Ligue 1

Jean-François Vulliez, directeur du centre de formation de l’OL : « mettre le plus de jeunes possible dans notre équipe pro »

Fournisseur officiel de talents depuis plusieurs années, l'Olympique Lyonnais s'appuie sur un savoir-faire et une académie qui est une véritable référence dans le monde du ballon rond. Directeur du centre de formation depuis 2017, Jean-François Vulliez consacre son temps et son énergie à mener les jeunes pousses rhodaniennes vers l'excellence et le plus haut niveau tout en leur transmettant l'ADN OL. Une mission qui tient à coeur de cette homme de l'ombre âgé de 48 ans. Entretien.

Par Dahbia Hattabi
21 min.
Jean-François Vulliez, le directeur de l'Academy OL @Maxppp

Foot Mercato : pouvez-vous vous présenter et expliquer vos différentes missions au sein de l'Olympique Lyonnais ?

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Jean-François Vulliez : je suis le directeur de l'Academy de l'Olympique Lyonnais depuis 2017. Cela fait dix ans que je suis au club. Ma mission est d'appliquer la politique sportive qui est décidée par le Comex du club, c'est-à-dire le management de la structure sportive mixte ce qui concerne le management de l’encadrement et des jeunes sur cinq éléments majeurs. Le premier concerne le périmètre sportif et la performance. Le second concerne le périmètre éducatif, à la fois la citoyenneté et la scolarité. En troisième, il y a le périmètre administratif et logistique. En quatrième, il y a le développement international. Et enfin, en cinquième, il y a le périmètre de la vision, du développement du projet pour avoir toujours un temps d'avance sur l'évolution de la formation, qui est un espace à la fois de recherche mais aussi d'échange et de réflexion pour toujours fixer des objectifs à la formation à l'Olympique Lyonnais. Donc ce sont les cinq éléments majeurs intrinsèque à coordonner et manager pour optimiser le projet de formation. Pour réussir notre système Academy doit être en connexion permanente avec le secteur de la direction sportive, notamment avec Vincent Ponsot (directeur général du football), et avec avec le secteur pro, pour tout ce qui concerne la post formation et l’accès de nos jeunes à l’équipe professionnelle. Ce sont deux éléments majeurs pour la réussite du plan de formation et l’accès au haut niveau des joueurs et joueuses. Mon rôle est d’être un garant de la pérennité du patrimoine OL de formation, d’être un visionnaire et un catalyseur pour emprunter des chemins vers l’évolution et de manager des personnes, avec leurs forces et leurs fragilités. La coopération des forces, l’intelligence collective de nos staffs, l’auto discipline et l’auto-motivation des personnes sont des facteurs clés de la réussite.

FM : aujourd'hui, comment décririez-vous l'ADN OL ?

J-F.V : l'ADN OL s'est construit avec le temps. Il est en lien avec un territoire, l'agglomération lyonnaise. L'ADN OL correspond à l'histoire de Lyon qui est à la fois une histoire pleine d'ambitions et d'innovations. Le Lyonnais est un esthète, il a une culture du beau et ça se ressent sur le jeu qui doit être à la fois un jeu offensif et spectaculaire. Nous sommes à la croisée de trois éléments, c'est Rémi Garde qui le disait. Le jeu offensif, le jeu spectacle et la formation des jeunes, qui doivent jouer dans cette équipe. Donc lorsque nous avons déterminé ces trois facteurs, nous devons mettre les moyens, amener une garantie de formation qui permet avec la construction de la culture à la fois de l'entraînement et de match qui a été mise en place à la formation depuis 40 ans, notamment par José Broissart, de pouvoir perpétuer dans les années futures notre patrimoine. Il y a l'ADN qui est lié au territoire et à l'équipe professionnelle et ensuite il y a l'ADN qui est lié au club et sa formation. Tout cela doit être connecté et cohérent. Dans l'ADN de la formation, nous devons pouvoir capitaliser sur tout ce qui a été mis en place depuis longtemps en termes d'excellence, de contenu d'entraînement. Nous devons garder cet héritage, tout ce qui a fonctionné et qui fonctionne encore tout en faisant évoluer les éléments qui permettent aux joueurs de continuer à progresser. Ce sont des éléments qui sont liés à l'accompagnement, notamment dans le domaine mental, avec l'appui des domaines technologiques au niveau athlétique et vidéo. Tout cela permet aujourd'hui aux joueurs d'avoir un accompagnement beaucoup plus évolué qu'il a pu être il y a quelques années. Cela est dû à la réflexion et à l'apparition de nouveaux outils, qui ne viennent pas remplacer ce qui a été fait, mais qui permettent d'accompagner de manière un peu plus précise, plus méthodique et individuelle la personnalité et le potentiel de chaque joueur. C'est continuer à capitaliser sur ce qui a été fait par le passé tout en mettant en place sur le terrain des évolutions en termes de management, de pédagogie, de coaching et d'outils qui vont permettre d'aller plus loin vers l'accompagnement des jeunes joueurs vers le plus haut niveau.

