FC Andorra : l’ambitieux projet de Gerard Piqué prend très sérieusement forme
Le club appartenant à Gerard Piqué continue son petit bonhomme de chemin et est désormais bien installé en deuxième division.
S’il y a un homme qui risque d’être plus occupé après sa carrière de footeux que lorsqu’il jouait encore, c’est Gerard Piqué. Le défenseur catalan, qui a raccroché les crampons il y a quelques mois seulement, est un serial entrepreneur et on peut dire que son sens des affaires est à la hauteur de sa carrière footballistique. On est revenu sur toutes les activités du pur produit de La Masia récemment sur notre site, qui vont du tennis à l’e-sport en passant par l’immobilier, mais en ce moment, il y a un évènement majeur qui fait parler en Espagne et dans tout le monde hispanophone de façon générale. C’est la Kings League, un tournoi de football à 7 qui réunit streamers et anciennes gloires du foot, et qui regroupe des centaines de milliers de téléspectateurs sur la plateforme Twitch. Plus que bon nombre de matchs de championnat ! Un projet aussi loufoque que réussi, avec certaines storylines façon WWE, derrière lequel on retrouve donc Piqué et Ibai Llanos, le célèbre streamer espagnol et associé de l’ex du Barça dans bien des projets.
Mais le véritable joyau de celui qui défendait le numéro 3 du Barça jusqu’à peu, ce n’est pas la Kings League, ni même la Coupe Davis, mais bien le FC Andorra. Racheté par le groupe Kosmos appartenant au défenseur il y a quatre ans, le club de la Principauté est déjà passé de la D5… à la D2 ! Il est d’ailleurs devenu le premier club professionnel étranger à jouer dans le foot pro espagnol. Une ascension fulgurante qui ne s’est pas faite sans polémique. Pendant ces trois promotions, le FC Andorra était notamment passé de la D5 à la D3 directement, obtenant d’abord une promotion sur le terrain, puis une deuxième en rachetant la place de D3 d’un club rétrogradé administrativement, le Reus Deportiu. Des rachats de place fréquents en Espagne, mais ce fut tout de même un épisode très polémique de l’autre côté des Pyrénées, où la puissance financière du club était logiquement écrasante par rapport à celle de ses rivaux. Le FC Andorra avait ainsi déboursé 450.000€ pour occuper la place laissée libre en D3, un montant impossible à aligner pour un club de cette catégorie normalement. C’est d’ailleurs sur ce point que le club est régulièrement critiqué : si Gerard Piqué et ses partenaires n’ont pas forcément dépensé des millions pour bâtir un effectif colossal, les inégalités au sein des différentes divisions dans lesquelles le club évoluait étaient énormes. En quelques années seulement, le FC Andorra a grillé bon nombre de clubs historiques présents sur la scène depuis des décennies, et ça n’a pas beaucoup plu… Sans parler des avantages fiscaux liés à la Principauté, où les joueurs et les entreprises sont bien moins imposés qu’en Espagne, ce qui aide aussi beaucoup.
Des débuts parfaits
Et c’est cette saison que les choses sérieuses ont vraiment démarré, avec la montée en D2. Tel un gamin qui passe du CM2 à la sixième, le FC Andorra est arrivé dans la cour des grands et se frotte désormais à de gros clubs espagnols, dans une division assez homogène et dure à jouer, avec son petit budget de 8 millions d’euros. Et pour ses premiers pas dans le monde pro, le club entraîné par Eder Sarabia, ancien adjoint de Quique Setién au Barça notamment, pointe à une belle dixième position au classement, très loin de la zone rouge et à seulement trois points des positions de playoffs de montée. Surtout, l’équipe pratique un jeu très similaire à celui du Barça de la grande époque, toutes proportions gardées bien sûr. C’est la quatrième équipe qui se procure le plus d’expected goals par rencontre dans la deuxième division, à égalité avec le leader Eibar, troisième. Sur leur pelouse, les Andorrans se hissent même à la deuxième place du classement des xG. Du presque jamais vu qu’un promu se procure autant d’occasions de but dans une rencontre, que ce soit en segunda division ou même ailleurs en Europe !
