L’incroyable scandale d’espionnage qui secoue le Canada

L’été dernier, l’équipe féminine du Canada s’était faite remarquée pour avoir espionné l’entraînement d’un adversaire. Aujourd’hui, les médias locaux nous en apprennent davantage sur cette pratique illégale instaurée depuis de nombreuses années.

Par Matthieu Margueritte
3 min.
Le Canada au coeur d'un scandale d'espionnage @Maxppp

L’affaire avait fait grand bruit lors des Jeux Olympiques 2024 de Paris. Prise en flagrant délit d’espionnage d’un entraînement de la Nouvelle-Zélande, l’équipe féminine du Canada avait écopé de six points de pénalité. De son côté, la sélectionneuse Bev Priestman et deux de ses adjoints ont été suspendus un an et ont écopé d’une amende de 313 000 $ (environ 210 000€). La réputation des champions olympiques en titre en avait pris un sacré coup.

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Le scandale des JO de Paris, un simple échantillon

«Des policiers, qui patrouillaient autour de la zone du stade, ont vu un drone qui atterrissait dans une zone boisée. Ils ont pu interpeller Joey Lombard (l’un des adjoints de Priestman, condamné depuis à 18 mois de prison avec sursis) qui récupérait le drone, qui avait filmé des tactiques de l’équipe néo-zélandaise. (…) On a été un peu surpris, car c’est la première fois qu’on voyait un entraînement de foot qui était espionné par une autre équipe», a indiqué le procureur de Saint-Étienne, David Charmatz. Sauf que Radio Canada nous apprend que le Canada n’en est pas vraiment à son coup d’essai dans la pratique de l’espionnage par drone. Ce qu’il s’est passé aux Jeux Olympiques (2024), ce n’était que la pointe de l’iceberg», ont confié plusieurs sources au média.

La radio rappelle en effet que des joueuses d’un pays affrontant les Canadiennes dans le cadre d’un tournoi qualificatif pour les JO 2024 avaient, elles aussi, vu passer un drone survolant leur terrain d’entraînement. Le Canada est alors fortement suspecté, mais faute de preuve, l’enquête n’ira pas plus loin. Toutefois, Radio Canada a recueilli des dizaines de témoignages de personnes (anciens joueurs, dirigeants, agents sportifs, entraîneurs ou employés) liées de près ou de loin à la fédération canadienne (Canada Soccer). Et le constat est effarant. Tous ont confirmé la mise en place depuis une dizaine d’années de techniques d’espionnage et l’utilisation de drones.

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Une pratique qui dure

De son côté, Canada Soccer s’est défendue auprès de la FIFA et du Tribunal arbitral du sport en affirmant qu’elle dénonçait ces pratiques installées par un seul homme. « Nous soupçonnons que l’utilisation d’un drone remonte à l’époque de X (le nom a été effacé) lorsqu’il était le coach de l’équipe nationale féminine. En d’autres mots, cette pratique a été lancée par une personne et a été poursuivie par Bev Priestman. Ce n’était pas facilité par la fédération, a écrit Canada Soccer, pour tenter d’éviter une pénalité sportive. (…) L’équipe nationale masculine senior pourrait avoir utilisé une tactique d’analyse similaire ». Très vite, le nom effacé dans ce rapport a été identifié. Il s’agirait très probablement de John Herdman.

Ce dernier a été le sélectionneur de l’équipe nationale féminine de 2011 à 2018, remportant deux médailles olympiques aux JO de 2012 et 2016. Il a ensuite pris les commandes de la sélection masculine en 2018. Une équipe qu’il a lâchée en 2023 après l’avoir conduite à la Coupe du monde au Qatar en 2022. Un entraîneur réputé outre-Atlantique au cœur d’un vaste scandale puisque Radio Canada révèle que Herdman avait fait espionner la petite équipe de Saint-Kitts-et-Nevis dès ses débuts à la tête de la sélection masculine en 2018. «C’était des pêcheurs! Quand on l’a su, on rigolait entre nous. Les gens qui le savaient dans l’organisation ont trouvé ça aberrant», a d’ailleurs confié un ancien joueur de l’équipe. Et ce n’est pas tout puisque plusieurs équipes sud-américaines auraient également été espionnées. Idem en ce qui concerne des compétitions réservées aux jeunes, le tout sous les yeux d’une fédération au courant de ces pratiques, mais bien contente de fermer les yeux. En revanche, ceux des futurs adversaires les Canadiens seront bien ouverts, eux.

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