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Harrison Manzala : « Je suis un gros geek comme 90 % des footeux »

À 30 ans, Harrison Manzala a déjà mis un terme à sa carrière de footballeur professionnel et s’est lancé dans une nouvelle aventure : le streaming. Pour Foot Mercato, l’ancien ailier d’Amiens s’est livré sur sa carrière, sa nouvelle vie ainsi que ses différents projets.

Par Alexandre Chaillol
10 min.
Itw Manzala @Maxppp

Après des mésaventures en Turquie et en Roumanie, Harrison Manzala a fait le choix de stopper sa carrière de footballeur professionnel. Peu de temps après, le natif d’Aubervilliers a décidé de rejoindre le monde du streaming avec le collectif DVM. Il participe ainsi au DVM Show, une émission sur Twitch qui a pour particularité d’inviter des rappeurs pour qu’ils y produisent un showcase. Celui qui il y a un an de cela côtoyait le monde du ballon rond est aujourd’hui pleinement impliqué dans le monde du rap et du streaming, où il fait son trou petit à petit. De retour à Paris dans sa région natale depuis plus d’un an, l’attaquant de 30 ans nous a donc accordé plus d’une heure d’entretien afin de revenir sur sa trajectoire peu commune d’après carrière pour un ancien footballeur.

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Foot Mercato : cela fait désormais plus d’un an que tu es sans club, est-ce que le foot te manque dans ton quotidien ?

Harrison Manzala : en vrai, ce qui me manque, c’est l’ambiance du vestiaire. D’avoir ses potes, se charrier, etc… C’est ça qui me manque plus que le foot en lui-même.

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FM : comment s’est passée ta dernière expérience en Roumanie au Petrolul Ploiești ? Est-ce à cause de celle-ci que tu as décidé de stopper ta carrière ?

HM : c’est à cause de cette expérience et celle en Turquie. Ça a été un peu similaire, des problèmes de paiements, des promesses non tenues qui ont fait que j’ai craqué entre guillemets. Ça m’a fait une bonne petite usure.

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FM : quand tu signes en Turquie, t’attends-tu à rencontrer ce genre de problèmes ?

HM : sur le moment, quand je signe, je n’y pense pas. Quand on parle de la Turquie, on dit souvent qu’il faut faire attention, mais on se dit toujours, ça arrive aux autres, pas à nous. Au final, ça peut arriver à tout le monde donc ça m’est malheureusement arrivé.

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FM : as-tu eu des propositions, des offres de clubs depuis ?

HM : j’ai eu Châteauroux cet hiver, je me suis entraîné et ça s’est bien passé. Malheureusement, Châteauroux, financièrement, ils ont eu un petit souci avec la DNCG, ils ne pouvaient donc pas se permettre de débloquer des fonds. C’est le seul moment où je me suis dit peut-être que je vais reprendre ma carrière, mais après, j’ai pris ça comme un signe et je me suis dit, il ne faut pas forcer.

FM : tu serais prêt à rechausser les crampons et à signer dans un club encore aujourd’hui ?

HM : je ne sais pas, il faut voir si j’ai encore du gaz. Quand je suis parti à Châteauroux, ça m’a prouvé que j’en avais encore. Ça peut être oui comme non mais pour le moment, ce n’est plus non vu qu’il faut dire la vérité, je suis inactif en ce moment.

FM : comment as-tu géré ton après-carrière de footballeur professionnel ?

HM : la chance que j’ai eue, c’est que j’ai rencontré des gens dans le monde du streaming donc je n’ai pas eu le temps d’avoir une dépression ou de me lamenter sur mon sort. Dès que j’ai stoppé, j’ai fait directement une activité qui m’a plu, les potes qui jouent avec moi savent que j’aime beaucoup le monde des jeux vidéo.

«Je suis un gros geek comme 90 % des footeux»

FM : après ta mésaventure en Roumanie, tu te lances dans le streaming sur Twitch. Pourquoi s’être lancé dedans ?

