Le malaise Erling Haaland enfle sérieusement
L’an dernier, Erling Haaland a enchaîné les buts et mis tout le monde d’accord ou presque, en Angleterre et dans le monde. Mais cette saison, les critiques sont de plus en plus nombreuses pour le Norvégien, attendu au tournant face au Real Madrid en Ligue des champions.
Erling Haaland a soigné son entrée. L’an passé, le Norvégien n’a pas eu besoin de beaucoup de temps pour mettre l’Angleterre à ses pieds. Recruté par Manchester City, qui voyait en lui la pièce manquante du puzzle qui permettrait de conquérir la Champions League, l’attaquant a enchaîné les buts. 52 en 53 apparitions toutes compétitions confondues dont 50 dans la peau d’un titulaire. Buteur, il a aussi donné quelques caviars à ses coéquipiers. 9 au total. Difficile donc de faire mieux comme débuts. Meilleur joueur et buteur de Premier League, il a notamment remporté le fameux triplé avec les Skyblues, dont la Ligue des champions. Deuxième du Ballon d’Or et lors des Trophées FIFA The Best derrière Lionel Messi, l’avant-centre, qui aurait mérité la victoire selon certains, a finalement dû se contenter du titre de joueur de l’année lors des Globe Soccer Awards.
Des temps de passages moins bons
Après une telle entrée en matière chez les Mancuniens, tout le monde avait hâte de voir la suite. Et forcément, les attentes étaient très élevées pour le natif de Leeds. Mais l’année de confirmation ne se passe pas comme il l’avait imaginé. Plutôt épargné par les pépins physiques l’an dernier, puisqu’il ne s’était arrêté seulement qu’à deux reprises (9 jours d’arrêt pour une contusion au pied et 13 jours pour un claquage à l’aine), il a été moins chanceux cette saison. Le site spécialisé transfermarkt rappelle qu’il a déjà été stoppé trois fois cette saison. Touché deux fois à la cheville (8 jours d’arrêt au total), il a manqué 53 jours de compétition entre décembre 2023 et janvier 2024 en raison d’une réaction de stress osseux au pied (12 matches manqués).
Malgré cela, il s’est montré décisif pour les siens. Pour le moment, il affiche un bilan honorable de 31 buts et 6 passes décisives en 36 apparitions toutes compétitions confondues (35 titularisations). Mais ses temps de passages sont un peu moins bons que l’an dernier, notamment en championnat, comme le souligne Salim Baungally, journaliste spécialiste du foot anglais. «Il en est à 20 buts marqués en 33 journées. Dit comme ça, ce n’est pas risible. Loin de là. Mais il faut rappeler que l’année dernière, en 38 journées, il avait marqué 36 buts. Là, il reste 6 matches (dont un match en retard, ndlr), il ne va pas marquer 17 buts en 6 rencontres. Donc déjà factuellement, ce sera moins bon. Il y a aussi beaucoup de ratés. Je ne parle pas du jeu, mais il rate un nombre assez incroyable d’occasions cette saison. Ce qui marque les esprits dans les grands matches.»
Faible contre les forts, fort contre les faibles ?
Il poursuit : «il l’a fait notamment contre Arsenal. D’ailleurs, lors des grands matches de Premier League contre Arsenal ou Liverpool, il n’était pas là. Qu’on le veuille ou non, dès qu’il y a une équipe en face qui fait ce qu’il faut ou qui met le défenseur qu’il faut sur son dos, il est totalement absent.» C’est un peu le reproche principal qui est fait à Haaland. La semaine dernière, L’Equipe lui a dédié un article intitulé : "Erling Haaland, fort avec les faibles, faible avec les forts ?". Chiffres à l’appui, le quotidien sportif a montré qu’il marquait moins face au Big 5 anglais. Il est 38e au classement avec 1 but et loin derrière Heung-min Son (Tottenham, 5 buts), le meilleur dans cet exercice. En revanche, il est largement devant face aux équipes qui sont hors du top 5 de Premier League (19 buts).
Le constat est le même en sélection nationale. En Ligue des champions, il a aussi été démontré qu’il est meilleur en phase de poules que lors de matches à élimination directe. Lors du 1/4 de finale aller de C1 face au Real Madrid, Haaland a passé un sale quart d’heure. Il a peiné à exister face aux Merengues et un Antonio Rüdiger qui a su parfaitement le museler. Ce n’est pas le premier à y parvenir comme nous le précise Salim Baungally. «Contrairement à l’an dernier, il gagne beaucoup moins ses un contre un cette saison, notamment en ce qui concerne la vitesse. Van Dijk lui a fait beaucoup de tort. À Arsenal, que ce soit Gabriel ou Saliba, ils lui ont fait beaucoup de mal. Conséquence : Haaland a été invisible lors de ces rencontres. Il a aussi une telle dépendance envers Kevin De Bruyne, qui a été absent durant 4 mois. Dès qu’il n’est pas là, Haaland marque très peu.»
