Algérie/Bordeaux, Mehdi Aït Ahmed charge Eduardo Macia: « Nous n’avons pas les mêmes valeurs »
Le ton monte aux Girondins et Eduardo Macia serait notamment sur la sellette. Le directeur du football des Girondins est sous le coup d'une plainte déposée par un jeune agent de joueur qui a négocié l'arrivée de Naoufel Khacef et qui accuse le responsable du recrutement du club de l'avoir écarté. Mehdi Aït Ahmed ne compte pas se laisser faire et a même porté plainte pour « exercice illégal de la profession d’agent sportif » et « escroquerie en bande organisée ». Voici son histoire.
Depuis plusieurs semaines, le club des Girondins de Bordeaux est sens dessus dessous. Entre la fronde des supporters contre le club et notamment Anthony Thiodet, une possible revente du club par King Street et quelques affaires sombres de transferts liant le directeur de football du club au scapulaire Eduardo Macia et plusieurs arrivées de joueurs dont celle de Naoufel Khacef cet hiver, l’intersaison est bouillante chez les Girondins. D'ailleurs, l'un des hommes qui a mis le feu à cette poudrière a bien voulu répondre à quelques questions. Mehdi Aït Ahmed, agent FFF depuis un an, est celui qui a ramené le latéral gauche algérien aux Girondins et qui a réalisé l'intermédiation sur le transfert. Mis à l’écart après avoir finalisé le transfert, l’agent assure que le joueur et lui-même ont été clairement trompés et manipulés chacun de leur côté. S'il respecte beaucoup l'institution "Girondins de Bordeaux", cela semble être moins le cas pour Eduardo Macia. Mehdi Aït Ahmed, qui réclame justice et vérité, a d'ailleurs porté plainte pour « exercice illégal de la profession d’agent sportif » et « escroquerie en bande organisée », comme l'a confirmé d'ailleurs le parquet de Bordeaux joint il y a quelques jours par l’AFP. Mais comment en est-on arrivé là ? Celui qui gère les intérêts d'un autre jeune joueur à Bordeaux, Gabriel Lemoine, nous donne quelques éléments de réponse. Et à l'écouter, il ira jusqu'au bout.
FM : on parle beaucoup de vous ces dernières semaines, pouvez-vous nous en dire plus sur vous et comment vous est venue l'idée de devenir agent de joueurs ?
Mehdi Ait Ahmed : étant passionné de football depuis toujours, on m’avait souvent suggéré l’idée de devenir agent. Je n’y étais pas trop favorable, car j’avais une très mauvaise image de ce métier. C’est au final pour cette même raison que je suis revenu sur ma décision en me disant que j’allais exercer cette profession en axant davantage mon travail sur les volets humains et sportifs plutôt que sur le volet financier.
FM : vous avez commencé fort en plaçant un espoir belge aux Girondins. Quelques mois plus tard et en pleine affaire Khacef, avez-vous toujours la même envie ?
MAA : cette affaire renforce justement ma détermination à œuvrer pour que ce sport, dont nous sommes passionnés, revienne prioritairement aux passionnés plutôt qu’aux personnes qui se retrouvent dans ce milieu uniquement par intérêt.
FM : pour en revenir à Khacef, comment êtes-vous devenu son agent ?
MAA : le 25 novembre 2019, j’étais à Alger avec son ami et ancien coéquipier Tarek Cheurfaoui. Il a appelé Naoufel en lui disant qu’un agent venu de France souhaitait le rencontrer. Naoufel n’était pas loin et nous a rejoint très rapidement. C’était notre première rencontre et même notre première discussion, car je n’avais pas son numéro à ce moment-là. La rencontre s’est très bien passée au point que Naoufel a émis le souhait de me revoir en compagnie de son père. Nous nous sommes alors revus à Blida quelques jours plus tard. Une très grande relation de confiance s’est installée entre nous tous. Il y a certaines personnes qui ont poussé Naoufel à mentir publiquement il y a quelques jours dans les colonnes d’un grand quotidien sportif. J’espère que ces personnes ont pensé à déposer des brevets pour leurs inventions. En attendant, elles auront la possibilité de raconter leur histoire imaginaire à la justice.
