Actualité froide Ligue 1

Antony Mendez : « Seko Fofana a toujours été en mission »

Ce mardi en Coupe de France, il était partout. Et si Lens s’est qualifié aux tirs aux but face au LOSC, il le doit en grande partie à son capitaine courage, Seko Fofana, auteur d’un doublé et du tir au but décisif. Aujourd’hui, il fait clairement partie des meilleurs joueurs du championnat. Mais qui est-il vraiment ? Quel est son parcours ? Et pourquoi a-t-il décidé de venir au RC Lens alors qu’il sortait d’une expérience pour le moins réussie à l’Udinese ? L’un de ses conseillers, Antony Mendez, nous en dit plus sur le phénomène Seko Fofana et donne quelques indices sur son futur.

Par Sebastien Denis
9 min.
Seko Fofana célèbre son but. @Maxppp

FM : Antony, quel match mardi soir de Seko Fofana contre Lille !

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Antony Mendez : oui, encore un gros match de plus à son actif, une top performance. C’est une fierté, car je sais tout le travail qu’il réalise au quotidien pour atteindre ce niveau de jeu qu’il affiche depuis plusieurs années et qu’on a vu encore mardi soir avec ce doublé et ce match au scénario incroyable.

FM : sur les réseaux sociaux hier, ça s’emballait vraiment sur le match de Seko. Mais toi, ce Seko-là, tu l’as déjà vu pas mal de fois non ?

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AM : je t’avoue que je suis surpris des commentaires, car j’ai l’impression qu’on le découvre aujourd’hui. Mais ça fait plaisir de voir qu’aujourd’hui, son talent et ses performances sont reconnus par de nombreux observateurs. Des performances de Seko me viennent en tête, contre l’OM, l’an dernier, puis cette saison avec la victoire au Vélodrome, contre le PSG l’an dernier et cette saison il y a quelques semaines, avec un but à la clé. Contre Lille mardi et j’en passe. Des équipes qui jouent l’Europe, la Champions League. À l’Udinese, il réalisait également des performances XXL, je pense aux matchs contre l’Inter Milan, l’Atalanta Bergame, la Juventus avec encore une fois le but de la victoire dans les derniers instants du match. Pour l’anecdote, l’Udinese jouait son maintien et la Juventus le titre. Seko avait pris la parole devant tout le groupe, devant le président pour rassurer tout le monde et prédire cette victoire au forceps attendue depuis de très nombreuses années par les supporters.

«Seko est un champion, il a toujours eu ça en lui, c’est un compétiteur»

FM : mardi face à Lille et comme souvent depuis son arrivée à Lens, il est omniprésent au milieu de terrain. Il galvanise ses troupes, il a remis son équipe dans le sens de la marche alors que le match semblait perdu. A-t-il toujours été comme ça ?

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AM : c’est un champion, un leader technique et naturel. Ce n’est pas pour rien que Patrick Vieira l’avait remarqué et validé lors de son transfert à Manchester City, ce n’est pas pour rien si Thierry Henry lui demande son maillot quand il est au bord du terrain. Je pense qu’un champion reconnaît facilement un autre champion. Il a toujours eu ça en lui, c’est un compétiteur. Il ne lâche rien jusqu’à la dernière seconde. Il faut relever et souligner la mentalité du staff lensois et de tous les joueurs qui composent cette équipe, ils sont allés chercher la qualification tous ensemble pour l’offrir à leur public. Tous les joueurs ont été importants. C’est un régal de voir jouer cette équipe lensoise.

FM : comment fait-il pour courir autant ?

AM : les gens ne se rendent pas compte de ce qu’il fait au quotidien pour afficher ce niveau athlétique. En termes d’alimentation, d’hygiène de vie, de soins, de récupération, de professionnalisme, il ne laisse rien au hasard. On loue souvent le professionnalisme de Cristiano Ronaldo ou des grands joueurs qui ont cette éthique de travail et de sacrifice, Seko est déterminé. Sa mission, c’est de récupérer au mieux pour être à 100 % pour les entraînements, les matchs. Pour donner le maximum pour son équipe, son club. Sans parler du travail personnel, lorsqu’il se prépare pour être au top physiquement.

FM : vu le talent qu’il avait à l’Udinese et ce qu’il montre à Lens, certains observateurs se demandent presque si Lens n’est pas trop petit pour lui. Que leur réponds-tu ?

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AM : c’est agaçant d’entendre que le RC Lens est trop petit. Quand on analyse les budgets, on peut se poser des questions. Mais quand on connaît les efforts que le RCL a fait pour attirer Seko, pour lui donner envie de venir et de faire partie du projet humble et ambitieux du RCL, on peut mieux appréhender les raisons qui ont poussé Seko à relever le défi lensois. Le RC Lens est attractif au niveau de la passion, du public, en termes de structures, en termes d’identité de jeu. C’est le plus gros investissement de toute l’histoire du RC Lens (10 M€, NDLR) pour obtenir le transfert depuis l'Udinese. Le niveau de jeu qu’il affiche aujourd’hui, il est allé le chercher par le travail. Ce sont les valeurs du club, les valeurs minières alors forcément ça a matché avec les dirigeants et le peuple lensois. Seko est humble et ambitieux, à l’image de son club. Mais je comprends qu’au vu de ses performances, les observateurs s’impatientent de le voir évoluer dans un club du top 16 européen ou dans les compétitions européennes.

«Si Seko doit aller dans un club français programmé pour les compétitions européennes ou dans un grand club étranger, ça se fera naturellement»

FM : que penses-tu des gens qui disent que Seko devrait jouer au PSG, à l’OM, ou dans un grand club à l’étranger ?

