Entretien avec… Johan Audel : « J’aimerais bien rester à Nantes »
Après un exil difficile en Bundesliga ponctué par les blessures, Johan Audel est de retour cette saison en Ligue 1. C'est du côté du FC Nantes que cet attaquant persévérant a trouvé un point de chute idéal afin de se relancer. Pour Foot Mercato, le joueur prêté par Stuttgart fait le point sur sa saison mais évoque aussi les moments importants de sa carrière et son futur. Entretien.
Foot Mercato : Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Johan Audel : J'ai commencé tout petit. Ma mère ne voulait pas que je fasse de foot. Mon frère m'a inscrit en cachette le mercredi. C'était assez marrant. Il m'a embarqué avec lui et m'a inscrit dans un club de quartier. Mon professeur d'école qui était entraîneur à l'OGC Nice m'a repéré dans la cour d'école. Et c'est comme ça que j'ai fini à l'OGC Nice. J'ai fait toute ma formation là-bas. Ensuite, j'ai signé mon premier contrat pro.
FM : Quel est votre plus beau souvenir de votre carrière ? Et le pire ?
JA : Mon plus beau souvenir c'est quand Claude Puel me dit que je n'entre plus dans ses plans, qu'on me vend à Valenciennes et que dès mon premier match de championnat avec VA je marque. En deux matches, j'ai mis quatre buts. C'est mon plus beau souvenir parce que j'ai fait taire pas mal de critiques. Mon pire souvenir c'est ma blessure au genou qui est survenue lors d'un entraînement à Stuttgart.
FM : Durant votre carrière, vous avez côtoyé des entraîneurs comme Claude Puel, Christian Gourcuff, Antoine Kombouaré ou Philippe Montanier. Que retenez-vous de leurs méthodes ? Lequel vous a le plus marqué ?
JA : L'entraîneur qui m'a le plus marqué est Christian Gourcuff. Dans mon entourage, l'une des réflexions qui revient le plus souvent est : "Gourcuff à l'air froid". Alors que pas du tout. C'est un fin tacticien. Quand on le voit au premier abord, on croit qu'il est plongé uniquement dans le football. Alors que c'est un gars génial. Humainement, c'est le top d'avoir évoluer sous ses ordres. J'ai eu des entraîneurs avec des tempéraments vraiment différents. J'ai eu ce qui se fait de mieux en France. Montanier c'est quand même quelqu'un qui a apporté la Ligue des Champions à la Real Sociedad. Puel a sorti pas mal de jeunes comme Cabaye, Rami, etc... Kombouaré a entraîné le PSG. Gourcuff, c'est un grand entraîneur. J'ai été servi et j'ai beaucoup appris.
FM : Quel regard portez-vous sur Nice, votre club formateur ?
JA : Je suis Niçois donc c'est le club que je supporte depuis tout petit. Malheureusement, je n'ai pas pu évoluer avec l'équipe première. Mais c'est une équipe que j'adore. Comme tous les Niçois, je suis un amoureux de l'OGC Nice. C'est dommage que je n'ai pas eu l'occasion de jouer avec l'équipe première.
FM : La semaine dernière, Nantes s'est déplacé à Valenciennes, le club où vous avez vraiment explosé. Est-ce la meilleure période de votre carrière ?
JA : C'est la meilleure période de ma carrière. A Stuttgart, j'ai eu de suite une grosse blessure qui m'a empêché de m'exprimer et de montrer ce que je valais. Avant tout, j'étais allé à Valenciennes pour franchir un pallier. Le pallier, je l'avais franchi. Mais la blessure à Stuttgart m'a freiné. J'ai vécu mes plus belles années à Valenciennes. J'ai été performant avec cette équipe. Un club avec un petit budget. Une équipe qui venait de National puisqu'elle avait connu deux montées de suite. Il y avait tout à faire et on ne nous voyait pas rester plus de deux saisons en Ligue 1. J'ai contribué à tout cela. J'ai fait le job là-bas. D'un point de vue individuel, je pense que j'ai pas mal apporté.
FM : Les Nordistes se rapprochent de la relégation en Ligue 2. Que pensez-vous de la situation du club ?
JA : Ça m'embête. C'est le club où j'ai vécu mes plus belles années. Ça me fait quelque chose de les voir dans cette position là. J'apprécie beaucoup le président. C'est un ami. Cela m'embête de voir qu'il est mal entouré à ce point là.
Une expérience compliquée en Bundesliga
FM : Vous avez également tenté le pari de l'étranger avec Stuttgart. Quel bilan en tirez-vous ?
JA : Quand je suis arrivé, on m'a mis tout de suite dans le bain. J'étais bien parti d'ailleurs avant une première blessure à la cheville. Je rejoue et le lendemain je me blesse gravement. Je me fais les croisés alors qu'on avait deux matches dans la semaine contre le Bayern Munich en Coupe et en championnat à la maison. Pour moi, c'était le cauchemar qui commençait. En plus, les matches étaient rediffusés en France donc je me faisais à l'idée de montrer que j'étais toujours là. Ma blessure m'a empêché de m'exprimer pendant deux ans et demi. Ce n'est pas rien. Je garde un goût d'inachevé. Je pense que j'aurais pu m'imposer à Stuttgart.
FM : Quelles sont les différences entre la Ligue 1 et la Bundesliga selon vous ?