HM : de base, je suis un gros geek comme 90 % des footeux, mais moi, je suis un geek ++. J’ai connu Twitch pendant le confinement et j’ai fait des rencontres dessus. Quand je suis revenu en France, je me suis alors connecté avec ces gens. Mais rien n’était programmé en soi pour que je fasse du stream.

FM : comment est survenue ta connexion avec DVM ?

HM : elle est venue naturellement, Medja (le fondateur de DVM), je le connaissais de loin. Je connaissais aussi Blaise particulièrement. J’ai été invité à une émission. Ça s’est bien passé, le feeling était bon, donc on est resté ensemble.

FM : est-ce que pour toi un lien existe entre le foot et le rap ?

HM : moi, je pensais qu’il y avait un lien, mais il n’y a que des footix dans ma bande (DVM) je les kiffe, mais il ne faut pas parler de foot avec eux. Je pense que les footeux sont plus branchés rap que les potes streamers sont branchés foot. Il y a un grand écart (rires).

FM : quels sont tes projets dans le streaming ?

HM : récemment, j’ai lancé un concept d’interview. J’ai déjà eu Olivier Dacourt, je veux inviter des potes, des footballeurs, des agents pour parler de tout ce qui est plus ou moins bien dans le monde du foot.

FM : il y a quelques jours, tu as annoncé avoir candidaté pour intégrer l’équipe de France d’AmineMaTue pour la “Kings World Cup”, c’est un objectif pour toi d’y participer ?

HM : objectif, c’est un grand mot, c’est un tournoi pas mal et quand j’ai vu ça m’a hype du coup. J’ai postulé, car c’est stylé, c’est un événement de fou et tout ça vient du stream qui est mon taf en ce moment. Puis j’ai la chance d’avoir fait du foot du professionnel. J’espère qu’il y a des bons joueurs qui ont postulé comme ça même si je n’y vais pas, il y aura une grosse équipe pour bien représenter la France.

FM : tu penses que tu as mis toutes les chances de ton côté pour être sélectionné ?

HM : dans le CV, j’ai mis des belles photos : match contre le PSG, but contre le PSG. Non, le CV est top, j’ai mis les centres, les années en pro, etc. Après, ce n’est pas moi qui décide.

FM : que penses-tu de cette nouvelle façon de consommer le football, avec des compétitions émergentes comme la Kings League ?

HM : on arrive dans une période où le streaming prend une place importante, qu’on le veuille ou non. Ça commence à faire du mal à la télé entre guillemets donc de retrouver du foot en stream, je trouve que c’est bien. Amine, il avait déjà fait un événement, mais c’était que des streamers, là l’événement est un peu plus sérieux, donc il faut des joueurs d’un niveau plus élevé. C’est stylé et puis maintenant, il y a beaucoup de gens qui consomment du foot grâce au stream, car les gens, c’est triste à dire, mais ils ont plus le temps de regarder 90 minutes d’un match.

«Mahrez ce n’était pas le plus fort mais c’était le plus sûr de lui»

FM : tu as fait partie de l’équipe d’Amiens qui monte en Ligue 1, est-ce que c’est le plus beau souvenir de ta carrière ?

HM : avec mon premier match en pro, oui. Car le premier match en pro, c’est quand même quelque chose. Mais la montée avec Amiens vu l’histoire, le club venait de monter de National. Il y a un an, j’étais au Havre, on avait failli monter en Ligue 1 après, je me suis fait virer. Enfin, ils se sont séparés de moi et je rejoins un club qui monte. On finit par monter en Ligue 1. C’était une année de A à Z où tout était parfait. Footballistiquement et humainement, c’est l’une des plus belles années de ma vie.

FM : dans le vestiaire, vous sentiez que vous allez monter ?

