Canal Plus réagit aux problèmes de Mediapro et prévient la LFP
Les misères rencontrées par le football français avec Mediapro ne réjouissent pas le président de Canal Plus Maxime Saada, qui avait vu venir le désastre. Mais il prévient, il ne viendra pas forcément jouer les sauveurs en cas de nouvel appel d’offres.
En ne payant pas son échéance du 5 octobre dernier, Mediapro, principal diffuseur du championnat de France (Ligue 1 et Ligue 2), a plongé le football français dans le flou. Le patron du groupe sino-espagnol Jaume Roures s’est voulu rassurant lors de sa récente conférence de presse, sans donner la moindre garantie d’un retour à la normale, à savoir le paiement des traites. Une procédure de conciliation a même été lancée avec la Ligue de football professionnel (LFP), ce qui risque de geler le règlement de la prochaine échéance prévue le 5 décembre. Les présidents de clubs réagissent régulièrement à cette nouvelle donne, qui les place dans une situation au mieux inconfortable, au pire intenable.
Mais quid de Canal Plus, diffuseur historique de la L1 et détenteur de 2 matches sur 10 à chaque journée de Ligue 1 ? Interrogé par Les Echos, le président de Canal Plus, Maxime Saada, a lui aussi exprimé son inquiétude et a, au passage, égratigné la justification de Mediapro. « Je suis en effet très inquiet pour le foot français. La situation de Téléfoot n’a rien à voir avec la crise sanitaire. Depuis la reprise, les matchs se sont joués et se jouent aux dates et aux horaires attendus. Il ne faudrait pas que cette situation d’absence de paiement des droits TV dure trop longtemps, cela risquerait d’abîmer l’image, la qualité, et in fine la valeur de la Ligue 1. Déjà, nous le voyons, les gens s’en détournent. On observe par ailleurs une véritable explosion du piratage depuis le lancement de Téléfoot… Quand des mauvaises habitudes se prennent, il est très difficile de revenir en arrière. »
Canal Plus pas forcément dans la peau du sauveur ?
Dès l’annonce du défaut de paiement de Mediapro il y a quelques semaines, beaucoup avaient ressorti l’interview de Maxime Saada au lendemain de la perte des droits TV de la Ligue 1, où ce dernier s’étonnait du prix payé par le nouvel acteur sur le marché et sur l’impossibilité de le rentabiliser. Il n’a pas changé d’avis avec les récents événements évidemment. « Il y a toujours quelqu’un qui pense qu’il pourra mieux que nous rentabiliser des droits en payant plus cher que Canal. Comme vous le savez et je me suis prononcé sur le sujet dès le lendemain de l’appel d’offres, j’ai toujours pensé que l’équation économique était intenable compte tenu du prix payé pour les droits. » Si Mediapro ne parvient pas à s’entendre avec la LFP, il faudra alors envisager un nouvel appel d’offre. Et certains espèrent déjà voir Canal Plus reprendre les choses en main.
Maxime Saada ne l’ignore pas, mais il ne va pas abattre ses cartes maintenant. Lorsqu’il lui est demandé s’il pourrait de nouveau investir dans le football français, le président de Canal Plus assure qu’il n’a pas particulièrement besoin de ce produit dans son offre actuelle. « En réalité, l’arrivée de Téléfoot ne nous a pratiquement pas fait perdre d’abonnés lors de cette rentrée. Nous enregistrons même, pour la première fois depuis longtemps, une croissance de notre parc d’abonnés en France grâce au travail de Frank Cadoret et de ses équipes. Par ailleurs, nous avons réinvesti une large partie des sommes initialement consacrées à l’appel d’offres Ligue 1. Nous avons racheté un lot clé de cette compétition à beIN avec lequel nous avons également signé un accord de distribution exclusif. Nous avons investi dans Disney + et dans la Ligue des champions qui reviendra chez nous la saison prochaine avec, pour la première fois, les deux plus belles affiches de chaque journée. Elle viendra compléter une offre sport riche de Ligue 1, de Top 14, de Formule 1, de MotoGP, de Premier League, de golf, de boxe, etc. Cette stratégie fonctionne et il n’est pas question de faire plonger Canal+ dans le rouge en réinvestissant à perte dans le football. » Une manière, peut-être, de se faire désirer, et de prévenir la LFP et les présidents de clubs qu’un nouvel appel d’offre ne garantira pas de la part de Canal Plus des sommes à la hauteur de celles promises par Mediapro…
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