Ligue 1 : Clermont, en quête d'un second souffle
Auteur d'un début de saison impressionnant avec deux victoires en autant de rencontres, le Clermont Foot 63, promu en Ligue 1 pour la première fois de son histoire, connaît depuis un coup d'arrêt certain. Orphelins de victoires lors des sept dernières journées, les hommes de Pascal Gastien sont désormais en quête d'un second souffle avant d'accueillir, ce samedi à 17 heures, le champion de France en titre lillois.
Au Stade Matmut Atlantique des Girondins de Bordeaux, Clermont entamait, le 8 août dernier, une aventure extraordinaire. Celle d'un promu découvrant, pour la première fois de son histoire, l'élite du football français. Et que dire des débuts clermontois... Porté par l'enfant du club Mohamed Bayo, le CF63 célébrait son arrivée en L1 d'une victoire souffrant d'aucune contestation face au Club Scapulaire dépassé par les principes de jeu séduisants de Pascal Gastien (2-0). Des débuts parfaits confirmés la semaine suivante contre Troyes (2-0) et plongeant rapidement les Auvergnats, co-leaders, en plein rêve éveillé. Pourtant, comme le rappelait Thomas Tuchel, toujours à la tête du PSG le 19 décembre dernier : «la Ligue 1 est un marathon, pas un sprint». Parfaitement sortis des starting-block, les Clermontois semblent, à ce titre, souffrir depuis d'un léger point de côté.
Pointant désormais à la quinzième place de Ligue 1 avec dix points au compteur, le club auvergnat n'a, en effet, plus goûté à la victoire depuis sept journées, malgré certaines prestations collectives très prometteuses, notamment contre l'AS Monaco. Pire défense du championnat avec 20 buts encaissés en 9 journées, Clermont a par ailleurs subi deux cinglants revers face à l'armada parisienne (0-4) lors de la cinquième journée et contre des Rennais déchaînés (0-6) à l'occasion de la septième journée. De quoi altérer quelque peu l'enthousiasme originel. Symbole de cette fragilité défensive naissante et confirmée au fil des semaines, les coéquipiers d'Arthur Desmas, gardant sa cage inviolée lors des deux premières journées, ont depuis concédé au moins un but par rencontre.
Sonné mais Clermont pas résigné
Une dynamique inquiétante qui n'effraie pas pour autant le coach clermontois : «on a fait un bilan des neuf premiers matchs, je pense qu’il est positif pour un club comme nous». Présent en conférence de presse, ce jeudi, avant d'accueillir le LOSC au Stade Gabriel-Montpied, Pascal Gastien a malgré tout évoqué quelques regrets de ce début de saison, notamment concernant l'arbitrage et des axes de travail pour la suite des événements : «je regrette les points qu’on a perdu à domicile, je l’ai toujours en travers de la gorge parce que je pense qu’on méritait beaucoup mieux quand même. Je pense qu’on nous a enlevé quelques points (NDLR : le but refusé à Khaoui, par la VAR, en toute fin de rencontre contre Metz) mais dans le jeu je n’ai pas de regrets particuliers, on a joué crânement notre jeu, on a montré de la personnalité. Après pour établir un bilan parfait, il faut qu’on soit un peu moins naïf et bien plus rigoureux défensivement, je parle des défenseurs mais je parle aussi dans le centre du terrain qu’on soit bien plus en bloc pour espérer quelque chose. Dans l’état d’esprit, dans l’organisation, on est sur ce qu’on savait faire et c’est ce que j’ai retrouvé lors des rencontres précédentes notamment à l’extérieur, donc il faut s’appuyer sur ça et on voit que quand on est solide, solidaire, on peut poser des problèmes aux équipes de Ligue 1.»
En quête de ce second souffle, le Clermont Foot 63 pourra d'ailleurs s'appuyer sur un effectif stable et soudé depuis la saison passée. Plus encore, l'expérience présente au sein de ce groupe pourrait légitimement représenter un atout de poids sur la durée. Avec des anciens comme Florent Ogier (32 ans), Johan Gastien (33 ans) ou encore Jason Berthomier (31 ans), le club clermontois est d'ailleurs la seule formation de l’élite à dépasser la barre des 28 ans (28 ans et 48 jours), ce qui fait d'elle la plus expérimentée du championnat. Le club devance, à ce titre, le PSG (27 ans et 241 jours) et Angers (27 ans et 230 jours). Mais l'expérience ne suffira pas et c'est bien par le jeu que Pascal Gastien et les siens ambitionnent de décrocher le maintien cette saison.