HM : je pense, c’est quand il reste les 6 derniers matchs qu’on s’est dit il y a un truc à faire, mais le long, on n’y pensait pas, on prenait match par match. Ce sont les 6 derniers matchs quand on a vu qu’on était 4e, 3e qu’on s’est dit les gars, il reste 6 matchs, on y va. Et on a fait un 6/6 et on est monté.

FM : tu as connu la Ligue 2 et la Ligue 1 durant ta carrière, quelles sont pour toi les plus grosses différences entre les 2 divisions ?

HM : c’est triste à dire, mais je trouve la Ligue 1 plus facile que la Ligue 2, je parle pour moi. Plus facile dans le sens, tu as plus le temps de voir le jeu de contrôler, mais là où c’est plus dur, c’est dans les derniers mètres, ça va vite, tu n’as pas le droit à l’erreur. Tu laisses de l’espace à un attaquant comme Lacazette ou Cavani, c’est but direct alors qu’en Ligue 2, il peut se louper. En Ligue 1, tu n’as pas le droit à l’erreur dans les zones décisives, que ce soit devant ou derrière.

FM : au cours de ta carrière, quel est le meilleur joueur avec qui tu as joué ?

HM : j’ai joué avec Gaël Kakuta, Riyad Mahrez, Tanguy Ndombele. Mais si je dois en choisir un, c’est Tanguy, parce que lui, je l’ai vraiment vu exploser. J’ai dit quand Ndombele a signé à Lyon, c’est fini, il va s’envoler. Ce qu’il faisait à Lyon, il le faisait à Amiens sauf que ce n’est pas la même visibilité. Quand il va reproduire ce qu’il fait dans un grand club avec d’autres joueurs plus forts, il va exploser aux yeux du monde et c’est ce qu’il s’est passé.

FM : tu as été surpris par l’ascension fulgurante de Riyad Mahrez ?

HM : surpris oui, mais Riyad est fou parce que même en Ligue 2, il disait qu’il allait faire la Coupe du monde, il disait même qu’il allait signer au Barça. Au final, il a failli signer au Barça dans sa carrière, mais il est allé à City. En fait, tout ce qu’il a eu, il le disait, c’est ça qu’est fou avec Riyad. Ce n’était pas forcément le plus fort au Havre, mais c’était le plus sûr de lui.

FM : quel est l’adversaire le plus coriace que tu as rencontré dans ta carrière ?

HM : celui qui m’a le plus énervé, c’est Thomas Meunier, il était relou. Moi, je courais vite, il courait vite donc c’était dur. Après en Ligue 1, faut pas se mentir, tous les joueurs sont forts.

FM : tu es un supporter de l’OM, qu’est-ce que tu ressens quand tu affrontes l’OM ?

HM : le premier match avec Amiens, tu dis "ah ouais, c’est l’OM". En plus, le coach, il me chambrait, il me disait " tu es pour l’OM, on va voir, tu te vas te faire dessus". Mais sinon quand tu es dans le match, tu calcules plus. C’est comme quand tu joues contre le PSG les gens disent "ah, tu joues Paris, mais quand tu es dans le match, tu calcules plus le club, les joueurs, tu es concentré dans ton match."

FM : si tu devais changer une chose dans ta carrière de footballeur professionnel, que changerais-tu ?

HM : avec du recul, aujourd’hui, honnêtement, je pense que ça serait ma signature à Angers. La saison d’Amiens en Ligue 1, je fais une très bonne saison et le jour où je m’en vais, le coach, il me dit "ne pars pas, reste encore une saison, t’inquiète". J’aurais peut-être dû écouter M.Pélissier. Après, je ne regrette pas. Ça fait partie de la vie, je suis allé à Angers, ils m’ont bien accueilli, mais ça, c’est mal passé. C’est comme ça, j’aurais sûrement dû écouter le coach d’Amiens qui me disait de rester une saison de plus pour confirmer, car je n’ai fait qu’une saison et à l’époque, je n’avais pas le recul de me dire qu’il fallait confirmer.

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