Une dépendance moins importante
La Haaland-dépendance se fait donc moins ressentir. «Il y a l’émergence d’autres joueurs comme Phil Foden. D’ailleurs la question se pose aujourd’hui, est-ce qu’il n’est pas plus le leader de l’attaque qu’Erling Haaland ? Foden a pris pleinement la place de Mahrez, qui avait perdu sa place un peu l’an dernier. Foden est devenu vraiment un cadre absolu de cette équipe sur le côté droit. On a l’impression qu’il est presque plus un danger qu’Haaland. Ce n’est pas le même style de jeu bien sûr. Julian Alvarez est plus qu’un supersub à présent. Il y a des moments, dans la manière de jouer, de combiner, tu préfères presque être avec Alvarez qu’Haaland. C’est fou de dire ça. Évidemment, 19 buts en 31 journées, c’est loin d’être mauvais. On est en Premier League. Mais pour lui, c’est moyen.» Ce qui lui vaut un paquet de critiques, parfois très dures.
Après son match compliqué face aux Gunners, Roy Keane l’avait massacré. «Son niveau de jeu général est si mauvais, et pas seulement aujourd’hui. Je pense que ses attaques, ses têtes ou quoi que ce soit sont les meilleures au monde. Mais pour son niveau de jeu général pour un tel joueur, il est si mauvais, pas seulement aujourd’hui, je pense qu’il doit s’améliorer. Il est presque comme un joueur de League Two (D4 anglaise). C’est comme ça que je le vois. Son jeu général doit s’améliorer et il le fera au cours des prochaines années. Il y a eu des attaquants brillants et fantastiques. Mais il doit améliorer son niveau de jeu global.» L’ancien de Manchester United en a remis une couche la semaine dernière après le choc face aux Merengues. Il a affirmé que le jeu général du Norvégien n’est pas "assez bon".
Des critiques parfois très violentes
Et il n’est pas le seul à attendre plus de sa part. Jamie Carragher a confié : « Erling Haaland est le footballeur de luxe par excellence. Il est sans aucun doute l’un des meilleurs buteurs du monde, mais il n’est pas encore devenu un joueur de classe mondiale. Pour être un joueur de classe mondiale, il faut plus d’un trait de caractère. Van Dijk, Saliba et Rüdiger ne l’admettront pas publiquement, mais après les matches de Liverpool, d’Arsenal et du Real Madrid contre Manchester City, ils ont tous dû quitter le terrain en pensant qu’ils avaient eu à faire face à des choses bien plus difficiles que de tenir Haaland tranquille. Si son seul intérêt est de battre des records de buts, il n’a pas besoin de changer quoi que ce soit. S’il a l’ambition de gagner le Ballon d’Or et de jouer pour le Real Madrid, il peut avoir un problème.»
L’ex-défenseur de Liverpool a conclu : «il doit améliorer son jeu pour franchir le pas et défier sérieusement son rival pour le titre de meilleur joueur de sa génération, Kylian Mbappé. Pour jouer avant-centre dans un club de l’envergure du Real, il faut être polyvalent. Karim Benzema a été sous-estimé au-delà de sa capacité à marquer des buts. Mbappé, qui devrait rejoindre le Real cet été, est bien plus qu’un buteur.» Mario Balotelli a aussi un avis sur le sujet. «Haaland me rappelle d’une certaine façon Inzaghi. Pas dans sa manière de se déplacer ou de jouer. C’est un Inzaghi avec du physique parce que tout le monde insultait Inzaghi s’il ne marquait pas. Pas pour sa manière de jouer. Tu as compris ? Haaland fait partie de ces joueurs qui feront carrière grâce aux buts marqués. Et quand ça ne marque pas, bah ils sont sous le feu des critiques. C’est leur vérité.»
Sa réponse face à Madrid est attendue
L’heure de vérité sera justement mercredi soir à l’Etihad Stadium pour l’attaquant selon Salim Baungally. «Il est attendu sur ce match face au Real Madrid. Mais City l’attend aussi sur ce match-là, car à l’aller c’était compliqué comme pour Mbappé avec Paris. On les compare souvent à Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, qui eux ont eu des saisons difficiles plutôt en fin de carrière. Pour eux, ça arrive plus tôt, notamment pour Haaland. Il est un peu en difficulté par rapport à ce qu’il a déjà pu prouver et montrer. Il a beaucoup à se faire pardonner lors du match retour face au Real Madrid.» Mais Pep Guardiola est derrière son n°9, qu’il a défendu vendredi dernier après la vague de critiques que le joueur né en 2000 a pris en pleine face ces dernières semaines.
«Haaland est un jeune joueur. Il a une marge de progression, mais cette progression est plus le fait de l’équipe que de lui-même. Il n’était pas impliqué ? Nous avons marqué trois buts, mais il avait deux défenseurs centraux sur lui… L’objectif n’est pas de gagner le Ballon d’Or, l’objectif est de gagner la Premier League, la Champions League, la FA Cup, la Carabao Cup et il l’a fait. Sans lui, cela n’aurait pas été possible. Il n’y a aucune chance, c’est impossible. C’est un joueur clé pour nous.» Même avec des statistiques moins impressionnantes ou quelques difficultés dans le jeu, Erling Haaland demeure un joueur clé et essentiel dans l’esprit de Pep Guardiola et de Manchester City. Un club qui croit plus que jamais en lui et qui veut d’ailleurs prolonger son bail qui prend fin en juin 2027 pour éviter sa fuite…au Real Madrid. Le club de ses rêves qu’il veut accrocher à son tableau de chasse de la saison mercredi soir.
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