1. SNL (Slovénie)

NK Maribor : l'éclatante revanche de Josip Iličić contre la dépression !

Au sommet avec l'Atalanta il y a un peu plus de deux ans avec notamment un quart de finale de Ligue des Champions, Josip Iličić a connu une trajectoire assez particulière depuis. Miné par la dépression et après un départ de la Dea lors du dernier mercato, l'attaquant de 34 ans tente de retrouver du plaisir à Maribor.

Par Aurélien Macedo
7 min.
Josip Ilicic a débloqué son compteur avec l'Atalanta contre Empoli @Maxppp

Une nuit dans les étoiles, telle peut-on désigner la soirée vécue par Josip Iličić le 10 mars 2020. Alors fer de lance d'une équipe de l'Atalanta exceptionnelle (4e en Serie A), il ne faisait qu'une bouchée du Valence CF pour qualifier la Dea pour les quarts de finale de la compétition alors que ce n'était que la première participation des Transalpins. Buteur à l'aller lors d'une large victoire 4-1, il portait son équipe lors de la rencontre retour avec une victoire 4-3 sur la pelouse du club espagnol. « Gigantesque », « Ilicyclone », les superlatifs ne manquaient pas pour qualifier la prestation XXL du Slovène. Après la rencontre il était ambitieux et voulait tout faire pour poursuivre cette épopée le plus longtemps possible : «quand j'ai dit que j'étais plus vieux, mais aussi meilleur, c'était vrai et je ne veux pas m'arrêter, je veux continuer, je m'amuse. Nous ne sommes plus une surprise, nous faisons de grandes choses et nous voulons continuer. Le but est de montrer que nous voulons continuer à jouer comme nous le faisons, nous ne voulons jamais nous arrêter. Nous voulons grandir de jour en jour et nous amuser dans ce que nous faisons. Ce n'est pas si facile d'atteindre ce niveau, c'est un chemin qui dure depuis des années.» Symbolisant cette impressionnante Atalanta, l'ancien de Palerme et de la Fiorentina - qui comptabilisait 21 buts et 9 offrandes en 29 matches - ne le savait pas encore, mais cette nuit sublime était le début de la fin pour lui.

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Dans une planète où la pandémie de Covid-19 a particulièrement frappé fort, notamment en Italie, Josip Iličić a vécu un immense cauchemar. Né en Bosnie-Herzégovine en 1988 et perdant son père - victime d'un assassinat par un voisin d'origine serbe - 7 mois après être venu au monde, l'attaquant a vécu la guerre dés le plus jeune âge. Bergame étant l'épicentre italien de la crise sanitaire, les sirènes des camions militaires transportant des cercueils l'ont particulièrement affecté. Si certaines rumeurs personnelles ont également été évoquées à l'époque, la finalité a été une dépression de la part du natif de Prijedor. «Plus les jours passent, plus il devient difficile de le ramener à Lisbonne. Il manquera Mbappé au PSG, mais Ilicic est fondamental pour nous. C'est comme si Dybala manquait à la Juve, Immobile à la Lazio ou Lukaku à l'Inter. Nous cherchons d'autres équilibres sans un joueur doté de ses caractéristiques et nous nous adaptons avec Pasalic, Gomez, Malinovskyi» expliquait d'ailleurs son coach avant d'affronter le Paris Saint-Germain en quart de finale de la Ligue des Champions. Ne jouant que 5 rencontres post-Covid lors de la saison 2019-2020, Josip Iličić revenait néanmoins et reprenait un niveau intéressant lors de l'exercice 2020/2021.

Une fin d'histoire émouvante à l'Atalanta

Débutant doucement avant de revenir fort à l'hiver, le Slovène affichait 7 buts et 11 offrandes en 38 matches et semblait avoir mis un trait sur ce passage compliqué de sa vie. Cependant, la maladie qu'est la dépression n'est pas quelque chose de palpable et peut revenir à tout moment. Lors de la saison 2021/2022 (4 buts et 5 offrandes en 24 matches), il replongeait début janvier. «Ce n'est pas facile pour moi de parler de cette situation. Nous serons toujours aux côtés de Josip, c'est quelque chose qui va au-delà du football. Nous nous connaissons depuis de nombreuses années, nous avons passé de nombreux moments heureux ensemble. Je peux dire que c'est une personne normale et positive, mais notre esprit est une vraie jungle. C'est difficile pour les psychologues de comprendre ce qui se passe, alors imaginez pour nous. Les médecins ne nous donnent pas de réponses et je ne peux pas en donner non plus, c’est un sujet très sensible. J'espère juste qu'il pourra revenir et retrouver un peu de joie en jouant au foot» expliquait Gian Piero Gasperini toujours très attentif à la santé de son poulain Retrouvant finalement les terrains pour la dernière rencontre de la saison contre Empoli (défaite 1-0), il faisait ses adieux au club de Bergame après 5 belles années où il a été accompagné dans les difficultés.

