L'Argentine a failli se saborder, mais a validé sa place en demi-finale de la Coupe du Monde 2022 au terme de la séance de tirs au but d'un match animé (2-2, 4 TAB à 3). Lionel Messi a pleinement assumé ses responsabilités en portant l'Albiceleste.
Juste avant d'entamer leur quart de finale contre les Pays-Bas, les Argentins ont évidemment été marqués par l'élimination prématurée de leur meilleur ennemi brésilien, contre la Croatie. De quoi donner encore plus de motivation pour Lionel Scaloni, qui a décidé de passer à cinq défenseurs pour cette rencontre, avec l'entrée de Martinez dans le onze, afin de contrer l'armada offensive néerlandaise composée de Depay, Gakpo et Bergwijn.
Lionel Messi encore éblouissant
Et s'ils ont effectué une bonne entame de match, à l'image de la première occasion obtenue par Bergwijn (9e), les Pays-Bas ont ensuite subi les offensives argentines tout au long de la première période. L'attaque de l'Albiceleste n'était pas non plus flamboyante, mais l'illumination de Messi est (encore) venue pour faire basculer la rencontre. Laissée libre dans sa zone de prédilection, La Pulga a fait la différence facilement et s'est amusé avec Aké, avant de servir merveilleusement Molina pour l'ouverture du score (1-0, 35e).
Assez logiquement, l'Albiceleste menait alors au score face à une équipe oranje décevante, par rapport à ce qu'elle avait montré jusqu'à présent dans ce Mondial 2022, au Qatar. Les Néerlandais n'ont pas réussi à trouver la faille. Même au retour des vestiaires, c'est l'Argentine qui a montré un meilleur visage. Messi était d'ailleurs proche de doubler la mise, mais son coup-franc effleurait la barre transversale (63e). Et après un contact de Dumfries avec Acuna dans la surface, le Parisien a finalement fait le break sur penalty, au grand bonheur de son peuple (2-0, 73e).
Les Pays-Bas y ont cru jusqu'au bout
Impuissants, les Néerlandais ont réussi à réduire le score grâce à une tête de Weghorst (2-1, 84e). Et alors qu'on s'attendait à voir une fin de match gérée par l'Argentine, les Pays-Bas ont poussé jusqu'au bout. Et sur un dernier coup-franc concédé par un Paredes catastrophique depuis son entrée, Weghorst, après une belle combinaison, parvenait à égaliser et s'offrir un doublé pour faire exploser toute la Hollande (2-2, 90e+11)... et laisser place encore aux prolongations. Et là encore, l'Albiceleste poussait... mais Noppert se montrait vigilant et poussait l'Argentine jusqu'aux tirs au but.
La qualification s'est donc jouée à rien. Et grâce à un Martinez en feu, qui a arrêté deux penalties, l'Argentine a fait le plus dur et s'est qualifiée aux tirs au but ! Sous les yeux d'un Brésil en pleurs, l'Argentine peut célébrer cette qualification en demi-finale contre la Croatie, même si elle s'est fait très peur jusqu'au bout, alors qu'elle tenait le match pendant 80 minutes. Et elle peut dire merci à son génie Lionel Messi, maintenant à deux matchs de pouvoir soulever le dernier trophée qu'il lui manque de toute sa carrière.
L'homme du match : Messi (8)
En capitaine exemplaire, le septuple Ballon d'Or a montré la voie à son Argentine. Toujours aussi menaçant et ingérable balle au pied, le n°30 du PSG, avec ses coups de rein bien connus, a fait mal quand il prenait de la vitesse. Dans son style habituel, souvent en marchant et en décrochant assez bas, la Pulga s'est montrée décisive et a fait la différence. D'abord en tant que passeur, grâce à une passe (sa 54e décisive en sélection) laser que peut-être personne n'aurait réussi dans un trou de souris pour Molina (35e), avant d'assumer ses responsabilités en transformant un penalty (73e). Il a pris des initiatives, mais a aussi parfois manqué de précision dans la zone décisive. Il n'a pas tremblé pour mettre son tir au but au fond des filets lors de la séance fatidique.
Pays-Bas
Noppert (4,5) : une frappe envolée de Lionel Messi à la 22e minute de jeu avait été le seul frisson ressenti par le portier batave au début de la rencontre - Rodrigo De Paul ayant tenté sa chance par ce qui ressemblait plus à une passe qu'à une frappe (33e). C'était sans compter sur une inspiration géniale de Lionel Messi, distillant un ballon de but à Nahuel Molina (35e). En seconde période, il est resté pantois sur le but du break signé Lionel Messi (73e), sans toutefois avoir été grandement mis à contribution. En prolongation, il a notamment réalisé une double parade et s'est vu être sauvé par son poteau dans les dernières secondes.
Timber (6,5) : averti pour contestation peu avant la mi-temps (42e), le central droit des Pays-Bas a réalisé une première période intéressante, loin de se cacher face aux assauts argentins. Pas forcément aidé par Denzel Dumfries, auteur d'une prestation morose, le joueur de l'Ajax Amsterdam a cependant délivré une prestation de très bon niveau, s'opposant aux vagues argentines, allant chercher le ballon dans les pieds des joueurs offensifs et se montrant très dur sur l'homme.