FM : en quoi la façon de former un joueur a-t-elle évolué entre il y a une dizaine d'années et 2021?

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J-F.V : ça n'a pas forcément évolué sur le terrain. Nous continuons d'appliquer la méthode OL sur le terrain qui est basée sur la discipline, le jeu, la technicité, la créativité et l’intensité On l'a fait évoluer en étant un peu plus précis au niveau de l'évolution du jeune dans son parcours de formation. C'est surtout dans la partie accompagnement que ça a beaucoup évolué. La partie mentale, la vidéo, l'aspect technologique, le travail individualisé, en associant à la fois l'empirisme, car il faut garder ce côté empirique, ce qui a bien fonctionné pendant des années avec les personnes qui sont passées ou qui sont encore là, et le côté théorique ou expérimental pour pouvoir continuer à évoluer. L'équilibre c'est vraiment de garder ce qui a été très bien fait en matière de culture d'entraînement et d’associer les pratiques un peu plus nouvelles dans la capacité à associer une meilleur connaissance des profils des jeunes sur le plan mental, moteur et capacité d’apprentissage, un modèle basé sur le jeu avec du travail de développement athlétique et technique compensatoire. Développer le joueur dans le jeu en combinant le potentiel cognitif, technique et athlétique sous forme intégrée et dissocié. Donc il y a un équilibre à trouver en termes de programmation des entraînements, d'accompagnement du joueur en tenant compte des spécificités des catégories.

Gérer un marché des jeunes de plus en plus concurrentiel

FM : beaucoup d'autres points ont évolué aujourd'hui, par exemple la gestion des réseaux sociaux, la place de l'entourage mais aussi le marché des jeunes joueurs. Comment faire justement pour éviter la fuite de vos talents ?

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J-F.V : il faut que le jeune aime porter le maillot de l'OL. Ce dont on s'aperçoit, c'est que les joueurs qui sont arrivés jeunes à l'OL, au sein de l'école de foot, à la pré-formation ou ceux qui font des tournois avec nous, ont vraiment le coeur lyonnais. Ils ont envie de porter ce maillot au Groupama Stadium. Ils aiment ce club car c'est celui où ils ont grandi pour la plupart. Par contre, sur les tops joueurs, il peut y avoir effectivement des sollicitations externes dues à certains clubs, français ou étrangers, qui veulent prendre les meilleurs joueurs en France. Mais c'est aussi dû au nouveau modèle de beaucoup d'agents qui mettent en concurrence les clubs pour des joueurs, surtout pour des aspects contractuels. Lorsque nous avons un agent et une famille qui mettent en phase les projets sportifs et éducatifs en avant par rapport à un projet contractuel, nous avons des réussites. La réussite passe par cette tripartie entre le club, la famille et l'environnement du joueur qui font que quand il y a une osmose et une harmonie dans les discussions, la garantie des étapes d'apprentissage et la construction étape par étape du projet, on s'aperçoit qu'il y a une réussite du joueur. Cela peut être à l'OL, car à un moment donné il a le potentiel pour réussir à l'OL, ou cela peut être ailleurs, car à un moment donné le joueur n'a pas le potentiel pour réussir à l'OL, auquel cas nous sommes favorables pour orienter le joueur sur un autre projet afin qu'il soit dans les meilleures conditions et qu'il ait un temps jeu nécessaire pour devenir joueur professionnel. Notre mission est de former des jeunes à un métier de footballeur professionnel. On sait qu'il y en a très peu qui réussiront. On souhaite qu'ils soient formés à ce métier dans notre club et qu'ils jouent à l'Olympique Lyonnais. Après il y a un certain nombre qui ne peuvent pas et qui seront orientés vers d'autres clubs. Mais vraiment, Lorsque nous avons une cohérence et une harmonie dans les discussions et les actes, nous avons plus de chance de succès.