Vice-champion de Ligue 2 l'an passé derrière l'ESTAC Troyes, Clermont est ainsi réputé pour pratiquer un football léché, offensif, attractif et plaisant à regarder. C'est l'une des raisons ayant façonné leur accession à la Ligue 1 et contrairement à d'autres équipes accédant à l'élite par le passé et ayant fait le choix de se renier, les Clermontois ont quant à eux continué à appliquer leur philosophie de jeu offensive depuis le début de saison. Dans les chiffres, le CF63 pointe ainsi à la cinquième place concernant la possession (53%), juste derrière le quatuor formé par le PSG, l'ASM, l'OL et l'OM, preuve de cette volonté d'imprimer leur jeu sur la rencontre. Douzièmes attaque de L1, les Auvergnats sont par ailleurs portés par un duo d'attaque séduisant.
À l'attaque du champion de France en titre
Arrivé cet été en provenance du Büyüksehir Belediye Erzurumspor, Elbasan Rashani, international kosovar (18 sélections, 3 buts) s'est déjà parfaitement intégré au collectif clermontois. Après un début d'exercice passé sur le banc, l'ailier passé par Rosenborg est désormais l'auteur de quatre réalisations (dont un doublé face à l'Olympique Lyonnais) et une passe décisive en neuf journées. Et que dire de l'enfant adulé du club : Mohamed Bayo. Troisième meilleur buteur de L1, l'attaquant international guinéen (2 sélections) porte les Auvergnats sur le front de l'attaque (deuxième au ratio nombre de tirs tentés/cadrés avec un bilan de 24/13) et comptabilise déjà cinq buts, auxquels s'ajoutent deux passes décisives... Des statistiques évocatrices que les coéquipiers de Jim Allevinah devront faire perdurer pour atteindre leurs objectifs. Conscients de l'immense défi qui se présente à eux, les Clermontois abordent malgré tout ce retour de trêve internationale avec confiance et comptent bien s'appuyer sur la prestation défensive aboutie réalisée à Lorient (1-1) lors de la dernière journée pour entamer une nouvelle série positive.
«Si au début de saison on nous avait dit qu’on aurait 10 points à ce moment-là, on aurait signé très honnêtement, après on est très bien parti et on a eu un coup de moins et on ne peut pas se contenter de ça quand on est compétiteur même si on joue le maintien donc voilà faut qu’on fasse plus après cette trêve mais c’est quand même positif. Personne nous attendait là, on est pas relégable, on est pas barragiste non plus donc c’est bien d’être à cette place là au classement. Maintenant il faut regagner et repartir sur une série positive. Il y a des choses qu’on doit retenir, on n’a concédé beaucoup moins d’occasions (ndlr : lors du match nul contre Lorient), à part sur phases arrêtées, c’est ce qui faisait notre force la saison dernière et c’est ce qu’on a un peu perdu ces derniers temps donc il faut retrouver ça sur la durée et puis devant être plus tueur, mettre les occasions quand elles se présentent. Je pense que ce match doit nous servir parce qu’on a encore beaucoup de matches compliqués à jouer et on a besoin de cette solidarité dont on a fait preuve malgré cette égalisation, c’était un nul bénéfique dans les têtes», déclarait ainsi Johan Gastien, le fils de Pascal, en conférence de presse.
Pour se relancer, Clermont croisera donc le fer avec le LOSC, ce samedi à 17 heures, pour le compte de la 10ème journée de Ligue 1. Un match de prestige face au champion de France en titre pour le milieu clermontois (cité précédemment) et l'occasion, surtout, de prendre des points pour mettre fin à cette spirale négative. Face à des Dogues convaincants et bien plus séduisants lors de leurs dernières sorties, le coach auvergnat sait d'ores et déjà que la tâche s'annoncera ardue : «il va falloir faire un exploit pour gagner ce match, le match contre Lorient avant la trêve nous a fait du bien sur le plan défensif et on va devoir être très bons défensivement car eux sont très bons offensivement mais c’est toujours intéressant de se confronter au champion de France parce qu’on joue au football pour ça.» Portés par la ferveur de Gabriel-Montpied, les Clermontois auront ainsi à cœur de prouver qu'ils ont le souffle nécessaire pour assumer une telle course de 38 journées.