Quand le football anglais organisait un concours de 100m entre joueurs professionnels

En marge de la finale de la Coupe de la Ligue anglaise de 1992, le sponsor de l’épreuve et quelques financeurs ont décidé d’organiser un concours de 100 mètres entre des joueurs professionnels des quatre divisions. Une idée aussi farfelue qu’éphémère, qui prête aujourd’hui à sourire.

Par Maxime Barbaud - Mathieu Rault
3 min.
Les finalistes du 100m organisé par le football anglais @Maxppp

En France, on a bien connu le Challenge Wanadoo. Figure totémique des mi-temps de Ligue 1 durant lesquelles des jeunes footballeurs en herbe s’affrontaient dans une série de face à face avec le gardien de l’équipe adverse, ce concours fait suite à une série d’évolutions. Parfois farfelues et moquées, tantôt originales et appréciées, certaines idées ont perduré dans le temps, quand d’autres sont complètement tombées aux oubliettes pour fuir les livres d’histoire et la mémoire collective. Elles sont souvent l’œuvre de promoteurs, jamais à court d’imagination pour améliorer "l’offre spectacle" d’un match ; et empocher quelques billets au passage. Les Anglais font figure de pionniers en la matière. Face à la fascination du public pour la vitesse des joueurs, un petit groupe de cols blancs a eu une idée à la fois simple, et un peu dingue : faire s’affronter les professionnels le temps d’un 100 mètres.

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Ainsi naît pour l’édition de la Coupe de la Ligue 1992 le Rumbelows Sprint Challenge. Le concept va plus loin qu’une simple course. Il mêle l’ensemble des 92 clubs de football professionnel, qui sont priés d’envoyer un représentant chacun. La plupart rechignent et envoient un joueur mineur de l’effectif, quand certaines équipes déclinent carrément l’invitation. La récompense a pourtant de quoi motiver. Associé au diffuseur, Rumbelows, le fournisseur d’électricité et sponsor de l’épreuve, promet un chèque de 10 000 livres (environ 11 200 €) au vainqueur, et une télévision. Une très belle somme pour les joueurs, notamment des divisions inférieures, d’une époque en passe d’assister à la création de la Premier League. Pour fidéliser le public, il s’agit d’organiser une compétition en plusieurs étapes qui doivent créer une véritable attente. Comme pour un 100 mètres olympique, il y a des tours de qualification avant la grande finale.

John Williams, unique vainqueur de l’éphémère Rumbelows Sprint Challenge

On tente de faire revivre ici le mythe de l’athlète pluridisciplinaire. Il faut imaginer un joueur d’Arsenal, le rapide Martinelli par exemple, crampons aux pieds et maillot sur le dos, disputer un sprint contre un membre de Milwall, Blackpool ou encore de Leyton Orient. Ça vous paraît un peu fou ? C’est normal. Un tel projet paraît inconcevable aujourd’hui. Entre le rythme des matches, le risque de blessures, les assurances et la faible dotation, cette compétition ne verrait jamais le jour et les clubs refuseraient tous d’envoyer un joueur. Il y a pourtant tous les ingrédients pour rendre l’événement viral sur les réseaux sociaux. Les concurrents étaient repartis en six zones géographiques différentes. Les deux premiers de chaque course, ainsi que 4 repêchés au temps, se qualifiaient pour les demi-finales, et potentiellement la finale, qui avait lieu à Wembley en levé de rideau de la finale de cette Rumbelows Cup, le nom de la Coupe de la Ligue de l’époque, qui opposait cette année-là Manchester United à Nottingham Forest.

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En qualifications, c’est Kevin Bartlett qui réalisait le meilleur temps en 11.40s (le record du monde de la discipline est à l’époque détenu par Carl Lewis, en 9.86), avant de se hisser en finale. L’attaquant de Notts County était d’ailleurs le seul représentant de première division avec Tony Witter de QPR, et Adrian Littlejohn de Sheffield United. Sur les cinq autres finalistes, quatre appartenaient à la troisième division et un à la Football League Fourth Division, preuve que cette épreuve ne sensibilisait pas vraiment les cadors anglais. Mais devant les 75 000 spectateurs venus assister à la finale de foot et avec l’excentrique John McCririck aux manettes, la course concentrait tout de même l’attention d’un public amusé, plus que concerné. L’histoire retiendra que pour sa seule édition, le Rumbelows Sprint Challenge couronna l’attaquant de Swansea John Williams vainqueur en 11.49s. Pour l’anecdote, celui qui deviendra quelques semaines plus tard le second buteur de l’histoire de la Premier League profitera de son chèque pour s’offrir une Peugeot 205 GTI et déposer une caution sur une maison. Ce concours n’est pas resté dans les mémoires mais il a fait un heureux.

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