Vers une Liga 2020/2021 au rabais ?

Par Max Franco Sanchez
5 min.
Eden Hazard vs Lionel Messi @Maxppp

Une nouvelle saison va démarrer demain en Espagne. Mais entre crise du coronavirus et mercato extrêmement pauvre, elle ne suscite pas un énorme engouement chez nos voisins ibériques.

Après le sacre madrilène, il y a un peu moins de deux mois, la Liga reprend ses droits demain avec un match entre Granada et l’Athletic, deux écuries qu’on retrouvera vraisemblablement à la lutte pour une place en Europa League la saison prochaine. Mais de l’autre côté des Pyrénées, cette nouvelle édition du championnat national ne suscite pas forcément de vives attentes, et ce, pour diverses raisons. Mais si les fans espagnols ne semblent pas particulièrement enthousiasmés par cette Liga 2020/2021, c’est en bonne partie parce que les équipes espagnoles ont encore vécu un mercato compliqué, notamment à cause de la crise du coronavirus, alors que les circonstances propres à certains clubs ont également considérablement affaibli les troupes.

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Globalement, on peut le dire, il y a peu de certitudes. Avant d’aborder le cas des deux locomotives du championnat et de l’Atlético de Madrid, force est de constater que les outsiders offrent globalement peu de garanties. Peut-on affirmer que, sur le papier du moins, les équipes du haut de tableau seront ne serait-ce qu’au même niveau que l’an dernier, qui n’était déjà pas particulièrement brillant ? Pas vraiment. Certes, Séville sort d’une belle campagne européenne, mais la formation entraînée par Julen Lopetegui a dû dire adieu à son maître à jouer, Ever Banega, ainsi qu’à Sergio Reguilon, excellent tout au long de la saison sur le flanc gauche de la défense. Ce dernier n’a d’ailleurs pas encore de remplaçant, alors qu’au vu de ses récentes prestations, rien n’indique qu’Ivan Rakitic (ou Oscar Rodriguez bien que son profil soit plus offensif) parviendra à se hisser au niveau de l’Argentin.

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De nombreux départs

Du côté de Villarreal, on a certes réalisé un mercato assez intéressant sur le papier, avec les arrivées, entre autres, de Take Kubo, Francis Coquelin, Dani Parejo ou Geronimo Rulli, qui devrait cependant se contenter d’un rôle de doublure du taulier Sergio Asenjo. Un mercato salué au pays de Cervantes, mais qui ne doit pas nous faire oublier que le Sous-Marin Jaune a perdu son maître à jouer, Santi Cazorla, en plus de Frank-André Zambo Anguissa, qui avait certes un rôle moins clinquant, mais tout de même important. De plus, on parle là de recrues intra-championnat, et non de talents importés de l’étranger. Enfin, la Real Sociedad a réussi à conserver sa colonne vertébrale, remplaçant Martin Odegaard par David Silva, mais avait extrêmement mal terminé la saison. Quant aux autres outsiders pour l’Europe, comme la surprise Granada ou Getafe, il faudra confirmer, plus dans le cas des Andalous que des Madrilènes certes, mais les Azulones ont très mal terminé la saison. Inutile de revenir en profondeur sur la catastrophe de Valence qui doit s’attendre à une saison pas franchement palpitante après tant de départs majeurs, ou sur le Betis qui sort aussi d’un exercice 2019/2020 très décevant et qui ne s’est pas vraiment renforcé pour l’instant.

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Il faut dire qu’une fois encore, mais de façon encore plus accentuée cette fois, la Liga a perdu de nombreux talents. Elle a déjà frôlé la catastrophe avec Lionel Messi, mais de nombreux joueurs hors-cadors qui font aussi du championnat ibérique une ligue attractive et intéressante à suivre sont partis. Rodrigo Moreno, valeur sûre de la ligue espagnole et membre important de la Roja de Luis Enrique a ainsi quitté Valence… pour un promu, Leeds ! Ferran Torres, pépite des Ches et considéré comme l’avenir du football espagnol avec Ansu Fati, s’en est lui allé du côté de Manchester City. Un départ plus compréhensible puisque pour le coup, les Citizens sont un club bien plus huppé, mais qui démontre que des clubs comme le Real Madrid, le Barça ou l’Atlético ne veulent plus - et surtout ne sont plus en mesure - d’attirer dans leurs rangs les meilleurs talents nationaux. Le cas Mohammed Salisu est aussi symptomatique des soucis qu’a la Liga pour rivaliser avec les autres championnat, en particulier la Premier League. Ni l’Atlético ni Valence n’ont été en mesure de lutter avec Southampton, qui s’est finalement offert les services de celui qui avait été une des révélations de la saison dernière.

Des chiffres inquiétants

Et pour les locomotives du championnat alors ? Là aussi, le constat est peu glorieux. Si le FC Barcelone devrait bel et bien entamer une petite révolution, l’effectif barcelonais ne devrait pas forcément être largement meilleur que celui de l’an dernier au vu des noms annoncés. Si les idées de jeu de Ronald Koeman et le talent de pépites comme Riqui Puig ou Ansu Fati peuvent rendre les rencontres de l’équipe catalane plus intéressantes et spectaculaires, il n’y aura a priori pas d’arrivée de gros joueurs. De même à Madrid, où l’immobilisme règne du côté des deux clubs de la capitale. Le Real Madrid va notamment se contenter de quelques retours de prêt, avec Odegaard en tête d’affiche, alors que l’Atlético va devoir dégraisser avant d’ajouter quelques nouvelles têtes, mais là aussi il s’agira plus de joueurs de complément que de galactiques. Contrairement à ce qui se passe en Angleterre par exemple, où Chelsea, Manchester United et Manchester City sortent la planche à billets, c’est très calme chez les cadors espagnols.

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Un chiffre est particulièrement évocateur. Si on met de côté l’option d’achat obligatoire d’environ 35 millions d’euros qu’a dû lever l’Atlético pour Alvaro Morata et qui était fixée depuis un an et demi déjà, ou le deal maquillé pour Pjanic, le joueur le plus cher de l’été est… Suso. Le Sévillan a coûté 24 millions d’euros, sous forme d’option d’achat après son prêt en deuxième partie de saison. Viennent ensuite Oscar Rodriguez, aussi recruté par l’équipe andalouse au Real Madrid pour 13,5 M€, ainsi que Marc Cucurella, que Getafe s’est offert définitivement pour 10 M€, qui complète la marche. Ces trois joueurs sont les seuls à avoir coûté plus de 10 millions d’euros cet été ! En Premier League, on compte presque 30 joueurs ayant coûté au moins cette somme. Même s’il va encore y avoir du mouvement, et que l’arrivée de joueurs comme Memphis Depay et Georginio Wijnaldum risque de faire grimper un peu ce chiffre, le constat est sans équivoque : on va bel et bien assister à une Liga 2020/2021 low cost. En attendant le mercato estival 2021 où le Real Madrid espère faire des folies, les entraîneurs et les dirigeants vont devoir faire avec les moyens du bord, et nul doute que de nouvelles pépites en profiteront pour sortir du lot.

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