FM : évaluer le potentiel et le talent de ces jeunes est toutefois très difficile....

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J-F.V : parfois, il y a des écarts dans l'évaluation du joueur. C'est ce qui est le plus difficile en football. Le fait d'évaluer un joueur que nous souhaitons recruter est complexe. Nous ne connaissons pas les capacités d'apprentissage du joueur. Il faut l'avoir avec nous pendant un ou deux ans pour voir son évolution. Il y a parfois des retards de maturité, des capacités physiologiques et psychologiques pour certains joueurs qui se développent plus tard. Donc il faut être patient. C'est pour cette raison que lorsque vous travailliez l'humain, de manière très subjective, nous pouvons avoir des écarts d'évaluation avec la famille ou l'agent. Lorsqu'il y a des écarts qui sont trop importants, il peut y avoir une rupture. Mais globalement, lorsqu'il y a une vision cohérente, nous constatons que nous allons souvent au bout de projets à l'OL. En tout cas, nous avons beaucoup plus de chances de réussir quand nous nous associons, lorsque nous mettons le jeune au coeur du projet sportif et éducatif, que lorsque nous sommes sur des débats uniquement des projets contractuels en oubliant que le jeune reste un jeune avec toutes ses forces et ses fragilités d’adolescent. Personne n'a la certitude qu'il sortira à un niveau professionnel, L1, L2, Champions League. Nous pouvons avoir des convictions, mais très peu de certitudes.

FM : Lyon a justement connu de belles réussites avec plusieurs joueurs formés ici comme Karim Benzema, Alexandre Lacazette ou encore Corentin Tolisso. J'imagine que c'est une fierté pour le club, mais aussi un exemple à suivre pour tous les jeunes que vous avez au centre.

J-F.V : oui, c'est pour ça aussi que je pense que beaucoup de jeunes se reconnaissent. Nous avons des générations qui se suivent. Nous ne sortons pas forcément des tops joueurs sur chaque génération. Sur deux ou trois générations, on arrive à sortir un ou deux tops joueurs. Finalement, les jeunes qui sont à l'académie ont connu ces joueurs donc il y a une forme d'identification. Comme les Lyonnais sont fiers de jouer dans leur club, les jeunes Lyonnais, qui sont professionnels à l'OL ou qui sont maintenant dans d'autres clubs, parlent souvent de leur étape ici et de leur club de coeur. Il y a également une identification aujourd'hui via les réseaux par nos jeunes. C'est une force que l'on doit mettre en avant, cette filiation qu'il y a au sein de notre club. Nous avons assez régulièrement des tops joueurs qui sont capables de jouer dans des équipes premières. C'est une attente des fans et de l'académie. C'est dans notre culture.

FM : n'y a-t-il pas parfois des regrets d'en avoir laissé filer certains, qui percent finalement ailleurs, ou est-ce que malgré tout vous vous dites que vous avez fait le boulot et qu'il représente un peu aussi l'OL en étant ailleurs ?

J-F.V: oui, c'est exactement ça. II faut être honnête, parfois, nous pouvons avoir un sentiment de frustration. Il ne faut pas regretter, car à un moment donné, chacun fait son chemin. Quand ils sortent ailleurs, on se dit que finalement on a plutôt bien travaillé et qu'ils représentent l'OL dans un autre club. Mais en tout cas, ils savent par où ils sont passés. C'est ça qui est important. Donc oui il peut y avoir un petit sentiment de frustration à un moment donné, mais on se recentre sur le job. Il y en a qui ont cette opportunité de passer à l'OL et d'autres peut-être pas à un moment donné. Il faut le prendre de façon très factuelle. Nous n’avons pas le temps de rester sur ce point. Par contre, il faut toujours comprendre quelles sont les raisons du départ de jeunes qui auraient pu s’installer à moyen terme au sein de notre équipe professionnelle. Cela nous appartient dans la cohérence, secteur Pro, secteur Academy et Direction.

