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La FIFA est dans un sacré pétrin pour l’organisation de la Coupe du Monde 2038 !

L’attribution de l’organisation de la Coupe du Monde 2038 suscite déjà convoitises et stratégies diplomatiques. Alors que la FIFA n’a pas encore ouvert la période officielle de dépôt des dossiers, plusieurs nations affichent leurs ambitions pour accueillir la plus prestigieuse compétition de football. Entre infrastructures, enjeux politiques et lobbying en coulisses, la bataille pour obtenir le feu vert de l’instance dirigeante du football mondial s’annonce d’ores et déjà intense.

Par Valentin Feuillette
8 min.
Gianni Infantino, président de la FIFA @Maxppp

L’attribution de l’organisation de la Coupe du Monde de la FIFA est toujours un processus hautement stratégique, mêlant enjeux sportifs, économiques et diplomatiques. Alors que l’édition 2034 a officiellement été confiée à l’Arabie saoudite, l’attention se tourne désormais vers la Coupe du Monde 2038, dont le processus de sélection devrait susciter une compétition féroce entre plusieurs nations. Accueillir le plus grand événement du football mondial représente bien plus qu’un simple honneur : c’est une opportunité de développement économique, de modernisation des infrastructures et de rayonnement international. Si l’histoire récente a montré que la FIFA privilégiait une certaine rotation des continents pour l’attribution de son tournoi phare, les critères de sélection restent soumis à de nombreuses considérations, allant des capacités logistiques et organisationnelles à l’influence géopolitique des candidats. Certaines nations, déjà bien dotées en stades et en infrastructures de transport, pourraient vouloir capitaliser sur leur expérience, tandis que d’autres, issues de régions encore jamais hôtes du tournoi, pourraient se positionner avec des projets ambitieux. Dans ce contexte, plusieurs questions se posent : quels seront les critères déterminants pour l’édition 2038 ? Quels pays pourraient émerger comme favoris dans cette course à l’organisation ? Quels enjeux politiques et économiques pourraient influencer la décision finale de la FIFA ?

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La procédure de candidature pour cette Coupe du Monde 2038 n’a pas encore commencé, et aucune information n’a été publiée sur son déroulement. Organiser la plus prestigieuse compétition de football au monde représente un défi colossal, mais aussi une opportunité unique pour un pays d’accroître son influence sur la scène internationale, d’attirer des investissements et de renforcer son infrastructure sportive et touristique. Si le processus officiel de candidature n’a pas encore été lancé par la FIFA, plusieurs nations pourraient déjà être en train de préparer leur dossier en coulisses. Cependant, si la règle d’alternance des confédérations de la FIFA est toujours utilisée pour l’édition 2038, il est probable que seules l’Amérique du Nord et l’Océanie soient autorisées à accueillir la plus grande compétition de football. L’Amérique du Sud, l’Europe et l’Afrique ne peuvent pas se porter candidates en raison de l’accord prévoyant l’organisation de la Coupe du Monde 2030 au Maroc, au Portugal et en Espagne, avec des matchs commémoratifs en Argentine, au Paraguay et en Uruguay, tandis que l’Asie accueillera la Coupe du Monde 2034 en Arabie saoudite. En ce sens, il ne reste pas des tonnes de possibilités, à l’heure où des pays attendent patiemment leur tour depuis plusieurs années. Entre ambitions nationales, stratégies de lobbying et grands projets d’infrastructure, la course pour l’organisation de cet événement planétaire ne fait que commencer.

Une Australie favorite mais…

Déjà en lice pour organiser la Coupe du Monde 2030, l’Australie continue de peaufiner son dossier pour, un jour, accueillir le football mondial en ses terres. Mais un problème majeur se pose : la Fédération d’Australie de football (FFA) est membre de la Confédération asiatique de football (AFC) depuis le 1er janvier 2006, date à laquelle elle a quitté la Confédération du football d’Océanie (OFC), cela impliquerait donc deux Coupes du Monde successives organisées en Asie par un pays membre de l’AFC. L’Australie pourrait contourner la règle d’alternance des continents en 2038 en co-organisant la Coupe du Monde avec la Nouvelle-Zélande et/ou d’autres nations de l’OFC - comme elle l’avait déjà fait pour la Coupe du Monde Féminine 2023. Tout cela reste néanmoins peu probable à moins que l’AFC ne se divise en deux confédérations distinctes (séparant Moyen-Orient et Asie de l’Est) ou que l’Australie ne revienne au sein de l’OFC avant de se porter candidate. Cependant, avec une grande partie de l’OFC, en dehors de la Nouvelle-Zélande, manquant de ressources pour accueillir un tournoi d’une telle ampleur (la Nouvelle-Zélande elle-même ayant très peu de stades approuvés par la FIFA) et une grande partie de la CONCACAF ayant un problème similaire, certains ont suggéré que les hôtes de la Coupe du Monde de la FIFA 2026 (États-Unis, Canada, Mexique) pourraient accueillir à nouveau ensemble ou séparément, faisant peut-être du Mexique le premier pays à accueillir le tournoi quatre fois, et/ou des États-Unis le deuxième pays à accueillir la Coupe du Monde trois fois.

