Affluences, audiences, réseaux sociaux… ça tourne au fiasco pour la Saudi Pro League !
Prête à tout pour révolutionner la planète football, l’Arabie saoudite n’a pas hésité à investir, au cours des derniers mois, des milliards d’euros pour attirer les plus grandes stars européennes. Pour autant, ces investissements XXL ne se concrétisent toujours pas sur le terrain médiatique…
«La Ligue saoudienne n’est pas pire que la Ligue 1. La Saudi Pro League est plus compétitive que la Ligue 1, je peux le dire après un an passé là-bas. Nous sommes déjà meilleurs que le Championnat français maintenant. (…) Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, je sais ce que je dis. C’est mon avis». Voici ce que déclarait Cristiano Ronaldo à l’occasion de la cérémonie des «Globe Soccer Awards» en janvier dernier. Pourtant, malgré le discours tranché du quintuple Ballon d’Or, aujourd’hui sous les couleurs d’Al-Nassr, force est de constater que l’opération séduction vire, pour l’heure, au fiasco. Nouvel eldorado du football mondial, le championnat saoudien avait pourtant décidé de frapper un grand coup en révolutionnant les codes du marché des transferts depuis plusieurs mois. Au total, lors du dernier mercato estival, la SPL a ainsi déboursé 957 M$, soit un peu plus de 873 M€… Des investissements colossaux permettant aux dirigeants du Golfe d’attirer de nombreux talents d’Europe.
Des audiences inférieures à la National !
Après Cristiano Ronaldo, la Saudi Pro League compte désormais dans ses rangs Karim Benzema, Sadio Mané, Seko Fofana, Roberto Firmino, Edouard Mendy, Allan Saint-Maximin, Riyad Mahrez, Neymar, Kadidou Koulibaly, Yassine Bounou, Sergej Milinkovic-Savic, Fabinho ou encore N’Golo Kanté, pour ne citer qu’eux. Un parterre de stars offrant logiquement aux décideurs saoudiens de très belles perspectives pour le développement du championnat saoudien à l’échelle internationale. Un projet séduisant poussant, par ailleurs, Canal + à mettre la main sur les droits TV de la SPL pour les deux prochaines saisons, à savoir 2023-2024 et 2024-2025. Oui, mais voilà, malgré ces milliards investis, l’arrivée de joueurs de classe mondiale, pour la plupart ambassadeurs sur les réseaux sociaux, et l’entrée de nouveaux diffuseurs, la mayonnaise ne prend pas. Vendredi 1er mars, à 18 heures, l’affiche de la 22e journée de Saudi Pro League entre Al-Hilal et Al-Ittihad (3-1) n’a ainsi attiré que 5 000 téléspectateurs sur Canal+ Foot selon L’Equipe…
Une audience nulle en parts de marché (non comptabilisée par Médiamétrie, ndlr) et six fois moins importante, en nombre de téléspectateurs, que le match de National opposant Rouen à Sochaux (1-0), diffusé le 4 mars dernier sur la même chaîne et au même horaire. Un flop médiatique confirmant la dynamique négative depuis le début de la saison. En effet, sur quarante rencontres de SPL retransmises, Canal + aurait, jusqu’alors, réalisé une moyenne de 15 000 téléspectateurs. Si le quotidien français précise que la chaîne cryptée «n’a pas d’enjeu d’audience pour ce bonus offert aux abonnés», la Ligue saoudienne a, quant à elle, affirmé sa difficulté à fournir des données précises sur ses scores à l’international. «L’obtention d’audiences télévisées précises et complètes, notamment à l’échelle mondiale, constitue un défi de taille, mais cela a été un sujet récurrent dans nos échanges avec nos partenaires et nous essayons d’améliorer notre capacité à recueillir ces données». Malgré des audiences télévisées très décevantes, Peter Hutton, membre du conseil d’administration de la Saudi Pro League, ne s’alarme pas, affirmant que l’audience globale «serait en hausse, particulièrement sur les réseaux sociaux».
Affluences dérisoires, impact relatif sur les réseaux sociaux…
Des propos, aujourd’hui, difficilement vérifiables, qui plus est en l’absence de chiffres précis. «La Liga compte plus de 200 millions de followers sur les réseaux sociaux. La Ligue saoudienne en a 5 millions (9 millions aujourd’hui). Pour atteindre 200, il faut beaucoup travailler. Au niveau des droits audiovisuels, aux États-Unis, on ne voit pas la Ligue saoudienne ; en Afrique, on ne la voit pas ; en Espagne, elle a été vendue, avec Ronaldo, Benzema et tout ça, pour une somme fantastique de 60 000 euros», ajoutait, à ce titre, Javier Tebas, le président de la Liga, lors du Thinking Football Summit de Lisbonne en septembre dernier. Alors, certes, la diffusion du championnat saoudien se veut grandissante dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) avec l’apparition de nouvelles plateformes mais l’absence de beIN Sports, réseau qatari et rival de l’Arabie saoudite malgré un réchauffement diplomatique certain au cours des derniers mois, se fait bel et bien ressentir. Seuls candidats à l’organisation de la Coupe du monde de football 2034, les Saoudiens n’ont, pour autant, pas prévu de stopper ce projet XXL. Malgré des audiences aux allures de fiasco, les hautes sphères de la SPL entendent bien attirer de nouvelles stars dans les mois à venir, alors que le quota de joueurs étrangers devrait lui passer de huit à dix par équipe la saison prochaine.
Outre ces considérations liées au produit télé, ce très faible engouement autour de la Saudi Pro League se vérifie également dans les différents stades saoudiens. Dès lors, si Al-Hilal et Al-Nassr parviennent régulièrement à remplir leur enceinte, les autres formations de SPL rencontrent de grosses difficultés à l’heure de ramener les fans dans les travées. Champion en titre, Al-Ittihad voit ainsi son antre de 62 000 places sonner régulièrement creux. Un flop général poussant Cyril Linette, ancien directeur des sports de Canal +, à imaginer un nouveau scénario plus porteur. «La Ligue devrait adopter un vrai comportement de challenger, jouer à fond la carte de l’entertainment, pourquoi pas avec un aménagement des règles du jeu, des interviews de joueurs pendant les matches, des codes proches du gaming, ce genre de choses… Une compétition comme celle-ci, qui part de zéro, si elle ne crée pas des conditions de différenciation, elle n’a aucune chance de réussir», confiait ainsi l’intéressé pour le quotidien L’Equipe. Non, l’argent ne fait pas tout et la Saudi Pro League va rapidement devoir innover pour (enfin) exister sur la scène médiatique.
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