Pourquoi le PSG avait viré Thomas Tuchel
Alors que son nom revient de nouveau dans les oreilles, Thomas Tuchel peut-il être une solution viable au sein de ce PSG ? Pour tenter d’y répondre, retour sur le premier passage de l’Allemand sur le banc du PSG, achevé avec fracas à la veille de Noël en 2020.
Rarement un entraîneur étant déjà passé par le banc parisien aura fait l’unanimité pour un possible retour deux ans après son premier passage. Depuis que le nom de Thomas Tuchel est ressorti du chapeau, les commentaires sont très positifs de la part des observateurs et supporters. Il faut dire que l’Allemand avait été limogé, à la surprise générale, le 23 décembre 2020, au soir d’une large victoire 4-0 contre Strasbourg. A l’époque, Leonardo avait décidé de trancher dans le vif, avec l’appui de Doha, mécontent des résultats (le PSG était alors seulement 3e de Ligue 1 depuis une défaite sur la pelouse de l’OL début décembre) et des sorties médiatiques parfois virulentes du coach allemand.
Le timing, peu élégant, avait surpris, la forme aussi, mais la menace était réelle. Tuchel avait été nommé en 2018, par la volonté de l’état-major à Doha, et avait collaboré avec le directeur sportif de l’époque Antero Henrique, peu disert dans les médias. Dès sa première saison, Tuchel pouvait émettre des critiques sur le recrutement (par exemple sur la lenteur des négociations pour finaliser l’arrivée de Paredes), Henrique ne répliquait pas. Avec Leonardo, revenu au club en juin 2019, c’était une autre histoire. Le Brésilien, s’il a déchargé Tuchel d’une partie de l’incarnation médiatique du club, n’a pas aimé les attaques parfois lancées par l’entraîneur en conférence de presse. Et a finalement décidé de dire stop brutalement.
Sur le plan du jeu, Thomas Tuchel a su séduire son effectif, peu chaleureux avec son prédécesseur Unai Emery. « La touche Tuchel, ça a été de conscientiser l’ensemble du groupe sur le travail collectif et sur l’esprit d’équipe, et c’est justement ça qui peut nous amener loin », expliquait par exemple Thomas Meunier en décembre 2018. Des mots doux qui feraient rêver Christophe Galtier, dont la volonté initiale était d’aboutir à cette conclusion. La problématique du numéro 6, éternel débat après le départ de Thiago Motta, n’a pas été résolue par les nouveaux arrivants, Tuchel a donc innové avec Marquinhos. Là encore, cela a longtemps fait débat, mais ce choix a bien amené le PSG en finale de la Ligue des Champions en août 2020.
Tuchel frustré par les méandres parisiens
De même, Tuchel aura été celui qui avait installé Neymar dans un rôle plus axial. Entre les deux hommes, le courant passait bien. Mais le coach allemand a aussi connu les affres habituelles d’un entraîneur parisien. Et quelques heures avant son limogeage le 23 décembre 2020, une interview parue dans le média allemand Sport1 était révélatrice de ces maux. « En toute honnêteté, au cours des six premiers mois, je me suis dit : "suis-je toujours entraîneur ou suis-je un politicien du sport, un ministre des sports ? Où est mon rôle d’entraîneur dans un tel club maintenant ? (…) Parfois, c’est très facile, parfois, un gros défi, car un club comme le PSG a de nombreuses influences qui vont bien au-delà des intérêts concentrés de l’équipe ».
Avec Mbappé, Neymar, Cavani, Icardi, Di Maria, Draxler au sein de son secteur offensif, Tuchel a parfois tâtonné, avant d’aligner un 4-4-2, presque de manière diplomatique pour contenter les stars offensives, la direction du club, et le grand public, avec Neymar et Di Maria en soutien de Mbappé et Icardi. Tout n’a pas été parfait sur le plan du jeu durant son mandat, avec des prestations parfois indigentes, la recherche du bon équilibre au milieu de terrain et en attaque, des recrues réclamées qui n’ont jamais convaincu (Kehrer notamment), d’autres qui semblaient farfelues (Rüdiger, qu’il a parfaitement exploité à Chelsea). Sa manière de gérer la communication vis-à-vis de l’extérieur n’a pas toujours plu, entre coups de gueule et critiques envers sa direction sportive.
La question qui se pose aujourd’hui concerne principalement les contours d’un possible retour. En quoi le PSG a-t-il changé pour lui offrir les garanties d’un fonctionnement différent de celui qu’il avait connu, et au final peu apprécié ? Si Tuchel n’est pas un entraîneur qui réclame la mainmise sur le mercato, au contraire, il veut une liberté absolue dans la conduite de son groupe et dans ses choix sportifs. Ce qui s’est avéré compliqué aussi bien pour Pochettino que pour Galtier avec la présence du trio Neymar-Mbappé-Messi… En 2019, Tuchel avait été capable de mettre Mbappé sur le banc lors d’un OM-PSG à cause d’un retard à la causerie matinale. Et il n’avait pas encore garni son palmarès d’un titre de champion d’Europe avec Chelsea.
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