La reconversion ratée des légendes britanniques
Parmi les membres de la génération dorée anglaise des années 2000, une demi-douzaine a entamé une reconversion d’entraîneur ces dernières années. Avec pour la plupart des débuts de carrières marqués par les échecs.
Maradona, Platini, Beckenbauer, Matthäus… Une carrière de grand joueur n’est pas un argument d’autorité au moment d’en entamer une comme entraîneur, et encore plus en Angleterre. Outre certains emblématiques champions du monde 1966 comme Bobby Charlton, Bobby Moore ou encore Gordon Banks, aux parcours assez relatifs sur des bancs, leurs héritiers plus contemporains peinent également à se faire une place sur le marché des entraîneur. Parmi les membres de la génération dorée des années 2000, incarnée par David Beckham - qui a lui opté pour une carrière de dirigeant à l’Inter Miami -, on en retrouve aujourd’hui une demi-douzaine éparpillée. D’autres, attendent désespérément un appel pour se relancer après des aventures infructueuses. Le marché est ce qu’il est : très peu de places pour beaucoup de candidats, ce qu’avait d’ailleurs rappelé Willy Sagnol, sélectionneur de la Géorgie, sur notre site internet ces dernières semaines :
«Aujourd’hui, on a beaucoup de supers entraîneurs pétris de qualité, et le marché est super concurrentiel. Quand vous êtes Pep Guardiola, vous pouvez avoir des exigences. Quand vous êtes Sagnol, vous en avez beaucoup moins.»Frank Lampard ne dira pas le contraire. Si sa légitimé en tant que joueur lui a permis de se frayer un chemin en Championship en 2018, à Derby County – sa seule réussite comme entraîneur jusqu’à aujourd’hui -, la légende des Blues a ensuite ramé contre vents et marées. Affichant la pire moyenne de points en championnat d’un entraîneur de l’ère Abramovitch lors de son premier passage à Chelsea (1,67 par match), Lampard avait été remercié par le club en janvier 2021, après 18 mois de fonction. Une expérience d’un an s’en était suivie sur le banc d’Everton, mais faute de résultats (Everton était 19e), l’Anglais avait été le premier fusible à sauter au club. Son retour en pompier de service pour remplacer Graham Potter en avril chez les Blues s’était également avéré inopérant. Ces dernières semaines, le journal local Portsmouth News évoquait la possibilité de voir Lampard débarquer sur le banc d’Oxford United… En troisième division anglaise.
Wayne Rooney au creux de la vague, Steven Gerrard en perte de vitesse
Dans des proportions équivalentes, Wayne Rooney bat également de l’aile sur son début de carrière d’entraîneur. Nommé à la tête de Derby County après le limogeage de Phillip Cocu en 2020, l’Anglais avait connu une première expérience contrastée (23 victoires, 21 nuls, 34 défaites), avant de quitter le club sur fond de tensions avec sa direction. Son passage à DC United, qu’il n’aura pas réussi à mener en play-offs de MLS la saison dernière, ne fut d’ailleurs pas non plus placé sous le signe de la réussite. Mais depuis octobre, c’est désormais sur le banc de Birmingham qu’il officie, où il vient d’ailleurs de décrocher son premier succès après 6 matches. Le succès, c’est ce qui commence à manquer à Steven Gerrard. Intronisé à la tête du club saoudien d’Al Ettifaq cet été, « Stevie G » avait pourtant connu des débuts convaincants, ponctués par 5 victoires sur ses 7 premiers matches. Mais depuis quelques semaines, un essoufflement semble se dessiner dans son groupe. Eliminée de la King Cup par le Al-Nassr de Cristiano Ronaldo, sa formation est aujourd’hui engluée dans une série de trois matches sans succès. À l’évidence, il en faudra plus pour convaincre des patrons de Premier League de le rapatrier, d’autant que son passage à Aston Villa, conclu par un renvoi en 2022, ne parle pas pour lui.
Ils pointent le bout de leur nez
Moins pressé que ses camarades, John Terry s’est lui orienté vers des postes d’adjoint pour se faire les griffes. Relais de Dean Smith à Aston Villa entre 2018 et 2021, l’ancien capitaine des Blues l’a également suivi à Leicester lors de sa mission commando loupée la saison dernière. Après une brève expérience comme consultant de l’académie de Chelsea en 2022, Terry a reposé ses valises à Londres cet été, cette fois pour intégrer le staff chargé de former les jeunes du club. Mais parmi tous ces noms prestigieux, la plus grande réussite est sûrement à mettre au crédit de Michael Carrick. Nommé au pied levé pour remplacer Ole Gunnar Solskjær à Manchester United en 2021, l’Anglais a dirigé trois matches (2 victoires, 1 nul) avant de partir. Depuis, c’est du côté de Middlesbrough, en Championship, qu’il se bâtit pied à pied une réputation. Débarqué sur les bords de la rive de la mer du Nord en octobre 2022, l’ancien joueur de Manchester United aurait pu créer l’exploit en expédiant son club en Premier League dès sa première saison. Quatrième du championnat à l’issue de la saison régulière, Boro a plié dès les demi-finales de play-off face à Coventry (0-0, 0-1).
Plus oubliable que ses camarades de sélection (1 cape avec les Three Lions) et assez éloigné du statut de légende, Joey Barton mène toutefois une carrière d’entraîneur, assez quelconque pour le moment. Le sulfureux milieu de terrain anglais, retraité depuis 2017, a en effet connu deux expériences en League One (D3 anglaise) depuis 2018. La première à Fleetwood, ancien club d’un certain Jamie Vardy, où sa 10e place en championnat aura eu raison de lui en janvier 2021. L’autre à Bristol Rovers, qui l’a renvoyé le mois dernier seulement quelques jours après son altercation avec Steve Evans, l’entraîneur de Stevenage, à qui il avait rappelé qu’il était assez loin de son poids de forme.
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