La saison invraisemblable de l'Olympique Lyonnais
L'OL n'aurait sans doute pas imaginé vivre une telle saison rocambolesque. De l'échec Sylvinho à l'arrêt soudain des matches, en passant par le masque de clown de Rudi Garcia et de l'exploit face à la Juventus, retour sur un an de hauts et de bas vécus dans la capitale des Gaules.
C'est un peu les montagnes russes. De la fin de l'ère Genesio à l'arrêt forcé des compétitions, l'OL aura vécu une saison complètement surréaliste entre le passage éclair de Sylvinho, l'arrivée controversée de Rudi Garcia, une victoire en Ligue des Champions contre la Juventus et un exercice de Ligue 1 prématuré terminé à une 7e place, synonyme de non-qualification pour une coupe d'Europe. Et ce n'est sans doute pas terminé puisque Jean-Michel Aulas est bien décidé à faire valoir ses droits. Alors en attendant de connaître l'issue incertaine de ce combat judiciaire, retour sur cet exercice 2019/2020 complètement déroutant et imprévisible qu'ont connu les Gones.
Il faut remonter plus d'un an en arrière, au 13 avril 2019 pour avoir le début de l'histoire. Ce jour-là Bruno Genesio déclare qu'il quittera le club en fin de saison. Le climat délétère avec les supporters et une élimination en demi-finale de Coupe de France auront eu raison de lui. Au soir de l'avant-dernière journée de championnat, Jean-Michel Aulas annonce la venue du duo Juninho-Sylvinho pour la prochaine saison. Le premier cité fait son grand retour dans la capitale des Gaules en tant que directeur sportif et ramène dans ses bagages un ancien international brésilien sans la moindre expérience d'entraîneur. Il y a de la curiosité dans l'air et même un peu d'excitation. Malgré les pertes de Fekir, Mendy et Ndombélé, et une préparation laborieuse, le mercato est plutôt emballant. Le début de championnat est lui prometteur avec deux larges victoires à Monaco et contre Angers. Plus dur sera le crash.
Le mauvais choix Sylvinho
L'état de grâce ne dure pas et on se rend rapidement compte que la formation de Sylvinho ne tient pas la route. L'équipe enchaîne sept rencontres sans victoire et offre des prestations indignes. Le technicien brésilien sauve sa tête une fois sur la pelouse de Leipzig en Ligue des Champions mais doit finalement rendre son tablier quatre jours plus tard suite à une défaite à Saint-Etienne. La fameuse accolade avec les supporters lors du dernier entraînement avant le derby n'y changera rien. Sylvinho n'aura tenu que 11 matches. Le constat est d'autant plus sévère que le club a répondu à toutes ses demandes. C'est une première claque pour le directeur sportif qui assume son échec.
Volontairement en retrait en ce début de saison, Aulas va revenir sur le devant de la scène. Il choisit, au détriment de Laurent Blanc et de Jocelyn Gourvennec, Rudi Garcia comme successeur mais le passé marseillais très récent de l'entraîneur et certaines de ses déclarations à l'encontre du club ne plaisent pas aux supporters, qui vont pourtant devoir s'en accommoder. Dans un contexte très particulier, voire même hostile, l'ancien coach de l'OM redresse légèrement la situation de l'OL en championnat mais perd l'avance prise en Ligue des Champions. Le match nul arraché au Groupama Stadium face au RB Leipzig prend même des allures de victoire puisqu'avec ce résultat, les Lyonnais accrochent un peu par miracle une qualification en 8e de finale de Ligue des Champions.
L'arrivée de Garcia, les blessures de Depay et de Reine-Adélaïde
Sauf que la soirée se termine dans l'incompréhension générale. Quelque chose se casse avec les supporters. Héros de la rencontre, Memphis Depay s'en prend à un spectateur, auteur d'une banderole moqueuse à l'encontre de Marcelo. Comble de l'histoire, la femme du défenseur brésilien se joint au récit en dénonçant l'attitude d'un cadre du vestiaire (probablement Anthony Lopes) sur les réseaux sociaux. Leader affiché depuis le début de saison, le Néerlandais ne pourra pas tenir son rôle plus longtemps. Cinq jours plus tard le 15 décembre, il se blesse lors d'une nouvelle défaite à domicile face à Rennes. Le verdict tombe, le freestyler de Moordrecht doit se faire opérer d'une rupture des ligaments croisés du genou. Pire encore, Jeff Reine-Adélaïde, probablement la meilleure recrue lyonnaise en cette première moitié de saison, est victime de la même blessure. En une rencontre, l'OL perd deux de ses meilleurs éléments pour le reste de la saison.
L'absence des deux joueurs ne se fait pas encore ressentir sur des résultats en nette amélioration en ce début d'année 2020. L'OL réalise un mois de janvier parfait (7 victoires en 7 matchs) mais est à nouveau freiné en Ligue 1 par une série de 4 rencontres sans succès en février. Les équipes de haut de tableau s'éloignent irrémédiablement. Déjà à bout de nerfs face à tant d'irrégularités et des déclarations parfois désarmantes d'Aulas et de Garcia, une partie des supporters se met à dos la direction. Le meme de l'entraîneur grimé en clown largement diffusé sur les réseaux sociaux ne plaît pas du tout au club, qui menace d'un dépôt de plainte. La rupture est même consommée avec la nouvelle affaire Thiago Mendes. Recruté 25 M€ l'été précédent au LOSC, le Brésilien n'est que l'ombre de lui-même sur le terrain. Les supporters l'accusent d'avoir un rythme de vie nocturne pas vraiment en adéquation avec celle d'un joueur professionnel. Le club lui apporte son soutien mais [il n'est même pas convoqué pour le derby face aux Verts le 1er mars. Quand il y a un loup...
De l'exploit face à la Juve à l'arrêt des compétitions
Pourtant au milieu de ce climat difficile, l'OL réalise un exploit majuscule en battant la Juventus de Ronaldo en 8e de finale aller de la Ligue des Champions. Face aux mauvaises performances de Thiago Mendes, c'est la dernière recrue Bruno Guimaraes qui fait le show. Pour sa première dans le grand bain européen et sa seconde titularisation seulement avec les Gones, il règne sur l'entrejeu adverse et affiche ses qualités sans période d'adaptation. Le jeune milieu de terrain brésilien, arrivé pour 20 M€, s'impose immédiatement et séduit tout le monde. Une semaine plus tard, il est en revanche effacé comme ses coéquipiers par le PSG en demi-finale de Coupe de France. L'espoir est tout de même de mise pour une revanche face aux Parisiens en finale de Coupe de la Ligue prévue un mois plus tard.
Sauf que cette finale ne se jouera pas (du moins pour le moment). La pandémie de Covid-19 frappe déjà le monde entier et le football doit s'arrêter. Un temps espéré, la reprise n'aura pas lieu pour cette saison en France. Le championnat se stoppe net avec un OL englué à une 7e place synonyme de non-qualification en coupe d'Europe. C'est une première depuis 24 ans. Dindon de la farce, Jean-Michel Aulas aura beau communiquer ses meilleures idées à la LFP pour terminer la saison et essayer d'arracher un ticket européen, il n'y a plus rien à faire. Le président lyonnais se lance alors dans une croisade judiciaire pour tenter de faire valoir ses droits et ses intérêts. Souvent apparu isolé dans cette période, il paye là ses prises de position jugées égoïstes. Cela ne l’empêchera pas de contester les décisions de la ligue et d'aller au bout de son combat seul ou presque. Conclusion d'une saison imprévisible à plus d'un titre.
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