JA : C'est complétement différent là-bas. On le voit d'ailleurs tous les week-ends. En France, c'est souvent des 1-0, des 1-1 enfin il n'y a pas beaucoup de buts. Là-bas, on voit des gros scores, des défenseurs qui marquent souvent. En Allemagne, c'est tout pour l'attaque. Ce sont deux football complétement différents.
FM : Pourquoi avoir rejoint le FC Nantes ? Que pensez-vous de la saison du club ?
JA : J'ai rejoint Nantes avant tout pour me relancer. Il était primordial pour moi de revenir en France. C'est sûr qu'au début quitter Stuttgart, un grand club allemand, pour Nantes un promu, c'était un pari. En même temps, le club a aussi parié sur moi puisque ça faisait deux ans que je n'avais pas joué. C'était du donnant-donnant. Je pense qu'on fait une bonne saison. D'un point de vue personnel, je reviens très bien. J'ai eu une petite période de moins bien cet hiver. Après deux ans de blessures, c'était plutôt difficile de revenir et d'être au top tout de suite. Ça se passe bien pour moi. On a quasiment assuré notre maintien le week-end dernier. C'est une bonne saison. Tout au long de ma carrière, je n'ai jamais connu de descente. Et j'espère ne jamais en connaître. Je vais tout faire pour que Nantes reste en Ligue 1... tant que je serai là.
FM : Vous avez inscrit votre premier but avec les Canaris face à VA le week-end dernier. Un but qui fait plaisir j'imagine...
JA : Il était attendu. Je suis venu à Nantes pour être décisif. Après avoir été décisif contre Monaco malgré une défaite, j'ai marqué le premier but d'une longue série. Cela fait plaisir d'être performant de nouveau. J'ai une petite lésion à la cuisse actuellement et j'espère que je vais pouvoir vite revenir. Ce but je le savoure mais j'espère qu'il en appellera d'autres.
FM : Le maintien est en bonne voie pour Nantes...
JA : C'est presque fait à 99%. Maintenant, cela dépend des résultats qu'on fera ce week-end. A priori ça devrait être bon. On va continuer d'essayer de gagner les matches qu'il nous reste pour finir le mieux possible.
FM : Le club est interdit de recrutement cet été. Avec le départ de Djordjevic vous aurez aussi une carte à jouer. Vous êtes prêté avec option d'achat obligatoire en cas de maintien. Quels sont vos plans pour la saison prochaine ?
JA : On me parle souvent du départ de Filip Djordjevic. Mais ici je suis plus utilisé à gauche. Je n'ai pas de plans. Pour le moment je me concentre sur ce que j'ai à faire c'est-à-dire ne plus me blesser, enchaîner les matches et être performant comme je le suis en ce moment. Maintenant, je ne sais pas ce que le club compte faire. On n'en a pas parlé. Je ne sais même pas ce que veux. J'aimerais bien rester à Nantes. Parce que c'est un bon club, c'est en France. A Stuttgart, ça s'est mal passé à cause d'une blessure. En même temps, là-bas on ne m'a pas dit qu'on ne me voulait plus. On m'a prêté parce que pendant deux ans je n'avais pas joué et qu'il fallait que j'ai du temps de jeu. Maintenant je retrouve du temps de jeu et petit à petit mon niveau. Peut-être que là-bas on va me dire finalement tu restes. Je continue à faire le travail sur le terrain. On verra il reste encore un mois et demi. Pour le moment je me focalise uniquement sur les matches qui arrivent.
FM : Mais rester à Nantes ne serait pas pour vous déplaire..
JA : Ce serait bien de rester à Nantes. Après ça ne dépend pas que de moi. Moi, j'aimerais bien rester en France. J'aimerais bien rester à Nantes. Tout va bien pour moi dans ce club. Il faut déjà que je rencontre mes dirigeants. Pour le moment je suis prêté donc je retournerai à Stuttgart. Après s'il se passe quelque chose je ne serais pas contre. Si le club fait des efforts et moi aussi, je pense qu'on peut réussir à s'entendre
FM : Vous avez 30 ans et encore quelques belles années de foot. Pensez-vous malgré tout à votre reconversion ?
JA : Franchement, je ne me projette pas aussi loin. Même si ce sera dans trois ou quatre ans. J'ai plein de projets qui m'intéresseraient. Après comme on ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie... Mais je vais commencer à y penser grâce à vous. (Rires)
FM : On a vu certains joueurs comme Giuly ou Govou revenir à un niveau amateur. Est-ce une chose envisageable pour vous ?
JA: Ça c'est sûr. Je l'ai toujours dit à mes proches. C'est sûr qu'après ma carrière professionnelle je prendrai une licence amateur pour jouer avec mes potes du quartier. C'est évident que je vais rester dans le circuit à très bas niveau. Je m'imagine avec un gros ventre. (Rires) Je jouerai défenseur central par contre.
FM : Dans quelques temps c'est la Coupe du Monde. Quel est votre favori ?
JA : Pour moi, c'est la France. On a une super équipe avec un gros potentiel. Franchement, on a rien à envier à personne. Le seul problème serait qu'il se passe un évènement au sein du groupe comme en Afrique du Sud. Tant que le groupe vit bien, je ne vois pas de raisons pour que la France n'aille pas loin dans cette Coupe du Monde. La France est une très grande nation avec de grands joueurs. Je pense que les Bleus vont nous faire rêver.
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