Brésil : les coulisses de la nomination de Carlo Ancelotti déclenchent une énorme polémique
La nomination de Carlo Ancelotti à la tête de la Seleção a été applaudie par l’ensemble des observateurs. Mais au Brésil, la manoeuvre réalisée par le patron de la fédération (CBF) interpelle.

C’est bien la première fois depuis longtemps que le Brésil a frappé fort dans le monde du football. En annonçant hier l’arrivée de Carlo Ancelotti (65 ans) au poste de sélectionneur du Brésil, la CBF a réalisé l’un des plus beaux coups de son histoire. En quête de sa sixième étoile depuis 2002, la Seleção espère que l’homme aux cinq Ligues des Champions saura exaucer son voeu. Attendu chez les Auriverdes le 26 mai prochain, l’Italien sait qu’il fait déjà face à une énorme pression. Les attentes de la fédération sont énormes et celles d’un public frustré par la Canarinha aussi.
Un coup en douce du président de la CBF ?
En Italie, « Carletto » a également fait parler et suscite surtout de la fierté. «Je suis heureux pour Carlo Ancelotti, c’est une immense satisfaction pour lui, mais également pour le football italien. Le choix des Brésiliens de s’appuyer sur lui est la confirmation de la suprématie actuelle de l’école des techniciens italiens», a déclaré le patron de la fédération transalpine, Gabriele Gravina. Vous l’aurez compris, l’intronisation d’Ancelotti ne laisse personne indifférent et suscite même beaucoup d’excitation. Mais au Brésil, les coulisses de cette nomination font également beaucoup parler.
Ancelotti va devoir gérer la pression liée aux attentes du peuple brésilien, mais il va également devoir composer avec une ambiance tendue au sein de la CBF. Hier, nous vous évoquions déjà l’étonnement général provoqué par cette officialisation faite par la CBF, avant même l’annonce du Real Madrid. Dans le monde du football, il est en effet rare de voir un club ou une nation annoncer l’arrivée d’un coach avant que le départ de celui-ci n’ait été officialisé. Ce mardi, la Casa Blanca n’a d’ailleurs toujours pas annoncé le futur départ de son coach. Et au Brésil, un seul homme est responsable de ce timing étonnant : le président de la CBF, Ednaldo Rodrigues. Concrètement, la presse locale a indiqué que Rodrigues, qui a piloté le dossier Ancelotti, a pressé le service de communication de la CBF pour que l’annonce officielle tombe avant son audience au tribunal de Rio de Janeiro, évitant ainsi de faire capoter l’affaire en cas de pépin judiciaire (Rodrigues est accusé d’avoir fraudé lors de son élection en 2022).
De nouvelles élections demandées en urgence
Depuis, de nouveaux éléments sont venus confirmer cette tendance. Et au Brésil, beaucoup pensent que la manoeuvre d’Ednaldo Rodrigues est destinée à préserver le mandat de président de ce dernier. Le vice-président de la CBF, Fernando Sarney, a toutefois contrattaqué en dépensant une nouvelle demande au Tribunal de justice de Rio de Janeiro, relayée par Globo, pour suspendre les effets de l’accord ratifié par le Tribunal suprême fédéral (STF), qui garantissait la permanence d’Ednaldo Rodrigues à la tête de la CBF, ainsi que sa destitution consécutive. En clair, Sarney demande à remplacer Rodrigues à la tête de la CBF et de convoquer dans la foulée de nouvelles élections. Et ce n’est pas tout. Sarney estime qu’il y a un risque de « dommages graves et difficilement réparables » pour la CBF en raison de l’embauche très coûteuse d’Ancelotti et des frais liés au futur licenciement de Rodrigues.
« Et maintenant, semble-t-il, pour tenter de « clore » l’action judiciaire sur l’irrégularité de son maintien à la tête de la CBF, dans la précipitation, sur ordre d’Ednaldo Rodrigues, la CBF a annoncé l’embauche millionnaire de l’entraîneur Carlo Ancelotti. Tout porte à croire que c’est en raison de l’audience d’inspection prévue aujourd’hui (hier) à 14 heures. Il semble qu’il s’agisse encore du même modus operandi qui est toujours utilisé lorsqu’il est question de la destitution d’Ednaldo Rodrigues. C’est une raison de plus pour que la décision elle-même fasse office de mandamus (ordonnance officielle d’un tribunal, ndlr) afin qu’elle soit exécutée immédiatement, avec la révocation du président et la nomination exceptionnelle du requérant pour diriger l’organisation et convoquer des élections dans les délais les plus brefs prévus par les statuts. » Ambiance…
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