Entretien avec… Fabrice Begeorgi: « Il faut s’appeler Nasri ou Flamini pour percer chez les pros à l’OM »
Rejoindre le centre de formation de l'Olympique de Marseille, voilà qui a de quoi donner envie à bon nombre de footballeurs en herbe. Mais face à la concurrence qu'impose l'effectif phocéen, peu de minots ont eu l'honneur de s'exprimer parmi les grands. Formé à l'OM, Fabrice Begeorgi (à gauche sur la photo) a ainsi dû s'exiler pour s'épanouir. Pour Footmercato, il revient sur ses instants marseillais et son parcours peu commun.
Footmercato: Tout d'abord, comment allez-vous?
Fabrice Begeorgi: Et bien ma foi ça va!
FM: En quelques mots, que diriez-vous pour vous présenter?
FB: Alors je suis né le 20 avril 1987 à Martigues, dans les Bouches-du-Rhône. J'ai 22 ans et je joue au FC Istres. Voilà à peu près tout.
La dure vie de minot au centre de formation
FM: Vous avez été formé à l'OM. Pourriez-vous nous raconter votre passage là-bas?
FB: J'ai fait pratiquement toutes les catégories de jeunes, des 16 ans jusqu'en professionnel. Il y a des années où tout s'est bien passé, surtout les dernières dans la mesure où j'ai pu signer un contrat professionnel. C'était super enrichissant d'être à l'Olympique de Marseille même si c'est très compliqué au final d'en sortir.
FM: N'êtes-vous pas trop déçu de n'avoir pu en sortir et de ne pas avoir eu véritablement votre chance?
FB: Oui et non. Oui parce que c'était mon club formateur et non parce que je sais très bien que c'est dur de percer à l'OM. Il faut s'appeler Nasri ou Flamini pour en sortir, il faut avoir d'énormes qualités. Et comme j'ai été un joueur qui a eu un peu plus de mal, ça n'est pas passé. Mais bon, faire une carrière hors de Marseille est possible aussi! Ce n'est pas bien grave.
FM: Êtes-vous toujours en relation avec certains membres du staff ou avec des joueurs?
FB: Oui, j'ai gardé des bons contacts, surtout avec le staff médical mais aussi avec José Anigo. En ce qui concerne les joueurs, ceux de mon époque ont quasiment tous disparu. Quand on se voit on est content mais on ne se téléphone pas tous les jours non plus.
FM: Suivez-vous toujours de près les résultats de Marseille?
FB: Toujours!
FM: Vous faîtes partie de cette fameuse génération 87 qui a vu éclore à l'OM deux jeunes pétris de talent, Nasri et Yahiaoui. Êtes-vous surpris de voir les trajectoires opposées qu'ont connu ces deux joueurs?
FB: En ce qui concerne Samir Nasri, c'était évident, c'est un grand joueur. Je pensais que Ahmed Yahiaoui allait faire la même carrière que Samir mais je ne sais pas ce qui a pu se passer. J'étais persuadé que les deux allaient atteindre le plus haut niveau. Sur le plan footballistique, ce sont deux grands talents. Après, sur le plan personnel, même si on a été formé ensemble je ne les connais pas plus que ça. On jouait ensemble mais ça s'arrêtait là.
Une jeune carrière déjà riche en voyages
FM: Après l'OM vous avez pas mal roulé votre bosse, pourriez-vous nous raconter ce parcours somme toute atypique?
FB: J'ai été prêté en Ligue 2 à Libourne en 2006-2007. C'était la première saison où j'ai pu jouer de nombreux matches à haut niveau. Sur la fin, je me suis blessé. Ensuite, je suis allé à Amiens et là je me suis fait les croisés. Malgré tout, j'ai joué une demi-finale de Coupe de France contre le PSG. Et après je suis parti en Allemagne. En fait, comme j'étais de retour suite à une grave blessure, ça a été dur de trouver un club. L'étranger s'est alors présenté. Et en rentrant en France, je me suis dit qu'on est quand même mieux dans son pays! J'ai tout de même joué pas mal de matches en Allemagne mais avec la barrière de la langue, ce n'était pas évident. Et me voilà aujourd'hui à Istres.
FM: Pourquoi avoir choisi l'Allemagne pour rebondir?
FB: J'ai toujours bien aimé ce championnat. J'aimais bien l'ambiance mais je me suis vite aperçu que c'était surtout à la télévision que l'Allemagne me plaisait (rires). J'ai voulu essayer et ça m'a servi ne serait-ce qu'au niveau mental. J'étais tout seul là-bas et les hivers étaient très rudes!
FM: En Allemagne, vous avez évolué avec la réserve du Werder de Brême. Quelles sont les principales différences entre le Werder et l'OM?
FB: Tout es différent. Au niveau des infrastructures, le Werder est bien mieux équipé. Quand il fait froid, ils ont des terrains couverts, ils ont des synthétiques. Il y a entre 15 et 20 terrains d'entraînement. Seul le stade est moins grand que le Vélodrome mais il fait quand même 45 000 places et est surtout toujours plein. Le Werder est un grand club européen, comme l'OM d'ailleurs. A ceci près que l'un est dans le Sud et qu'il y fait très beau et que l'autre est dans le Nord et qu'il y fait très froid (rires).
FM: Vous parliez du stade du Werder en disant qu'il est régulièrement plein. Quel regard portez-vous sur le public français?
FB: Il y a une chose que je ne comprends pas. Quand on est supporter, on est derrière son équipe dans la victoire mais aussi dans la défaite. Mais ceux qui se battent et qui font n'importe quoi ne sont pas des supporters. Ils ne viennent pas pour regarder un match mais pour provoquer des bagarres.
FM: Ce genre de phénomène est-il développé en Allemagne?
FB: Là-bas, les gens sont plus portés sur le football qu'en France. Les stades sont pleins, même en quatrième division. C'est un peu comme en Angleterre. Si un supporter pose problème, il est interdit de stade pour 3-4 ans. Dans certaines enceintes, les tribunes sont très proches du terrain et il n'y en a pas un qui bronche. La Fédération Allemande est très sévère sur ce genre d'événements. J'espère qu'on saura en faire de même en France.
FM: Vous avez finalement quitté l'Allemagne pour rejoindre Istres. Quels sont vos objectifs?
FB: Sur le plan collectif, on doit se maintenir. On doit assurer le maintien pour installer cette équipe au niveau de la Ligue 2 et construire quelque chose de solide. A titre personnel, j'espère juste faire le plus de matches possibles, jouer et ne pas me blesser, je touche du bois.
FM: Au terme de cette saison, que comptez-vous faire?
FB: Je suis sous contrat avec Istres donc je verrai bien ce que les dirigeants me diront de faire. C'est à eux que la décision appartient.
FM: Si vous aviez le choix entre une place de titulaire en Ligue 2 et un rôle de remplaçant en Ligue 1, que choisiriez-vous?
FB: Je préfère être titulaire en Ligue 2. Faire une carrière à ce niveau là, ce n'est pas dégueulasse. Honnêtement, jouer en Ligue 2 toute sa vie, c'est très bien. Ce n'est pas le plus haut niveau mais c'est quand même un championnat relevé et on gagne très bien notre vie donc ça ne me dérangerait pas. Il faut être conscient de ses qualités. Si je peux m'épanouir en Ligue 2 alors pourquoi pas y faire toute ma carrière.
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