Van Dijk (5,5) : le patron de la défense néerlandaise a joué une grande partie de la rencontre dans un fauteuil, jamais gêné dans la première relance. Finalement assez peu mis en difficulté, il a cependant provoqué une faute qui a bien failli couter cher à son équipe à l'heure de jeu. Avec 88 ballons touchés, il est le joueur batave le plus trouvé, témoignant de la liberté qui lui a été laissée par les offensifs de l'Albiceleste. Mis sous pression en fin de prolongation, il a notamment sorti une frappe lourde de Lautaro Martinez de son cadre (113e). Premier tireur de la série de pénaltys, il a buté sur Martinez.
Aké (6,5) : auteur d'une première demi-heure très virile, le défenseur de Manchester City a été déboussolé par la prise de balle de Lionel Messi, juste avant que ce dernier ne délivre une passe décisive sublime à Nahuel Molina (35e). Très actif sur son axe gauche, il n'a pas perdu le moindre duel (4/4) et a été plutôt précis dans le jeu long (5/7).
Dumfries (2,5) : étincelant face aux États-Unis lors du tour précédent, il était attendu dans sa confrontation face à Marcos Acuña. Assez peu dominant dans le duel (5 remportés sur 12), il a tenté d'apporter de sa présence en phase de possession, venant s'incorporer à la ligne offensive batave. Une soirée difficile pour le joueur de l'Inter Milan, fautif sur le pénalty du break argentin (72e).
De Jong (6) : devant composer avec le pressing tout terrain de Rodrigo De Paul, il a cependant fait, comme à son habitude, preuve de beaucoup de sérénité balle au pied. S'il a parfois tenté de porter le ballon dans le camp adverse, il est également venu le chercher dans les pieds de ses centraux pour tenter d'enclencher du mouvement. Précis dans son jeu de passes (91% de réussite), il a encore montré pourquoi il était un chaînon indispensable de cette équipe, en dépit de son élimination.
De Roon (4) : contraint de négocier avec peu de libertés, en raison de l'infériorité numérique du milieu de terrain batave, le joueur de l'Atalanta Bergame a délivré une performance plutôt discrète. À tel point qu'il a été remplacé par Teun Koopmeiners (46e) (noté 6/10) dès le retour des vestiaires. Plus technique que son coéquipier, il s'est notamment distingué par sa malicieuse passe décisive pour Weghorst en toute fin de rencontre.
Blind (3,5) : il s'est fait griller la priorité par Nahuel Molina sur l'ouverture du score (35e) et a beaucoup moins pesé qu'à l'occasion du huitième de finale, face à la Team USA. Une prestation des plus sobres, malgré un travail défensif plutôt notable, pour le piston gauche des Pays-Bas, remplacé par Luuk de Jong (64e) (noté 5/10) qui a pesé par ses caractéristiques physiques.
Gakpo (4) : positionné en soutien de ses deux attaquants, la pépite du PSV a perdu de nombreux ballons au cours de la première période. Placé un cran plus haut au cours du second acte, on l'a vu parcourir une large zone de l'aire de jeu, couvrant toute la largeur de cette dernière. Une activité jamais récompensé, lui qui a perdu la moitié des ballons qu'il a eu à négocier (21). Remplacé par Noa Lang (113e).
Bergwijn (4) : il est certainement le joueur qui s'est rendu le plus disponible pour venir prêter main forte à une équipe néerlandaise ayant eu les plus grandes peines du monde à se créer des occasions. Mais, finalement plus attelé à tenter d'éclairer le jeu plutôt qu'à se créer des occasions, il a été remplacé par Steven Berghuis (46e) (noté 6,5/10). Un choix tactique payant puisque le milieu offensif s'est mué en passeur décisif, pour redonner de l'espoir à ses coéquipiers (83e). Quelques secondes plus tard, il a failli devenir le héros de son équipe, voyant sa frappe puissante finir dans le petit filet extérieur de Martinez.
Depay (4) : parfois dans l'axe, souvent à gauche, le Barcelonais a, à plusieurs reprises, été contraint à décroché pour venir toucher quelques ballons dans le coeur du jeu. Jouant de diverses déviations, il a beaucoup tenté... et beaucoup raté. Pour preuve, sur les 48 ballons qu'il a touché plus d'une heure de jeu, il en a perdu pas moins de 18. Remplacé par Wout Weghorst (78e) (noté 8/10), auteur d'une entrée on ne peut plus décisive, buteur à deux reprises pour permettre aux Pays-Bas d'arracher l'égalisation (83e, 90e+11).
Argentine
Martinez (5) : le portier d'Aston Villa n'a pas vécu le match le plus compliqué de sa carrière. Mais il a tout de même été chercher le cuir au fond de ses filets à deux reprises, sans qu'il puisse toutefois y faire grand-chose. Il s'est contenté de bien lire le jeu (18e, 45e+1, 118e, 119e), mais ses hésitations n'ont pas vraiment eu de quoi rassurer ses partenaires au moment où ils en avaient le plus besoin. Il s'est rattrapé en arrêtant les tirs au but de Van Dijk et Berghuis.