AM : ma réponse est simple. Seko est sous contrat avec le RC Lens jusqu’en juin 2024, il y a des sollicitations, mais aussi les exigences de son club. En ce qui concerne le PSG ou l’OM, ce sont deux grands clubs français, le PSG a un staff de qualité et à l’OM, c’est la même chose. Ils connaissent très bien le profil de Seko. Si Seko doit aller dans un club français programmé pour les compétitions européennes ou dans un grand club étranger, ça se fera naturellement, c’est la suite logique, il est ambitieux. Mais il peut aussi faire le choix de prolonger l’aventure lensoise, car il s’y sent bien, il est heureux et épanoui.

FM : pour toi, est-ce qu’il a le niveau pour évoluer dans un top club de Ligue des Champions ?

AM : quand on regarde les matchs, c’est une évidence. Quand on regarde les statistiques en général, il y a toujours Seko. Quand on regarde par exemple le classement des joueurs qui font le plus de courses à haute intensité, tu retrouves beaucoup de latéraux et des pistons… mais aussi Seko Fofana. Celui qui a couru le plus de kilomètres depuis le début de saison, c’est Seko encore. Une autre statistique intéressante, le pourcentage de dribbles réussis. Il est dans le top 10 des meilleurs dribbleurs de L1 avec 44 dribbles réussis. Au niveau ratio tentés/réussis, il est même deuxième juste après Téji Savanier (65,7 %). Il est devant Paqueta, Messi, Neymar ou Mbappé. Donc là, on parle d’un joueur qui est capable de répéter des courses à haute intensité, qui est capable de faire la différence en un contre un, qui est capable de jouer juste, de marquer (7 buts TCC depuis le début de la saison), de faire des passes décisives, de récupérer de nombreux ballons. Des profils comme ça, de milieux de terrain, il n’y en a pas beaucoup. C’est un joueur qui est aussi capable de se sacrifier. Quand des clubs de L1 font des plans anti-Fofana parce que ça arrive régulièrement quand les équipes jouent contre Lens, il a cette capacité à se mettre en retrait et à faire briller ses coéquipiers et des joueurs plus offensifs, car forcément ça libère de la place pour les autres et ça crée des brèches. Donc non, je n’ai aucun doute sur sa capacité à jouer et à être performant en Ligue des Champions. Dans cette compétition, il y a beaucoup d’intensité et peu de temps mort, sa capacité athlétique hors norme sera encore plus visible, dans ce type de match, c’est pour cette raison qu’il brille souvent contre les équipes de ce niveau-là.

FM : on a vraiment l’impression qu’il apparaît comme un leader sur le terrain et j’imagine dans le vestiaire.

AM : c’est quelqu’un de très positif au quotidien, très sympa, marrant et très positif dans un groupe. Il parle plusieurs langues étrangères, l’anglais, l’italien, ce qui lui permet de communiquer, voire même de traduire dans un groupe. Il a cette légèreté, cette capacité à se remettre en question, à ne pas dramatiser les situations et à ne pas s’enflammer quand ça va bien. Tous les joueurs de foot ont déjà connu ça. Le joueur dans ton équipe qui, juste par sa présence, te rassure. Tu sais qu’il va prendre ses responsabilités quand le moment viendra. Il va faire le taf, il a cette confiance en lui. Ce leadership naturel, c’est une grosse qualité qu’il faut souligner. Et c’est sûrement aussi pour ça que les supporters ou les fans de foot apprécient les joueurs comme lui.

«C'est tout le professionnalisme du monsieur qui a aussi été forgé par son parcours»

FM : justement avec toutes les qualités, les statistiques d’un Seko Fofana, combien ça vaut aujourd’hui sur le marché des transferts ?

AM : Seko est sous contrat avec le RC Lens donc cette question, c’est bien entendu aux dirigeants lensois d’y répondre, même si j’ai ma petite idée. Mais peu importe le prix qu’un club mettra pour recruter Seko Fofana, la seule chose que je peux dire c’est qu’il fera une affaire sportive.

Antony Mendez est à droite de Seko Fofana sur la photo.

FM : toi qui connais le joueur depuis ses débuts à Lorient, si tu devais retenir une anecdote, une histoire pas ordinaire à son sujet, qui le caractériserait parfaitement, ça serait quoi ?

AM : je le connais depuis qu’il est tout jeune, j’en ai tellement d’anecdotes le concernant. Par exemple, quand il était en formation à Lorient, il n’avait pas eu le temps de terminer son programme d’entraînement la journée, il est parti courir très tard la nuit dans le noir sans lumière alors que le stade était fermé, il a escaladé et il a fait son footing et son renforcement tout seul. Ça caractérise vraiment le bonhomme. Julien Stephan, qui l’a eu en formation au FC Lorient, a dit de lui qu’il était en mission. C’est exactement ça. Seko Fofana a toujours été en mission et il voulait réussir. Il n’a peur de rien. Son talent et son travail font qu’il n’a pas de limites.

FM : ce que tu dis est intéressant surtout qu’on parle beaucoup d’une génération de joueurs qui n’a pas envie de travailler, surtout en France…

AM : (il coupe) oui, mais Seko est bien entouré, famille, proches, conseillers, puis il ne faut pas oublier qu’il est parti à 17 ans à Manchester City. Il a découvert la rigueur là-bas. L’entraînement commence à 10h, mais les joueurs doivent venir à 8h, pour travailler, pour prendre le petit déjeuner, faire des soins, du travail en salle ou de la proprioception. À l’Udinese, il a découvert la partie récupération, je prends soin de mon corps. Il a aussi découvert cette rigueur italienne parce que là-bas, il passait la journée au centre d’entraînement, pour prendre soin de son corps. Tout ça pour dire c'est tout le professionnalisme du monsieur qui a aussi été forgé par son parcours.

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