Dans une phase éliminatoire largement à leur portée, les Bleus devront toutefois se méfier de la Turquie, qu’ils affronteront samedi soir à Konya. La sélection turque, en pleine phase de reconstruction, peut compter sur sa nouvelle génération dorée pour espérer faire un bon parcours à l’Euro 2020.
La nomination de Senol Günes en tant que sélectionneur de la Turquie, le 28 février dernier, a dû rappeler aux supporters turcs de beaux souvenirs. Le tacticien, qui vient de quitter le club de Besiktas, est celui qui a porté Ay-Yıldızlılar («les étoiles du croissant», surnom de l’équipe turque) sur le podium à la Coupe du monde 2002 (3e), lors de la plus belle épopée de l’histoire de l’équipe nationale. Depuis, mis à part une belle demi-finale à l’Euro 2008 (défaite 3-2 contre l’Allemagne), la Turquie n’a plus vraiment réussi à s’illustrer sur la scène internationale.
Mais elle peut nourrir des espoirs pour le prochain Euro, portée par une nouvelle génération de joueurs talentueux. Une pépite centralise notamment l’attention en Turquie : Cengiz Ünder (21 ans), l’ailier droit de l’AS Rome, qui affole déjà le prochain mercato. Souvent blessé cette saison, le Turc n’en demeure pas moins un élément porteur d’avenir pour la sélection. Percutant, doté d’une belle vision du jeu, bon dribbleur, avec un centre de gravité bas (il mesure 1,73 m), il ne lui manque qu’un physique un peu plus solide pour vraiment exploser aux yeux du grand public.
Un seul vétéran de l’épopée de 2002
Parmi les autres jeunes pousses turques, auxquelles le sélectionneur accorde assez facilement sa confiance, on peut citer les défenseurs Zeki Celik (22 ans, Lille), auteur d’un doublé contre l’Ouzbékistan dimanche dernier (2-0), Merih Demiral (21 ans, Sassuolo), Ozan Kabak (19 ans, VfB Stuttgart, il sera absent contre la France en raison d’une fracture du nez), Caglar Söyüncü (23 ans, acheté 21 M€ l’été dernier par Leicester), les milieux Abdülkadir Ömür (19 ans, Trabzonspor), Yusuf Yazici (22 ans, actuellement à Trabzonspor mais pisté par le LOSC), Dorukhan Toköz (23 ans, Besiktas) et les attaquants Enes Ünal (22 ans, Real Valladolid) et Güven Yalcin (20 ans, Besiktas).
Pour encadrer cette jeune génération, Senol Günes a gardé quelques cadres, dont le plus emblématique, le milieu Emre Belözoglu (38 ans, Istanbul Başakşehir), seul vétéran de l’épopée de 2002 encore présent dans l’équipe. S’il devrait bientôt raccrocher les crampons, il peut encore apporter l’expérience de ses 96 sélections dans un vestiaire rajeuni. Mais en vue de l’Euro 2020, le sélectionneur pourra se baser sur d’autres cadres, avec notamment l’avant-centre Cenk Tosun (Everton), qui sera absent contre les Bleus, en raison d’une blessure aux ligaments croisés du genou gauche, et l’ailier gauche Hakan Çalhanoğlu (AC Milan). Ce dernier sort d’une saison mitigée avec les Rossoneri, où il était essentiel au 4-3-3 mis en place par Gattuso, mais avec un faible rendement (3 buts en Serie A).
Une stabilité à trouver
Çalhanoğlu a le statut aujourd’hui pour porter le brassard de capitaine de la Turquie (il l’a porté une fois en novembre), longtemps détenu par Mehmet Topal (non retenu dans la dernière liste de Günes), mais tout n’est pas encore clair concernant la hiérarchie dans cette sélection turque, en pleine phase de reconstruction. En témoigne la valse des capitaines, qui ont successivement changé lors des quatre dernières rencontres (Özyakup, Tosun, Yilmaz, Belözoglu), les changements de onze de départs fréquents et les modifications dans le système de jeu (même si le 4-1-4-1 adopté lors des deux derniers matches semble être privilégié par le sélectionneur).
Si aucune place ne semble donc assurée dans cette équipe turque, 39e au classement FIFA, les résultats sont au moins déjà là. Après une année 2018 compliquée (non-qualification pour la Coupe du monde, relégation en Ligue C de Ligue des nations), les Turcs ont parfaitement commencé leur campagne d’éliminatoires pour l’Euro 2020, avec deux victoires contre les modestes Albanie (2-0) et Moldavie (4-0), ce qui les place en tête du groupe H avec la France. Depuis, ils ont enchaîné avec deux succès en amical (2-1 contre la Grèce et 2-0 face à l’Ouzbékistan), soit une série de quatre victoires, chose qu’ils n’avaient plus connue depuis…2015.
La Turquie ne part pas défaitiste face à la France
Désormais, l’objectif est clair pour Senol Günes et ses hommes : bâtir une équipe solide capable de réaliser un bon parcours à l’Euro 2020. Pour cela, ils devront se défaire de leur principal concurrent à la 2e place, l’Islande, chez qui ils se déplaceront le 11 juin, dans une rencontre capitale. Mais le récent déclin des Islandais, causé par l’essoufflement de toute une génération, devrait profiter aux Turcs, qui rêvent même de concurrencer la France en tête du groupe.
Si Senol Günes reconnaît que le «premier objectif est d’éliminer l’Islande», le sélectionneur vise également plus haut : «Nous sommes prêts à gagner le match contre la France. Bien sûr, la France est très forte, c’est l’équipe la plus puissante du groupe et la première nation mondiale, son équipe est disciplinée et enthousiaste à l’idée de porter ce fardeau. Nous ne capitulerons pas. Nous ferons tout dans notre philosophie de jeu. Nous allons essayer d’appliquer nos tactiques défensives et offensives en France.» Les Bleus sont donc prévenus, eux qui vont affronter pour la cinquième fois de leur histoire Ay-Yıldızlılar (pour un bilan de quatre victoires), dans une ambiance qui promet d’être chaude, comme toujours en Turquie, au Konya Büyükşehir Belediye Stadyumu (à 20h45, à suivre en direct commenté sur notre site).
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