FM : quand avez-vous compris qu'il se passait quelque chose d'anormal dans ce dossier ?
MAA : le 26 janvier, Eduardo Macia envoyait l’offre officielle des Girondins destinée au NA Hussein Dey à Badreddine Guasmi, agent FFF mandaté par le club algérien en compagnie d’autres personnes. Ces personnes ont refusé de porter à ma connaissance l’offre destinée au club. Ils m’ont dit qu’il s’agissait d’un prêt avec option d’achat et que l’opération totale se chiffrait aux alentours de 300 000 euros. Le joueur avait pourtant une clause libératoire estimée à moins de 200 000 euros. En date du 29 janvier, j’alertais officiellement la direction juridique du club que cette affaire basculait potentiellement dans l’illégalité et qu’il fallait agir.
FM : que réclamez-vous dans le dossier Khacef ?
MAA : justice et vérité !
«Je n’ai peur de personne»
FM : n'avez-vous pas eu peur de vous mesurer à l'institution Bordeaux ?
MAA : je n’ai peur de personne. Au-delà de ça, l’institution Girondins de Bordeaux existe depuis 1881. Je fais parfaitement la distinction entre cette grande institution pour laquelle j’éprouve le plus grand respect et les personnes qui la dirigent actuellement.
FM : vous avez porté plainte contre le directeur sportif espagnol de Bordeaux Eduardo Macia pour « exercice illégal de la profession d’agent sportif » et « escroquerie en bande organisée ». Vous êtes prêt à aller jusqu'au bout ?
MAA : deux cabinets d’avocats ont collaboré ensemble pour qualifier juridiquement les faits et déposer cette plainte à l’attention de Madame Le Procureur de la République à Bordeaux. L’escroquerie en bande organisée est une infraction pénale très grave qui peut aller jusqu’à 10 ans de prison et 1 million d’euros d’amende. Ce sera bien entendu à la justice de trancher, mais on ne peut en aucun cas porter ce genre d’accusation sans avoir la volonté d’aller au bout. Eduardo Macia n’est pas le seul à être visé par cette plainte.
FM : avez-vous encore des contacts avec le joueur ?
MAA : d’après la version fictive oui, car je le menace et je le harcèle. D’après la version originale non. Dans le monde réel, notre dernier échange date du 3 février. Je lui ai dit que le mensonge prenait l’ascenseur tandis que la vérité prenait l’escalier. Ces gens l’ont manipulé et lui ont littéralement retourné le cerveau. Ils sont même allés jusqu’à l’utiliser pour aller mentir publiquement. Il est sous contrat jusqu’au 30 Juin et prêt à tout pour rester en France. Ils se servent de lui et je ne sais même pas comment ils peuvent se regarder dans une glace. Nous n’avons pas les mêmes valeurs.
FM : de ce que vous avez pu voir en quelques mois à Bordeaux, comprenez-vous la fronde des supporters ?
MAA : de ce que j’ai pu voir et surtout savoir en quelques mois, oui ! Pour aller bien plus loin que quelques mois, je peux même dire que je n’avais jamais vu l’image du club et de la ville salie à ce point.
FM : est-ce que vous voulez servir d'exemple pour que de telles affaires ne se reproduisent pas ?
MAA : Servir d’exemple ? je n’ai pas cette prétention. Il faut par contre bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une simple histoire d’agents comme on a voulu le faire croire puisqu’un dirigeant du club est impliqué. Il faut également bien comprendre que c’est loin d’être une histoire de parole contre parole. On ne dépose pas une plainte aussi grave à l’attention du Procureur de la République avec de simples paroles.
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