L'excellence au quotidien

FM : ces dernières années, l'OL a régulièrement été en tête ou sur le podium du classement des centres de formation français. L'an dernier, le club était troisième. J'imagine que c'est l'un de vos objectifs de maintenir ce niveau et viser la première place.

J-F.V : l'objectif est d'être premier. Mais l'objectif est surtout d'être dans l'excellence tous les jours. Si nous sommes dans l'excellence tous les jours, il est probable de se rapprocher de cette première place. Il faut avoir une vision au-delà de la première place ou d'un classement. Il faut avoir une vision sur l'excellence, ce qu'on peut amener tous les jours avec l'ensemble de l'encadrement et avec notre direction. Que ce soit du scouting, car on dépend beaucoup de la qualité de notre scouting, et ensuite de la formation interne pour amener nos joueurs vers le plus haut niveau. Je pense que notre vision c'est celle-ci, c'est l'excellence. Ce n'est pas une vision de classement. Ce qui est important, c'est de penser à l'excellence tous les jours et qu'on se dise : "que peut-on faire aujourd'hui pour continuer à bien former ?" Ce qu'il ne faut jamais oublier, c'est le capital OL qu'il faut conserver et protéger, tout en œuvrant pour mettre en place une méthodologie qui peut permettre à nos jeunes d'avancer. C'est pour cette raison que nous avons créé depuis deux ans une cellule méthodologie qui oriente les travaux et protège l'ADN OL et l'héritage du club, à la fois dans la culture d'entraînement et la culture de jeu qu'on doit transmettre aux jeunes et aux futurs
encadrants. Il faut que tout se coordonne pour que dans nos réflexions quotidiennes, hebdomadaires ou mensuelles, nous puissions mettre en place le meilleur contexte pour que le jeune continue à évoluer. C'est aussi mon rôle d'être garant de cette continuité et cohérence. Nous ne pouvons pas tout le temps expérimenter et faire de nouvelles choses. C'est dangereux. Il faut capitaliser sur notre coeur de métier, la formation. Nous mettons en place des hypothèses expérimentales sur une ou deux catégories plus jeunes pour voir si cette expérimentation peut fonctionner et peut amener une valeur ajoutée à notre héritage en matière de formation. C'est là tout l'enjeu.

FM : vous vivez une saison particulière à l'Academy avec la crise liée à la covid-19. Comment vous organisez-vous avec les différentes catégories jeunes ? Quelles sont les mesures mises en place ?

J-F.V : on a eu la chance via notre fédération et notre ministère de pouvoir continuer à pratiquer, donc à s'entraîner et à faire quelques matches de compétition contre d'autres centres de formation. On va dire qu'on est arrivé à passer cette saison, même si je pense qu'il y aura des répercussions sur la formation. Lorsque nous ne pouvons pas jouer une saison en compétition, c'est difficile car la compétition est majeure. C'est notamment le cas pour la réserve qui joue dans un championnat d'adultes et nous avons joué peu de matches contre des adultes cette saison. Donc il y aura des répercussions. Aujourd'hui, c'est comme cela. Nous avons tenté de mettre en place des outils pour maintenir un niveau de compétition, le niveau d'engagement des joueurs à l'entraînement et faire quelques matches. Maintenant, c'est comme ça et il faut avancer.

FM : en mars 2020, le centre de formation avait dû fermer ses portes. Ce vécu vous a-t-il justement aidé à mieux gérer cette saison ?

J-F.V : oui, mais c'est un peu comme tout le monde je pense. Nous avons appris au fur et à mesure de l'épidémie. Nous avons appris à mieux anticiper les gestes barrières, les tests PCR, les isolements, à être plus exigeants, à gérer la scolarité à distance. Nous avons anticipé pour mieux gérer nos salles, les vestiaires pour éviter par exemple d'avoir 25 joueurs dans la salle de musculation en même temps. Ce sont différentes choses que nous avons mieux anticipées à partir des mois de juillet et août 2020, lorsque nous avons repris l'activité. Nous avions vraiment une volonté d'éviter de refermer notre académie et de pouvoir permettre à nos jeunes de pouvoir continuer leur activité. Nous avons eu des cas de covid, comme dans tous les centres de formation. Mais nous avons eu la chance d'être épargnés sur la durée. Nous avons eu quelques cas par semaine en évitant des cluster. C'était important donc nous avons pu éviter de fermer. Comme pour tout le monde, cela a été une période compliquée à vivre. Il faut relativiser, nous avons la chance d'être en bonne santé et de pratiquer le football dans un bon contexte et dans un grand club. Nous sommes des privilégiés donc il faut prendre les choses du très bon côté et être positifs en espérant que nous puissions reprendre une activité normale la saison prochaine. Il faut vraiment relativiser.