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Confiant pour la suite, il lâchait ceci : «je n'oublierai jamais les années à Bergame, je ne sais pas où j'irai, maintenant je fais une pause. Mon objectif est de continuer à jouer à haut niveau. Après la mauvaise période, ma vie a recommencé.» C'est donc de manière anodine qu'il rebondissait cinq mois plus tard du côté de Maribor. Un club où il était passé brièvement en 2010 avant de rejoindre Palerme et qui lui offre un cadre plus intimiste. Un choix assumé par Josip Iličić qui en avait expliqué les raisons comme le rapporte Sky Italia : «j'avais besoin de rentrer chez moi, j'ai fait le plein de pays étrangers. C'est un jour spécial pour moi. Une personne joue au football pour vivre ces émotions. C'est pourquoi je suis de retour. Sans ce club, je n'aurais pas eu une carrière comme ça et ce n'est pas encore fini : ce n'est que la deuxième partie de ma carrière.» D'ailleurs, il ne se refusait rien au moment d'aborder un nouveau chapitre de sa carrière. : «mes conditions mentales et physiques ? C'est difficile de répondre, je ne peux pas dire quand je serai au mieux. Je savais qu'il n'y avait qu'un seul club où je retournerais en Slovénie, et c'était Maribor

Une première réussie à Maribor

«En ce qui concerne la condition physique, je crois et j'espère retrouver le bon rythme dès que possible . J'ai besoin de mon temps. Je vais repartir de zéro ici. Maintenant, je suis un nouveau joueur qui veut atteindre quelque chose, un peu comme j'ai commencé il y a 12 ans. Retourner dans l'équipe nationale slovène ? Si j'en suis capable, s'ils ont besoin de moi ... Je suis toujours ouvert à tout, j'aime aider» poursuivait-il. Absent pendant un moment pour un problème au tendon d'Achille, il a fait son grand début ce dimanche 6 novembre contre Mura. Avant la rencontre, le coach adverse Damir Čontala avait d'ailleurs valorisé son arrivée : «pour le football slovène, c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire qu'un tel footballeur soit rentré chez lui. J'espère qu'il y aura d'autres cas de ce genre. Nous savons tous quel genre de joueur est Josip Iličić, quel genre de réputation il s'est forgé en Europe. Son arrivée contribue à élever la qualité de la ligue et sa visibilité, ce que nous souhaitons tous immensément.»

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Alors que son équipe pointe à une 6e place sur 10 et vit un début de saison compliquée, Josip Iličić a su faire parler son talent. Faisant son entrée à la 77e minute d'un match mené 4-1, le joueur de 34 ans a montré qu'il était encore techniquement au point. Physiquement c'était plus compliqué en revanche étant donné qu'il a pris quelques kilos durant sa période de six mois sans jouer. Mais cela était bien secondaire, car c'était soir de fête à Maribor. Provoquant sur la droite de la surface, il obtenait un penalty en fin de match qu'il transformait dans la foulée d'une lourde frappe sous la barre transversale. Son coach Damir Krznar n'a pas été surpris de le voir déjà décisif pour son premier match : «je pense qu'il a montré quel genre de grand joueur il est. Je pense que cela nous sera très utile. Surtout quand il fera encore quelques séances d'entraînement avec notre préparateur physique.» Après avoir vécu des moments très compliqués, Josip Iličić semble retrouver doucement ses sensations et son amour pour le football. L'occasion d'écrire une belle fin de carrière et d'oublier définitivement une maladie qui peut toucher n'importe qui et à n'importe quel moment. Josip Iličić se dresse ainsi comme un véritable symbole de combativité.

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