Placé en liquidation judiciaire il y a quelques semaines, le club des Bolton Wanderers pourrait définitivement disparaître ce mardi si aucun accord n'est retrouvé avec des repreneurs.
«C'est déchirant. Cela ne peut pas arriver au club et à la ville. C'est une perspective dévastatrice.» Ce supporter des Bolton Wanderers interrogé par la BBC n'a plus que ses yeux pour pleurer. Après 145 ans d'histoire, son club de toujours est sur le point de disparaître. C'est le fruit d'une lente agonie que nous vous avions raconté en mars dernier. En très grandes difficultés financières, le club anglais a été déclaré en liquidation judiciaire au printemps. Depuis les rebondissements pour tenter de sauver le club s'enchaîne. Dernier épisode en date ce samedi soir où l'English Football League a décidé de menacer d'exclusion les pensionnaires du Macron Stadium de la League One, dont ils sont avant-derniers après 5 journées.
Le scénario est souvent le même. Une situation sportive qui n'en finit plus de péricliter, un premier repreneur (l'ancien attaquant Dean Holdsworth) ne parvient pas à redresser les comptes du club, un second (Ken Anderson) qui profite de l'état de bête blessée pour racheter la structure avant de l'enfoncer définitivement. En février dernier, les salariés du club ne touchent plus leur salaire et le club est relégué sportivement en troisième division trois mois plus tard. Durant l'été, un accord est trouvé pour un nouveau rachat de Bolton mais le deal finit par capoter.
Une équipe de 19 ans de moyenne d'âge
Il n'y a plus de solution alors que les Trotters sortent de deux défaites 5-0 contre Tranmere Rovers et Ipswich Town. En milieu de semaine dernière, les Wanderers ont même reporté leur match face à Doncaster au dernier moment, sans en référer au préalable à son adversaire ni à l'EFL. La raison ? La situation économique alarmante du club qui avait aligné une équipe le 10 août face à Coventry City (0-0) de 19 ans de moyenne d'âge avec seulement trois professionnels. «Avec autant de joueurs seniors blessés ou indisponibles, l'équipe a réalisé une performance héroïque», avait même osé le board ce soir-là.
Il faudrait maintenant un miracle pour sauver ce qui peut encore l'être. Il a bien failli arriver. Alors que des négociations parvenaient à leur terme en fin de semaine dernière pour ce qui devait être la tentative de la dernière chance, le propriétaire actuel Ken Anderson n'a finalement pas rallié cet accord sans véritables explications. L’administrateur de tutelle, Paul Appleton, s'est fondu d'un communiqué laconique lundi soir dans lequel il affirme tout simplement que le club se trouve dans le couloir de la mort. «De manière dévastatrice, samedi matin, cet accord s'est effondré. À ce stade, il est inutile de rejeter les fautes. Ça ne fait aucune différence pour le personnel, les joueurs, la direction, les supporters et la communauté qui voient à nouveau leur club être au bord du gouffre.»
Un yo-yo émotionnel pour les supporters
L'English Football League a alors envoyé un ultimatum aux Wanderers. Ils ont jusqu'à ce mardi 18h (heure française) pour trouver un terrain d'entente. Sans cela, elle enverra un préavis d'expulsion du championnat de 14 jours. Coïncidence ou pas, face à cette menace, des négociations de dernière minute ont repris et pourraient même aboutir d'ici la fameuse échéance fixée par la ligue. Cet optimisme a été communiqué par Paul Appleton lui-même ce mardi matin à travers un message relayé sur le site du club.
EFL Statement: Bolton Wanderershttps://t.co/xv4xF5AMw5#EFL pic.twitter.com/if94jLGmQZ
— EFL (@EFL) August 24, 2019
«À la suite de ma déclaration d’hier matin, je suis heureux d’annoncer que le dialogue se poursuit entre les parties, dont les positions détermineront en fin de compte le sort du club. Mon équipe et moi-même continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faciliter la conclusion d'un accord et nous travaillerons sans relâche pour que ce projet soit finalisé pour le club, les fans, le personnel et la communauté. L'avenir des Bolton Wanderers est toujours incertain, mais je dois croire qu'il peut y avoir un résultat positif avant l'échéance fixée à 17 heures (en Angleterre) aujourd'hui par l'EFL», croise les doigts le dirigeant. Énième rebondissement...
Statement on behalf of Paul Appleton, Joint Administrator for Bolton Wanderers. https://t.co/8YNmXcGjWm#BWFC
— Bolton Wanderers FC (@OfficialBWFC) August 27, 2019
Le verdict doit tomber aujourd’hui
Plus que la réunion de la dernière chance, voilà qui pourrait sauver in extremis un club dont l'histoire personnelle est complètement liée à celle du football anglais. Rarement en haut de l'affiche, les Bolton Wanderers font partie des 12 membres fondateurs de la Football League créé en 1888. Avec sa disparition, le club emporterait avec lui 150 emplois et laisserait un immense vide dans cette cité voisine de Manchester. «Pour les parents qui doivent dire à leurs enfants qu'ils ne peuvent plus aller voir leur club un samedi, c'est dévastateur», déplorait le gérant d'un site de fans sur les ondes de la BBC. Pour ne rien épargner à la région, à dix kilomètres plus à l'est, le Bury FC (dernier de League One) est lui aussi sur l’échafaud. Verdict en fin de journée.