Molina (7) : extrêmement mobile et très souvent aux avant-postes en raison de son nouveau rôle de piston dans ce Mondial, le latéral de l'Atlético de Madrid a parfaitement fait le job. Ce n'est pas un hasard si c'est lui qui, avec le sang-froid d'un avant-centre, a inscrit le premier but de la partie (35e). Il a énormément proposé offensivement, sans jamais être mis en difficulté défensivement (3 dégagements, 1 interception, 1 tacle). Une grosse perf'. Remplacé par Montiel (105e).
Romero (6,5) : le défenseur de Tottenham a bien tenu la baraque. Très précieux dans sa surface et aux alentours (3 dégagements, 2 tacles, 4/5 aux duels), il a bien repoussé les timides assauts néerlandais. À noter qu'il a écœuré ses adversaires dans le domaine aérien. Averti pour avoir repris de volée le ballon avec la main (45e). Remplacé par Pezzella (78e, 3), qui pourra longtemps regretter sa faute bête et inutile conduisant à l'égalisation néerlandaise (90e+11).
Otamendi (5) : l'expérimenté défenseur du Benfica a été très solide sur ses appuis et dans les duels... pendant presque tout le match, avant de flancher quand la pression autour de sa surface s'est accentuée après le premier but des Oranje. Autrement, l'ancien de Man City a plutôt bien géré la profondeur et imposé un sacré défi physique à ses vis-à-vis. Averti pour protestation (90e+12).
Lisandro Martinez (5) : venu renforcer la charnière centrale, le joueur de Manchester United s'est distingué par sa combativité, son engagement sans faille et plusieurs bons jaillissements dans les pieds des attaquants adverses. Sa mentalité de guerrier ne l'a pas empêché d'être en difficulté dans le domaine aérien. Il est notamment beaucoup trop en retard et fautif sur le but néerlandais signé Weghorst (83e). Remplacé par Di Maria (112e), auteur d'une bonne entrée.
Acuña (6,5) : il savait qu'il allait devoir cravacher face à Dumfries dans son couloir, et le latéral gauche du Séville FC va probablement bien dormir au Qatar. Il a multiplié les courses dans son couloir, donnant du fil à retordre aux Néerlandais, aussi bien défensivement (9 duels remportés sur 13 disputés) qu'offensivement, où il a souvent amené du danger, à l'image du penalty obtenu pour une faute de Dumfries. Averti pour une semelle maladroite sur le latéral de l'Inter (43e), il sera suspendu pour la demi-finale contre la Croatie. Remplacé par Tagliafico (78e, 4), qui n'a pas fait d'étincelles.
De Paul (6) : critiqué depuis le début du Mondial, le milieu de l'Atlético a répondu présent dans ce quart de finale (5/8 duels remportés). Il a su se rendre constamment disponible pour ses coéquipiers dans toutes les zones du terrain. Sa qualité technique s'est avérée très utile, notamment dans le dernier tiers (1 passe clé), où il aurait parfois pu mieux faire dans le dernier geste. Remplacé par Paredes (67e, 2), qui a fait du Paredes. Sa finesse poétique lui a logiquement valu son habituelle biscotte (89e). Ses fautes, largement évitables, ont elles peut-être coûté la victoire à l'Argentine.
Fernandez (5) : positionné dans un rôle de sentinelle, le jeune talent argentin a plutôt bien rempli ses tâches de chien de garde devant la défense (1 dégagement, 1 tir bloqué, 1 tacle, 5/9 aux duels). Il n'a pas beaucoup quitté sa zone, on l'a donc moins vu offensivement, ce qui est regrettable, car quand il l'a fait, l'Argentine a failli marquer (114e, 115e), alors qu'il a même touché le poteau (120e+1). Son positionnement et son retard au duel sur le but égalisateur de Weghorst (90e+11) viennent entacher sa copie finale, tout comme son tir au but non cadré.
Mac Allister (5) : le milieu de Brighton a globalement fait du bien dans l'entrejeu grâce à sa capacité à pouvoir garder le ballon et remonter du terrain pour permettre à son bloc de sortir. Un peu frileux offensivement, à l'image de cette passe trop longue alors que De Paul se trouvait en situation idéale (59e), il n'a pas pris trop de risques dans le dernier tiers.
Messi (8) : notre homme du match, voir ci-dessus.
Álvarez (4) : l'ancien buteur de River Plate n'a pas connu la partie la plus amusante de sa partie (28 ballons joués seulement, aucun tir), mais il n'a rien lâché sur le front de l'attaque et sa combativité est à souligner. L'attaquant de Manchester City aura d'autres occasions de prouver qu'il ne fait que de monter en puissance. Remplacé par Lautaro Martinez (82e, 5), très volontaire. L'attaquant de l'Inter a fait des différences et est passé proche d'inscrire le but qui aurait délivré sa nation en prolongation (114e, 119e). Il a au final envoyé l'Albiceleste en demi-finale de ce Mondial 2022 au bout de la séance des tirs au but.