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La FIFA n’a jamais inscrit dans son règlement une obligation formelle d’alterner les continents pour l’attribution de la Coupe du Monde. Cependant, elle privilégie généralement une rotation géographique pour éviter qu’un même continent ne monopolise l’événement. Cela permet de garantir un équilibre et de favoriser le développement du football à l’échelle mondiale. Il existe plusieurs manières pour une nation d’espérer obtenir l’organisation sans respecter cette alternance. Un pays proposant des infrastructures exceptionnelles, une stabilité politique et un projet économiquement rentable peut convaincre la FIFA de déroger à la rotation. Si un continent censé "recevoir" l’édition suivante ne présente pas de dossier convaincant, la FIFA peut se tourner vers une autre région et cela pourrait être le cas avec l’OFC. Comme pour 2030 avec l’Espagne, le Portugal et le Maroc, une alliance intercontinentale peut permettre de contourner la règle tacite de rotation. Dans ce cas précis, la paire Australie - Nouvelle-Zélande pourrait revoir le jour. Possiblement avec un troisième pays. Une situation similaire a failli se produire pour la Coupe du Monde 2034. Cependant, à l’époque, l’Australie a retiré sa candidature. Cette décision est intervenue après que la FIFA a annoncé que la Coupe du Monde 2034 se déroulerait probablement dans la région de l’AFC ou de l’OFC. L’Australie, convaincue que l’Arabie saoudite avait obtenu un soutien fort et significatif, a décidé de ne pas poursuivre sa campagne et de laisser l’Arabie saoudite comme seule candidate à l’organisation de la Coupe du Monde 2034.

L’Indonésie greffée pour une triangulaire ?

Pays le plus peuplé d’Asie du Sud-Est avec plus de 270 millions d’habitants, l’Indonésie nourrit de grandes ambitions sportives. Ces dernières années, elle a multiplié les candidatures pour accueillir des événements internationaux, notamment la Coupe du Monde U20 de la FIFA en 2023 (finalement annulée par la FIFA en raison de la pandémie du Covid-19). Ce dynamisme montre une volonté claire de s’imposer comme une terre d’accueil pour le football mondial. Si elle venait à candidater pour la Coupe du Monde 2038, elle pourrait s’appuyer sur plusieurs atouts, mais devra aussi surmonter des défis majeurs. L’Indonésie souhaite ainsi améliorer le niveau de son football afin de lui permettre de concourir au niveau international et, potentiellement, de devenir l’hôte de la Coupe du Monde. La FIFA a déployé de nombreux efforts pour suivre de près l’évolution du football indonésien, notamment en créant un bureau de la FIFA pour la région Asie et en facilitant l’accès des joueurs d’origine indonésienne, poursuivant leur carrière à l’étranger, de représenter l’équipe nationale indonésienne. De plus, la plus haute institution du foot mondial a construit un centre de formation de football de niveau international dans le but de développer le potentiel des jeunes footballeurs indonésiens. L’Indonésie est l’un des pays d’Asie où le football est le plus populaire. Son championnat national (Liga 1) attire un large public et les supporters indonésiens sont réputés pour leur ferveur. Le pays représente aussi un marché important pour la FIFA en raison de sa population jeune et passionnée par le football, ce qui pourrait inciter l’instance à lui accorder une Coupe du Monde. L’Indonésie est la plus grande économie d’Asie du Sud-Est et ambitionne de devenir l’une des principales puissances mondiales d’ici à 2045.

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L’organisation de la Coupe du Monde pourrait être un levier pour accélérer la modernisation du pays, notamment en matière d’infrastructures sportives et de transports. Une Coupe du Monde en Asie du Sud-Est, une région qui connaît un développement rapide, pourrait séduire la FIFA, qui cherche souvent à explorer de nouveaux horizons. Mais actuellement, l’Indonésie ne possède pas suffisamment de stades aux normes FIFA pour accueillir une Coupe du Monde. Des investissements massifs seraient nécessaires pour moderniser les infrastructures existantes et construire de nouvelles enceintes. La FIFA exige au moins 14 stades de haute qualité, ce qui représente un défi logistique et financier. À noter également que la Fédération indonésienne de football (PSSI) a été critiquée pour sa gestion et a déjà été sanctionnée par la FIFA par le passé. Le football indonésien souffre encore d’incidents sécuritaires, comme le drame du stade de Malang en 2022 qui a fait 135 morts. La FIFA pourrait hésiter à confier un tournoi majeur à un pays où la sécurité des événements reste une préoccupation. L’Indonésie connaît une saison des pluies marquée, ce qui pourrait poser des problèmes pour l’organisation du tournoi. La chaleur et l’humidité élevées dans certaines villes pourraient être un facteur à prendre en compte pour le confort des joueurs et des supporters. La Coupe du Monde 2038 est encore loin et de nombreux facteurs (économie, politique, infrastructures) joueront un rôle décisif. Mais l’histoire nous a montré que des surprises sont toujours possibles dans le processus d’attribution. La Chine et l’Inde rêvent toujours de l’accueillir. Le Nigéria et le Ghana poussent également en Afrique. La Colombie et le Chili ne cessent de faire les yeux doux en Amérique du Sud.

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