts avec Bourg-Péronnas.
FM : Comment vous êtes-vous entretenu physiquement pendant le premier confinement, lorsque vous étiez encore à Sochaux, puis lorsque le championnat de Ligue 2 a été arrêté et que vous vous êtes retrouvé sans club ?
SP : Quelques jours avant le confinement, j’ai fait la rencontre d’un préparateur physique, Christophe Weiss, qui est bien connu dans la région (Franche-Comté, ndlr) car c’est un coureur de très bon niveau et dont le travail est reconnu. En fait, comme je ne jouais plus trop à Sochaux avant le confinement, il m’arrivait de m’entretenir seul en dehors des entraînements. Et c’est lors d’un footing que j’ai croisé Christophe, qui a fait demi-tour en me reconnaissant et qui m’a proposé ses services. Pour moi, c’était comme un cadeau tombé du ciel parce qu’il m’a fait redécouvrir mon corps et qu’il m’a redonné le plaisir de me donner à fond, de me battre. Donc j’ai bossé avec lui pendant toute cette période.
FM : Pouvez-vous me raconter à quoi ressemblait vos semaines ? Combien de séances faisiez-vous par semaine, par jour ? Sur quoi étaient-elles axées ?
SP : Avec mon statut de joueur professionnel, j’avais une dérogation pour pouvoir m’entraîner pendant le confinement avec mon préparateur physique donc j’ai pu être très actif pendant cette période. Je m'entrainais tous les jours du lundi au dimanche. Je m’entrainais parfois dès le matin, très tôt, jusqu’à la tombée de la nuit. Mais mon préparateur physique faisait vraiment attention. On allait toujours à mon rythme. Il ne m’imposait rien. Parfois, on partait le matin pour faire un footing d’une heure à allure lente. Parfois, on faisait du fractionné. Il calibrait tout par rapport à mon niveau du moment. Je ne me suis jamais senti surchargé car le travail était progressif et les moments de récupération étaient bien planifiés avec parfois de la cryothérapie. Je me suis rendu compte à quel point il était important d’être bien entouré.
« J’ai appris que j’avais besoin de m’entraîner tous les jours plutôt que d’être inactif pendant 1 ou 2 jours d’affilée pour rester en forme »
FM : Faisiez-vous uniquement du travail dissocié, où aviez-vous des séances avec ballon, devant les cages pour conserver aussi une technique spécifique au football ?
SP : On a bossé tout ce qu’il fallait. De la pliométrie, de l’endurance, de la force, du sprint, du travail devant le but. J’allais aussi à la salle de boxe deux fois par semaine pour travailler différemment et coupler ces séances avec de la musculation classique. J’avais vraiment l’impression d’être dans une structure de haut niveau sauf que j’étais seul avec mon entraîneur. J’insiste mais cette rencontre est un cadeau tombé du ciel car quand tu as une personne aussi investie à tes côtés, tu n’as pas envie de lâcher ni physiquement ni mentalement. Tu n’as pas envie d’abandonner. Si j’avais été seul, je ne serais pas là où j’en suis actuellement car c’est très difficile de rester motivé dans ces conditions. Je suis donc très reconnaissant envers Christophe et toutes les autres personnes qui m’ont aidé pendant cette période et ça a décuplé ma motivation de réussir pour leur renvoyer le bâton.
FM : Aviez-vous déjà travaillé avec un préparateur physique par le passé ?
SP : J’avais eu l’occasion de travailler avec un préparateur physique en Turquie et même avant mais ce n’était pas aussi régulier et intense. Là, j’ai vraiment redécouvert mon corps. Avec Christophe, j’ai notamment appris que j’avais besoin de m’entraîner tous les jours plutôt que d’être inactif pendant 1 ou 2 jours d’affilée pour rester en forme. De plus, j’ai réappris le goût de l’effort donc c’est important pour moi d’être toujours actif.
FM : Êtes-vous dans votre meilleure forme physique ?
SP : Je ne suis peut-être pas aussi rapide que lors de mes débuts mais je me sens vraiment plus affûté. Sur les accélérations et sur les changements de rythme, je me sens très bien. Avant, quand je courais, je me sentais lourd, pataud. Maintenant, c’est différent, je me sens plus tonique, plus vif. Avec Christophe, qui a beaucoup d’expérience dans la course à pied, on a aussi travaillé la technique de course donc mes pas, mes appuis sont aujourd’hui plus fluides. Il faut dire aussi que j’ai aussi perdu du poids durant ma période sans club et que ça m’aide beaucoup. J’ai perdu de la graisse et pris du muscle. J’ai aussi vraiment veillé à mon alimentation car c’est l’un des dangers d’une période sans jouer : prendre du poids.
FM : On dit souvent que rien ne remplace l’intensité d’un match. Ressentez-vous cette différence entre un entraînement individuel et une opposition collective ?
SP : Oui, ça n’a rien à voir et c’est pour ça qu’il faut toujours un temps d’adaptation. On est sur des efforts différents parce que les repères sont également différents. Il y a des coéquipiers, des adversaires, un ballon, des buts. Tu auras beau travailler comme un fou seul, rien ne remplace les problématiques ou les efforts d’un match, notamment au niveau des changements de rythme.
FM : Combien de temps faut-il pour retrouver ses repères de match ?
SP : Je dirais une dizaine de jours quand même pour être à un bon niveau de performance. Après, ça peut revenir plus vite quand on a déjà évolué à un certain niveau de performance car on a déjà des repères et on sait ce qu’il nous manque ou pas.
FM : Quelle était la logique derrière votre planning d'entraînement pendant cette période sans club ? Conserver vos qualités athlétiques et cardiorespiratoires ou les développer pour être encore meilleur sur le plan physique ?
SP : Mon objectif était de retrouver un état physique correct. C’est-à-dire un état physique pouvant me permettre de rejouer rapidement au plus haut niveau. Si on va plus loin, je voulais retrouver mes sensations, retrouver ma confiance et être opérationnel si un club faisait appel à moi.
« Beaucoup pensaient que j’étais fini mais ce n’est pas le cas »
FM : À quoi va vous servir ce travail de préparation physique à plus long terme ?
SP : Déjà, ça m’a clairement redonné le goût de continuer à jouer car je n’ai que 31 ans et je pense avoir encore 4,5 belles années devant moi. Je pense aussi que ça va m’aider à mieux gérer mon corps pour la fin de ma carrière. Je me connais encore mieux maintenant et je sais dorénavant vraiment ce qu’il me faut. Ça m’a également redonné de l’ambition car beaucoup pensaient que j’étais fini mais ce n’est pas le cas.
FM : Appréhendez-vous le retour à la compétition ?
SP : Honnêtement, on appréhende toujours le retour à la compétition après une longue absence. J’appréhendais même avant mon premier entraînement collectif avec Bourg-Péronnas. C’est normal de se poser des questions du type : « est-ce que je suis encore au niveau ?, est-ce que je vais réussir à faire ça ou ça ? » Mais une fois dans l’action, ces pensées disparaissent et on reprend goût à la compétition. En plus, à Bourg, j’ai de la chance d’être dans un bon groupe avec des personnes qui me poussent et qui sont contentes que je sois là. Maintenant, c’est à moi de tout faire pour les aider et leur rendre cette confiance.
FM : Vous vous laissez combien de temps pour atteindre votre forme optimale ?
SP : Je ne me fixe pas de date. Il faut juste que j’enchaîne les matches et ça reviendra.
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