FM : vous en avez parlé brièvement avant, mais cette saison les joueurs prennent du retard. Est-il possible de rattraper cela ?

J-F.V : c'est un peu l'inconnue. Je prends l'exemple de joueurs qui, pendant leur formation, ont été blessés pendant un an. Il y a souvent des joueurs qui se font les croisés ou qui ont des pathologies de croissance. Ils ne jouent pas pendant une année. Nous avons a eu des éléments qui ont été sur le flanc longtemps comme Corentin Tolisso, Rayan Cherki, Maxime Gonalons lors de leur formation. Amine Gouiri aussi qui s'était fait les croisés récemment. Finalement, j’utilise souvent l'exemple d’indisponibilité longue lorsque l’on me dit qu’il va y avoir des répercussions, ils ont perdu un an. C'est arrivé à certains qui ont été absents huit mois voire un an et qui ont fini par être champion du monde, gagner une Ligue des Champions ou devenir professionnels. C'est sûr que sur le court terme, il peut y avoir un peu de retard. Mais je me dis qu'à moyen terme, ils vont rattraper le retard.

Une équipe pro 100% un jour ?

FM : quel regard portez-vous sur l'année de la réserve ?

J-F.V : c'est à mon avis l'équipe qui est peut-être la plus impactée par le manque de matches d'adultes. La N2 est championnat exigeant pour les plus jeunes. Nous avons une moyenne d'âge de 18 ans 1/2. Souvent, ce sont des jeunes qui sont en fin de parcours de formation. Parfois, certains sont en fin de contrat et peuvent être vus soit par notre staff pro, soit par d'autres clubs. Nous avons a eu la chance que certains puissent intégrer le groupe pro assez rapidement en début de saison. Avec la covid, le groupe pro a été assez cloisonné. Certains jeunes s'entraînent avec eux et pour les autres, le staff N2 fait en sorte de pouvoir continuer leur développement technique, cognitif, athlétique, etc.... Nous avons fait neuf matches de championnat en début de saison et depuis janvier nous avons pu jouer contre des centres de formation et puis contre des adultes, notamment des équipes encore en Coupe de France et des équipes de National. Nous avons un peu compenser. Nous avons a réalisé des périodes de développement un peu plus longues que d'habitude, car avec 30 matches dans la saison plus les matches de Youth League habituellement, vous avez des périodes un peu plus contraignantes. Cette saison, nous avons a eu une flexibilité dans l'organisation de notre programme et par conséquence le staff N2 a expérimenté d'autres modèles de développement ce qui a été vraiment intéressant. Nous pouvons résumer que le fait qu'il n'y ait pas de match a été dommageable, mais que nous avons a réussi à compenser en combinant un travail de développement majeur et quelques amicaux contre des adultes et centre de formation. Ce n'est pas l'idéal, mais le staff N2 a saisi l'opportunité de travailler différemment.

FM : certains jeunes issus de la formation se font petit à petit une place dans le groupe professionnel à l'image de Maxence Caqueret, Rayan Cherki ou Melvin Bard. Là encore, c'est un bon message envoyé à l'académie et aux jeunes.

