Eliminatoires CM - Afrique

CAN 2025 : la renaissance de la République démocratique du Congo

Opposée à la Guinée, ce samedi, pour les éliminatoires pour la CAN 2025, la sélection de Sébastien Desabre aura l’occasion de valider sa première place du groupe H. Une nouvelle étape à franchir pour les Léopards, déjà qualifiés pour la prochaine édition marocaine et en pleine progression depuis deux ans, après une longue période de doutes. Retour sur la renaissance de la République démocratique du Congo.

Par Kevin Massampu
6 min.
Sebastien Desabre, Chancel Mbemba et Dimitri Bertaud - RDC. @Maxppp

La République démocratique du Congo rugit de nouveau. Après des années passées dans l’anonymat presque total, la sélection des Léopards redevient progressivement une nation importante du football en Afrique. Les performances de Chancel Mbemba et de ses coéquipiers, au cours de ces derniers mois, montrent un réel changement autour de l’équipe nationale du Congo-Kinshasa. Et ce, après une longue période de flou, marquée par des problèmes de gouvernance au sein de la Fédération (FECOFA) et des joueurs cadres qui avaient abandonné l’idée de revêtir le maillot bleu, jaune et rouge.

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Pour comprendre comment cette sélection a entamé sa révolution, il faut repartir en 2022. Battue en barrage de la Coupe du monde par le Maroc et mal embarquée dans les éliminatoires de la CAN 2023, la RDC est au pied du mur. La FECOFA - qui est alors dirigée par un comité de normalisation nommé par la FIFA depuis le départ de son président Constant Omari - se sépare d’Hector Cúper, sur le banc congolais depuis 2021. Pour le remplacer, la Fédération fait appel à Sébastien Desabre, qui quitte Niort pour rejoindre Kinshasa. Dès son arrivée, l’entraîneur français affiche ses ambitions. « Desabre visait une qualification à la CAN au Maroc. Son prédécesseur était parti au moment où la RDC n’avait plus aucun espoir de participer à la CAN en Côte d’Ivoire (deux défaites après deux journées en éliminatoires). Quand Desabre est arrivé, il était vu comme un inconnu qui ne suscitait pas beaucoup d’espoirs, malgré son passif avec l’Ouganda », explique Emery Kabongo, rédacteur en chef du média Léopards Leader Foot.

Une arrivée massive de binationaux

En parallèle, le nouveau sélectionneur congolais devait convaincre certains cadres, dont Cédric Bakambu, de revenir représenter leur pays. Le deuxième meilleur buteur de l’histoire de la RDC avait pris sa retraite internationale à l’issue de la lourde défaite contre le Maroc (1-4), énoncée plus tôt. Pour partir sur un nouveau cycle, Desabre souhaitait néanmoins compter sur certains joueurs expérimentés pour entourer son effectif. Après plusieurs échanges avec l’ex-joueur de Marseille, le sélectionneur de 48 ans parvient finalement à le faire revenir sur sa décision en mars 2023. Mais le retour de Bakambu n’est qu’une étape dans le projet du sélectionneur. Pour redonner vie à cette formation, il souhaite se détacher de ses prédécesseurs et veut amener plus de joueurs binationaux. Même si cette idée fut aussi impulsée par l’état du championnat local. « On ne pouvait pas continuer à miser sur les joueurs du championnat local alors qu’il n’est plus régulier depuis plusieurs années. Beaucoup de footballeurs congolais se sont exilés un peu partout en Afrique pour performer dans de meilleures conditions. C’est très difficile de s’appuyer sur ces noms jouant au pays et Desabre l’a compris », indique Kabongo.

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Lorsqu’il n’est pas en rassemblement, le Valentinois va donc s’entretenir avec plusieurs joueurs - passés par les sections de jeunes des nations européennes - pour les convaincre de le rejoindre. Il réussira à attirer Lionel Mpasi, Dimitri Bertaud, Dylan Batubinsika, Simon Banza (France), Joris Kayembe (Belgique) ou encore Charles Pickel (Suisse) et à les associer aux anciens Mbemba, Kalulu, Kakuta, Wissa et Bakambu. Ensemble, ils remporteront leurs quatre matchs suivants durant les éliminatoires de la CAN et se qualifieront pour l’édition ivoirienne. « Ils ont une grande implication. Ils ont insufflé avec une nouvelle énergie. Je n’ai rien contre les locaux, mais il faut admettre que les binationaux ont une grosse part de responsabilité dans le succès de la RDC. »

Une CAN 2024 au-delà des espérances, une CAN 2025 à remporter

Rallier la Côte d’Ivoire n’était pas dans les projets de Desabre et de la RDC. Pourtant, ils l’ont fait. Et ils n’étaient pas là pour plaisanter. Sortie deuxième de sa poule derrière le Maroc, la RDC a éliminé l’Égypte en huitièmes de finale, avant de sortir la Guinée en quart. Elle a ensuite échoué aux portes de la finale contre les Ivoiriens, avant de s’incliner contre l’Afrique du Sud pour la 3e place. Un parcours surprenant qui a permis au peuple congolais de se réconcilier avec son équipe nationale. « Personne ne s’attendait même à ce qu’on aille en Côte d’Ivoire. Pour ma part, je savais qu’il y avait la place pour réaliser un coup. Mais pas à ce point-là. Dans la physionomie de chaque rencontre, le niveau montré par chaque joueur, l’union entre eux…, s’est réjoui Emery Kabongo, même s’il admet avoir eu quelques regrets. En demi-finale, il y avait la place pour faire mieux. C’est peut-être l’un des pires matchs de la RDC durant cette CAN. Mais cette équipe revient de très loin. Donc, il faut s’en contenter et en être fier. »

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Depuis, la République démocratique du Congo enchaîne les bons résultats. En difficulté dans les qualifications pour le Mondial 2026 (3e du groupe B), c’est tout le contraire dans les éliminatoires pour la CAN au Maroc. Quatre matchs, quatre victoires, six buts marqués, aucun encaissé - meilleure défense - et, surtout, un ticket déjà validé pour Rabat. Tout se passe bien pour Desabre et ses troupes. L’entraîneur français pense même pouvoir aller chercher cette Coupe d’Afrique en terre marocaine. « Faire la demi-finale de la CAN, ce n’est pas la gagner. Nous, on veut remporter la Coupe d’Afrique des nations, c’est ce qu’on recherche », a-t-il indiqué en conférence de presse, le 8 novembre dernier.

Un objectif que Kabongo juge « prématuré », malgré le nouveau statut de cette sélection, qu’il considère comme « l’une des meilleures d’Afrique actuellement ». « En termes de résultats, oui. En revanche, le coach ne l’admettra pas, mais depuis la CAN, le jeu produit n’est pas si flamboyant. On a manqué une trêve internationale (en mars), l’équipe était restée sur sa lancée pour les résultats, mais ça régresse dans le contenu et il faut changer ça. À part ça, elle est prise au sérieux et fait peur aux autres équipes. » Ce samedi soir contre la Guinée, les Léopards pourront compter sur de nouveaux jeunes comme Nathanaël Mbuku (Dinamo Zagreb), Noah Sadiki (Union St-Gilloise), Oscar Kabwit (TP Mazembe) et Ngal’ayel Mukau (LOSC) pour s’assurer la tête du groupe H. Avant de boucler ces éliminatoires contre l’Éthiopie, le 19 novembre. Privilégiant la continuité, Sébastien Desabre devrait garder son groupe quasi à l’identique jusqu’au Maroc. Là où il espère remporter la troisième CAN de l’histoire de ce pays, qui souffre en silence.

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