La France du football prend la défense de Brandão
Condamné à un mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris pour son coup de tête sur Thiago Motta, Brandão voit le monde du football se mobiliser pour dénoncer le traitement dont il fait l'objet.
Suspendu sportivement jusqu'en février 2015 pour son coup de tête asséné à Thiago Motta dans les couloirs du Parc des Princes lors de Paris SG-Bastia (2-0, 16 août), Brandão (34 ans) a vu ce jeudi le tribunal correctionnel de Paris lui infliger une amende de 20 000€ et une peine de prison d'un mois ferme, même si, dans les faits, le Brésilien ne devrait pas passer par la case prison (un réaménagement en travaux d'intérêt général est évoqué). Une décision inédite et très sévère qui a provoqué de vives réactions dans le microcosme du football, à l'image de Pierre-Marie Geronimi, président de Bastia. «C'était un dossier médiatique et cela a joué. (...) Il faudra que la justice l'assume et se calque dessus à l'avenir. En termes de jurisprudence, c'est une première en France et il faudra que la justice l'assume et se calque dessus à l'avenir», regrettait-il.
Christophe Galtier, entraîneur de Saint-Étienne, qui a eu l'attaquant sous ses ordres s'est lui aussi insurgé. « Quand je vois le nombre de délinquants qui ont un casier de deux ou trois pages qui n’ont pas mis un pied en prison, j’ai l’impression d’un président qui a voulu se payer un joueur. C’est une aberration. Quand je vois ce qui s’est passé cette semaine, de la délinquance avec des gens qui roulent dans des voitures volées qui sont des agresseurs et on veut envoyer en prison un footballeur, parce qu’un président a décidé de se faire un footballeur pour qu’on parle de lui. Il y arrive, la preuve je suis en train d’en parler. C’est pitoyable et pas vraiment beau pour notre pays », a-t-il lancé dans les colonnes du Progrès. Philippe Piat, président de l'UCPF, syndicat des joueurs, est lui aussi monté au créneau.
Le football visé ?
« Je trouve cela bizarre. Je ne suis pas certain qu’une personne lambda qui fait le même geste aurait de la prison ferme. Cela me paraît un peu élevé. Mais en sport, on doit rendre des comptes et être exemplaires. J’imagine que c’est pour cela que cette décision a été prise. Il paye le fait d’être un sportif de haut niveau et paye plus cher qu’un simple anonyme. D’autant plus que ce geste a été filmé », a-t-il lâché au Parisien. Jean-Louis Triaud, le président des Girondins de Bordeaux, trouve lui aussi la sanction exagérée. « Il y a des tas de choses plus graves. Des gens, qui sont parfois récidivistes même, ne prennent pas de prison ferme. Donc oui, ça me semble assez sévère », a-t-il confié. Même son de cloche pour son homologue rémois Jean-Pierre Caillot. « C’est du grand n’importe quoi. C’est absurde. Si Brandão n’avait pas été footballeur, il n’aurait pas eu une telle sanction. Tout est bon pour salir ce sport ».
Mircea Lucescu, coach du Shakhtar Donetsk, qui a accueilli le buteur en Europe, a lui aussi pris la défense de son ancien protégé. «Prison ferme ? Eh bien on ne rigole pas en France ! Cela semble quand même sévère car, au départ, c’est un problème sportif. Et après un match de foot, il y a souvent une surdose d’émotions. Tout le monde n’est pas dans son état normal. Après, ce qu’a fait Brandão devait être sanctionné et sa longue suspension était méritée. Mais de la prison ferme, c’est quand même grave», a déclaré celui qui se souvient d'un «gentil garçon», «batailleur sur le terrain, certes, mais jamais méchant». Le football regrette donc la sévérité dont a fait preuve la justice envers Brandão, actuellement blessé à la cuisse. Le reverra-t-on sur un terrain ? Bastia a laissé planer le suspense. «On n'est pas là pour noyer quelqu'un qui a déjà la tête sous l'eau», s'est contenté de répondre le patron du Sporting.
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