Pourtant, malgré les moyens conséquents du club, Gerard Piqué n’a pas particulièrement flambé. Dans l’effectif, il n’y a ainsi pratiquement aucun nom particulièrement connu du grand public, si ce n’est les anciens du Barça Mika Marmol et Jandro Orellana, ou German Valera, qu’on avait pu voir à quelques reprises sous les ordres de Diego Simeone lors de matchs amicaux de l’Atlético. Clairement, le FC Andorra n’a pas cherché à faire un recrutement galactique, et même dans les divisions inférieures, il n’a jamais vraiment eu un effectif bien supérieur aux autres. La quasi-totalité des joueurs recrutés viennent justement des divisions inférieures, alors que certains sont présents depuis un moment, à l’image d’Adria Vilanova, fils du regretté Tito Vilanova, défenseur central arrivé quand l’équipe était encore en D5. Sinan Bakis, le meilleur buteur de l’équipe arrivé à l’été 2022, évoluait par exemple en deuxième division néerlandaise la saison dernière. L’effectif est aussi assez jeune, et bon nombre de joueurs comme Adria Altimira (défenseur central, 21 ans) ou Marti Vila (latéral gauche, 23 ans) sont des rouages majeurs de l’équipe. Un modèle totalement différent de celui des autres gros clubs de la deuxième division espagnole, où on priorise l’expérience et on va surtout chercher des joueurs de Liga qui cherchent à se relancer plutôt que de tenter des paris.
Un Barça bis ?
Forcément, on peut observer de nombreuses similitudes entre le FC Andorra et le FC Barcelone, en plus des neuf joueurs présents dans l’effectif qui ont revêtu la tunique blaugrana dans leur formation. Dans le jeu déjà, avec les statistiques évoquées plus haut, ou même ces 69% de possession moyenne par match, ce qui en fait l’équipe qui a le plus le ballon en Liga Smartbank. Difficile de faire plus Barça que ça… Mais pas que. C’est surtout dans le fonctionnement du club que Piqué veut se rapprocher le plus de ce qu’il a connu à La Masia, et le choix d’Eder Sarabia, amoureux de la philosophie de Johan Cruyff, n’est pas hasardeux, loin de là. Très impliqué dans le projet, injectant régulièrement de l’argent et se tenant au courant quasi quotidiennement de ce qui s’y passe, l’ancien défenseur de la Roja veut beaucoup miser sur la formation et calquer ce qu’il a connu dans sa jeunesse. Et à ce niveau le FC Andorra partait de zéro. Difficile donc pour l’instant de voir des résultats, mais les premières pierres sont posées. Le club a récemment trouvé un accord avec le Gimnàstic Manresa, gros club formateur de Catalogne au niveau amateur, pour qu’il devienne en quelque sorte le centre de formation du FC Andorra. Tout indique que dans les prochaines années, on verra les premiers joueurs totalement formés au club évoluer avec l’équipe première.
Plus que sur le mercato, c’est au niveau des infrastructures que Piqué et Kosmos investissent. Le club a par exemple fait du stade national de la Principauté sa nouvelle enceinte jusqu’en 2024, le temps de construire un nouveau stade dans la commune d’Encamp. Un projet qui coûtera 26 millions d’euros, avec 6 millions d’euros qui seront apportés par le gouvernement local. Le stade devrait avoir 6000 places et un terrain d’entraînement va aussi être construit. L’objectif est de créer un squelette solide pour que dans un avenir proche, le club puisse être autosuffisant et ne pas dépendre d’investissements supplémentaires. Pour financer tout ça et obtenir des sources de revenus supplémentaires, Piqué a aussi l’intention de compter sur des acteurs peu habituels dans le monde du football jusqu’ici, comme les youtubeurs/streamers et joueurs d’e-sport, dont la proximité au projet devrait permettre d’apporter une belle fanbase au projet et de créer des évènements et des projets particulièrement rémunérateurs autour du club. Pas de doutes, le FC Andorra est sur le bon chemin et tout indique que d’ici quelques années, on risque d’avoir des duels entre le club de Piqué et le FC Barcelone en Liga ! Une drôle de situation en vue, surtout que pour beaucoup de fans barcelonais, Piqué sera un jour président du Barça…
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