Le FC Bâle, un géant suisse à la dérive
Deuxième club le plus titré de Suisse, le FC Bâle pointe actuellement à la dernière place de Super League (D1 suisse) alors qu’il disputait au printemps dernier une demi-finale de Coupe d’Europe. Longtemps considérée comme l’équipe à battre dans son pays, la formation bâloise ne fait plus peur à personne et préoccupe…
Exit l’Olympique Lyonnais qui n’en finit plus de décevoir en Ligue 1 ou l’Ajax Amsterdam dont le début de saison catastrophique a longtemps fait grincer des dents aux Pays-Bas, un autre club européen historique est à l’agonie : le FC Bâle. Vingt fois championne de Suisse, deuxième équipe la plus titrée derrière le Grasshopper Zurich, la formation bâloise qui a été sacrée huit fois de suite entre 2010 et 2017 ne rayonne plus. Détrôné par les Young Boys de Berne et confronté au retour au premier plan du FC Zurich ainsi que du Servette de Genève, le club rhénan n’est plus considéré comme un favori dans son pays.
Quand le spectre de la relégation menace le FC Bâle…
Cette baisse de régime depuis le dernier titre glané en 2017 s’est parfaitement traduite l’année dernière. Faisant preuve d’une certaine irrégularité dans les résultats, le FC Bâle a terminé la saison à une décevante cinquième place. Mais en dépit d’un calendrier allégé, les Rotblau traversent l’une des crises les plus sérieuses de leur histoire, et ce, depuis l’introduction de la Super League (D1 suisse), il y a 20 ans. Avec seulement 2 victoires en 13 journées, le club rhénan stagne à la dernière place au classement. Sa situation est d’autant plus préoccupante dans la mesure où la formation bâloise a essuyé quatre défaites consécutives en championnat au cours du mois d’octobre. Sans jamais parvenir à faire trembler les filets adverses pendant près d’un mois, le FCB s’est contenté d’essuyer les revers dont un cinglant face au néo-promu, le Stade Lausanne Ouchy (3-0), le 1er octobre, provoquant la colère et le désarroi des fans rhénans.
Bis repetita 8 jours plus tard contre les Young Boys de Berne. En déplacement sur la pelouse du Wandkorf, le FC Bâle a été giflé par le champion de Suisse en titre sur le score net et sans bavure de trois à zéro. Ce n’est qu’au lendemain de cette nouvelle humiliation que le président de la formation helvète, David Degen, a reconnu que la situation était plus qu’alarmante. «Différents éléments nous ont conduit dans cette situation. Nous sommes engagés dans la lutte contre la relégation. Il faut accepter la situation et y faire face. Cela implique de changer de mentalité. Désormais, il n’est plus question de parler de beau football ou de jeu attractif. Les objectifs ont changé et le succès passe par l’engagement, la volonté de travailler et de croire en nous, la capacité de rester positif. Dans notre situation, tout reste possible. On doit s’unir pour sortir de cette situation au plus vite. Et ce sera possible qu’au prix d’un travail acharné», a exprimé l’ex-international suisse (17 sélections) à blue Sports.
La fuite des cadres, unique symbole de l’échec bâlois ?
Mais alors, comment le FC Bâle peut-il se retrouver à flirter avec la zone de relégation ? En tout état de cause, le mal est profond à St Jakob Park. Comme c’est le cas depuis plusieurs saisons, les Bâlois ont perdu de nombreux majeurs joueurs à l’intersaison. Considéré comme l’un des principaux artisans du très bon parcours du FC Bâle en Ligue Europa Conférence la saison dernière, Zeki Amdouni a pris la poudre d’escampette lors du mercato estival. Dans les petits papiers de Burnley, fraîchement promu dans l’élite anglaise, le néo-international suisse a été transféré outre-Manche contre un chèque avoisinant les 18 millions d’euros. Même son de cloche pour Andi Zeqiri et Dan Ndoye. Le premier a rejoint Genk au sortir d’une saison ponctuée par 18 buts en 50 matchs toutes compétitions confondues tandis que le second a forcé le FC Bologne a cassé sa tirelire pour s’attacher ses services après avoir crevé l’écran avec les Rotblau. Et que dire d’Andy Diouf. Prêté avec option d’achat par le Stade Rennais au FC Bâle, le jeune joueur de 19 est devenu un joueur incontournable du club suisse avant de revenir en France et signer à Lens.