J-F.V : toute l'académie est fière. A chaque fois qu'un jeune entre en jeu, c'est une fierté pour nous et tous les fans de l'OL. On sait qu'il n'y a pas d'états d'âme. Quand ils sont au-dessus et qu'ils jouent, c'est qu'ils ont montré qu'ils étaient performants et qu'ils pouvaient apporter une valeur ajoutée en match. Dans notre culture à l'OL, sur certains matches, c'est bien de pouvoir lancer des jeunes quand les conditions le permettent. Quand on voit ces jeunes, soit s'entraîner avec le groupe pro ou commencer à jouer avec, c'est une satisfaction par rapport à notre travail. On pense aussi à ceux qui ne sont pas à l'OL, partis à l’inter saison, et qui jouent comme Amine Gouiri, Pierre Kalulu. C'est une satisfaction d'avoir pu permettre à tous d'atteindre un niveau professionnel et surtout de démarrer leur carrière professionnelle. Ce que nous oublions c'est que c'est très dur de s'imposer à 20 ans dans une équipe de haut de tableau de L1. Un jeune de 18-20 ans ne sera pas le même quand il aura joué une cinquantaine de matches. L'expérience, le fait d'engranger du temps de jeu est très important. Quand à un moment donné on ne peut pas avoir du temps de jeu à l'OL, car il y a beaucoup de joueurs sur un même poste, il y a une stratégie qui peut être une stratégie de prêt pour leur permettre d'avoir de l'expérience et devenir une Valeur ajoutée en 22, 23 ans à l’OL. Nous ne pouvons pas empêcher la précocité physique des jeunes sauf qu’il faut comprendre qu’un garçon de 17 ans qui a une maturité physique d’un joueur professionnel mature n’a pas forcément la même maturité sur le plan psychologique et qu’il reste un adolescent dans un monde d’adulte. La nature fait bien les choses et parfois il faut être patient dans la capacité de performance. Ensuite, il faut que le jeune emmagasine du temps de jeu entre 19 et 21 ans. C'est hyper important. Aujourd'hui, je pense que c'est un axe majeur en termes de développement et de priorité pour que nos jeunes, qui sont de plus en plus précoces, puissent à un moment donné accéder au très haut niveau et avoir du temps de jeu. Et on sait qu'à l'OL cela peut être complexe.

FM : le club a aussi profité de ces derniers mois pour faire signer pas mal de contrats aspirants ou professionnels, comme pour notamment Florent Da Silva. Là aussi, ce sont de bonnes nouvelles.

J-F.V : ce sont des jeunes que l'on suit depuis très longtemps. Ils aiment le club donc c'est intéressant que la direction réussisse à trouver des compromis et des deals pour signer nos jeunes joueurs pros et à potentiel. Mais la deuxième phase, c'est qu'il faut que le joueur joue, gratte du temps de jeu et qu'on ait un début de plan de post formation, un début de plan de carrière qui lui permet à 21, 22 ou 23 ans de pouvoir amener de la valeur ajoutée au groupe pro. Certains peuvent l'amener à 20 ans, d'autres après. Nous citons souvent Benzema ou des joueurs très précoces. Mais ils sont une minorité par rapport à ce que font les joueurs en général. Ils s'installent dans les clubs vers 20-21 ans, pas à 17-18 ans. Le joueur continue à progresser et il faut être patient. La maturité arrive avec le temps. Souvent, le joueur et l’entourage veulent aller trop vite. C'est un peu le souci générationnel et des réseaux sociaux, de l'image. On pense que parce qu'on est dans le groupe pro et qu'on entre en jeu, on est prêt à jouer un match. Le plan de carrière se construit étape par étape. C'est comme pour la formation. Il faut réfléchir en harmonie avec la direction du club et ceux qui s'occupent des pros pour savoir ce que nous mettons en place pour que le joueur arrive à maturité et apporte une valeur ajoutée à l'équipe. C'est ça qui est majeur, ce n'est pas uniquement de signer son contrat.

FM : c'est peut-être utopique dans le football moderne, mais pensez-vous que l'on puisse voir un jour un OL 100% composé de joueurs formés au club ?

J-F.V : je pense qu'il faut être utopique pour réussir à faire cela (sourire). À un moment donné, il faut être utopique, c'est la meilleure façon de réussir de toute façon. J'adorerais voir un OL avec des joueurs 100% formés au club et nous serions tous fiers. Je pense qu'il faut aller vers l'utopie et le réaliser. Mais pas le faire pour faire plaisir. Il faut le faire pour gagner des titres. Il faut avoir l'ambition de remporter des trophées et mettre le plus de jeunes possible dans notre équipe pro. Nous avons de très bons joueurs, un potentiel intéressant dans un club de grandes valeurs. Il existe vraiment une synergie entre les jeunes qui sont à l'académie et qui ont ce rêve de jouer avec les pros. À eux de construire leur parcours et réussir ici !

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