Sur les 50 millions récupérés, le FC Bâle n’en a investi que 22 pour recruter des jeunes joueurs, à l’image de Juan Gauto, Renato Veiga ou Gabriel Sigua, qui n’ont pas encore l’impact attendu. En outre, ils éprouvent toutes les peines du monde à faire oublier leurs prédécesseurs. Et pour cause, le club rhénan est en panne sèche devant. Avec 16 buts inscrits depuis le début de saison, Bâle dispose de l’une des plus mauvaises attaques du championnat et son meilleur buteur après 13 journées n’est autre que Fabian Frei. Le joueur le plus capé de l’histoire du club (516 participations) compte 3 réalisations à son actif alors qu’il évolue au poste de milieu défensif. Cette incapacité à relancer la machine est interprété en Suisse comme l’une des conséquences de la politique imposé par les dirigeants bâlois depuis quelques années. Basée sur le «trading» de joueurs pour reprendre les propos du média local Le Matin, celle-ci consiste à valoriser de jeunes pépites pour mieux les revendre par la suite. Elle doit surtout répondre au besoin du FC Bâle de renflouer ses caisses et éponger un déficit estimé à plusieurs millions de francs suisses.
Une valse à 4 temps, c’est beaucoup plus troublant…
À force de connaître différentes mutations, l’effectif du FC Bâle a fini par perdre pied. Et quand les résultats ne suivent pas, c’est généralement l’entraîneur qui est pointé du doigt. Ainsi, le début de saison catastrophique du FCB s’explique aussi par une certaine instabilité sur le banc bâlois qui ne date pas d’hier. En l’espace d’un an, pas moins de quatre entraîneurs se sont succédé à la tête des Rotblau. Intronisé en mai dernier, Timo Schultz avait réussi à s’attirer les sympathies outre-Rhin - malgré une fin d’aventure plus que délicate avec Sankt-Pauli en deuxième division allemande - avant de poser ses valises au nord-ouest de la Suisse. Sous la houlette du technicien allemand, les Bâlois sont passés à côté de leur début de saison avec pour point d’orgue une élimination précoce lors du 2e tour préliminaire de la Ligue Europa Conference contre la modeste équipe du FK Tobol. Défait 3-1 à l’aller, les Suisses n’ont pas réussi à combler leur retard au retour contre les Kazakhs malgré un succès à l’arraché (2-1) et sont sortis par la petite porte après avoir atteint le dernier carré de la C4, la saison passée.
Payant les mauvais résultats de son équipe, Timo Schultz a été remercié le 29 septembre par le FC Bâle qui a aussitôt fait appel à Heiko Vogel. L’ancien directeur technique du géant suisse avait déjà assuré l’intérim entre février et mai 2023 suite au licenciement d’Alexander Frei (faute de résultats favorables, l’ancienne gloire du football suisse aura officié moins d’un an à Bâle) avant d’être réaffecté à son ancienne fonction. Mais sous son second mandat, le miracle n’a pas opéré et pour cause, il ne sera resté que 32 jours à la tête du club rhénan avant d’être remplacé par Fabio Celestini. Une opportunité impossible à décliner pour le coach passé par le FC Sion et le Lausanne Sport. «On ne peut pas dire non à Bâle. C’est un club spécial avec les fans. Il y a un engouement incroyable autour de ce club qui est le plus important en Suisse. Le plus important est de faire partie de cette famille pour les aider. Aujourd’hui, on a la possibilité pour changer de dynamique mais le temps joue contre nous. On accuse beaucoup de points de retard. Cette équipe peut bien jouer, peut gagner. Le problème, c’est qu’on a besoin absolument des trois points donc il va falloir réussir à jongler avec ces données», a exprimé l’ex-footballeur passé par Troyes et Marseille dans les années 2000 en marge de sa présentation, des propos rapportés par Radio Télévision Suisse.
Opposé à Yverdon (2-1), le technicien de 48 ans a soigné son entrée en matière puisque son équipe s’est imposée pour la première fois depuis le 30 juillet dernier grâce à des réalisations de Mohamed Dräger et de la nouvelle recrue Gabriel Sigua. Une joie de courte durée car une semaine plus tard, les Rotblau ont bu le calice jusqu’à la lie face au Servette de Genève, retombant ainsi dans leurs travers. Rapidement réduites en infériorité numérique, les ouailles de Fabio Celestini ont été dominées de la tête et des épaules par leurs adversaires (4-1), avant la fenêtre internationale du mois de novembre. Mais comme dit le proverbe, Rome ne s’est pas construite en un jour et en Suisse, les observateurs prétendent que le salut du FC Bâle dans l’élite dépendra de la confiance accordée à Fabio Celestini pour mener à bien sa mission : sauver le club d’une issue qui serait terrible pour les supporters bâlois ainsi que pour le football helvétique. Toujours en course en Coupe de Suisse, le FC Bâle a son destin entre ses mains en championnat et tentera de casser cette spirale négative à l’occasion de la réception de St.Gallen, dimanche (16h30), pour le compte de la 15e journée de Super League.
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